Petites centrales hydroélectriques : généralités

Article récapitulatif sur l’hydroélectricité, qui propose pour finir un annuaire de liens vers une trentaines de documents, en libre téléchargement sur le portail du Riaed.

A la différence des grands barrages hydroélectriques, les « petites centrales hydroélectriques » sont des aménagements simples (souvent « au fil de l’eau ») qui produisent de l’électricité à petite échelle et ont peu d’impact sur l’environnement.

Cette électricité peut être utilisée pour alimenter des sites isolés (quelques habitations, des ateliers…) ou revendue à un réseau public de distribution. Lorsque la ressource hydraulique est disponible, il s’agit d’une solution de choix pour l’électrification des zones rurales des PVDs.

Qu’est-ce qu’une petite centrale hydraulique ?

Puissance :

En général, on parle de « petite hydroélectricité » pour les centrales dont la puissance est inférieure à 10MW.

Les petites centrales sont elles-mêmes divisées en plusieurs catégories dont la définition n’est pas établie de manière arrêtée. Ces catégories sont pourtant importantes puisque, suivant la puissance, les caractéristiques techniques, institutionnels, opérationnels et financières des aménagements sont très différentes. Voici, ci-dessous, une catégorisation qui est communément admise :

Catégorie Puissance installée Caractéristiques
Hydraulique artisanale Roues à eau. Utilisation de la force mécanique
Pré-électrification < 1 kW Charge de batteries avec une installation « dynamo » (courant continu) sur roue à eau
« Kits » hydro-domestiques 50 Watt – 2 kW appareils compacts « prêts à brancher ». Installation simple réalisable par l’utilisateur
Pico-centrales (1) 2 – 50 kW Approche technique et planification simplifiées : les rendements sont moyens
Micro-centrales 50 – 500 kW Approche technique et planification simplifiées : les rendements sont moyens
« Petites centrales » 500 kW – 10 MW Niveau technique international

Remarques :

  • Certaines instances internationales mettent la limite des micro-centrales à 300 kW, d’autres à 1 MW ;
  • Certaines sources définissent des « mini-centrales » entre 500 kW et 2’000 kW ;
  • Aux États-Unis on parle de « Petite Hydraulique » jusqu’à 30 MW.

Types d’ouvrages

Contrairement aux aménagements de grande taille, les petites centrales hydrauliques ne possèdent en général pas de retenues d’eau importantes permettant de faire de la production de pointe.

Dans la plupart des cas, le barrage a pour unique fonction de garantir le niveau d’eau constant nécessaire au fonctionnement de la prise d’eau. Si quelques capacités de marnage existent, elles n’excèdent pas quelques heures de fonctionnement.

Les petites centrales classiques sont par conséquent, dans leur majorité, des ouvrages au fil de l’eau, ce qui les rend particulièrement tributaires du régime hydrologique de la rivière sur laquelle elles se trouvent.

Les éléments d’une petite centrale

La figure suivante présente un petit aménagement hydroélectrique complet. En réalité, il est assez rare de retrouver l’ensemble de ces éléments sur un seul aménagement.

Schéma général centrale au fil de l'eau

Le barrage

C’est un ouvrage de génie civil enpierres, gabions, béton ou enrochements permettant de créer un seuil sur un cours d’eau garantissant l’alimentation de prise d’eau d’un aménagement hydro-électrique.

Il existe aussi des barrages d’accumulation permettant de stocker de l’eau en prévision d’une demande d’électricité future. Ce type de barrage est cependant très rare en petite hydraulique.



La prise d’eau

Elle capte une partie du débit de la rivière. Il peut s’agir d’un simple canal munie d’une grille (pour filtrer les gros débris) équipée d’un dispositif de nettoyage au fonctionnement automatique, voire d’ouvrages plus techniques et modernes comme la prise d’eau « Coanda ».

La passe à poisson

Il s’agit d’un dispositif de contournement d’un aménagement permettant aux poissons migrateurs de remonter ou descendre le cours d’eau malgrè la présence d’un aménagement hydroélectrique.

Le canal d’amené

Le canal d’amené dirige l’eau vers une zone ou la pente est favorable à l’installation d’une conduite forcée et permet de décaler le local technique et ses installations électromécaniques du cours d’eau.

Ce canal peut être à ciel ouvert, enterré ou être directement une conduite.

Le canal est souvent source de difficultés : ensablement, fuites, effondrement… Certes souvent plus cher, une conduite installée dès la prise d’eau permet d’éviter ces eceuils et finalement de diminuer les coûts.

Le dessableur

L’eau déviée dans le canal par la prise peut transporter des quantités importantes de matière en suspension (boues) et des sédiments (sable, gravier) qui doivent être éliminés, sans quoi, ils combleront le canal et endommageront rapidement les vannes et la turbine.

Le dessableur est un bassin plus large que le canal, qui permet de ralentir l’écoulement et ainsi laisser les particules solides s’y déposer.

En général, une grille fine est disposée en fin de dessableur pour filtrer les dernières particules.

Il doit être nétoyé régulièrement, une vanne doit être prévue en conséquence.

La chambre de mise en charge

C’est un petit bassin qui permet de garantir que la conduite forcée est en tout temps en eau. Elle fonctionne comme tampon entre la prise d’eau et la conduite.

Dans le cas d’une régulation hydromécanique de la turbine,c’est en général sur la chambre de mise en charge que se situera le contrôle de niveau utile à la régulation du débit de la turbine.

La conduite forcée

Réalisée en matière synthétique pour les faibles chutes (PVC ou PEHD) ou en métal pour les hautes pressions, la conduite à pour but d’amener l’eau en écoulement forcé de la chambre de mise en charge à la centrale. En quelque sorte, elle reproduit artificiellement la chute d’eau.

Elle doit faire l’objet d’un dimensionnement particulièrement rigoureux afin d’éviter une perte de charge incompatible avec le turbinage optimal.

La centrale

De taille réduite, la centrale regroupe l’ensemble des équipements électro-mécaniques de l’installation qui sont :

- la vanne de garde :

Placée à l’entrée de la centrale, elle régule le débit dans la turbine et permet de la mettre hors d’eau ;

- la turbine :

Issue des roues à eau, la turbine est un moteur rotatif (pâles) entraîné par la pression de l’eau guidée jusqu’à la turbine par la conduite forcée. Elle transforme la plus grande partie de l’énergie hydraulique en énergie mécanique. Il existe 2 familles de turbines : les turbines à action (Pelton, Cross-flow) et les turbines à réaction (Francis, Kaplan, pompes inversées). Chaque type de turbine adaptés aux différentes exigences des cours d’eau (hauteur de chute et débit) ;

- l’alternateur :

Il convertit l’énergie mécanique fourni par la turbine en énergie électrique. Il peut être synchrone ou asynchrone suivant les cas (centrale isolée ou raccordée au réseau) ;

- les organes de contrôle et de commande de l’installation :

Ces composants électriques sont situés dans une armoire électrique. Essentiellement, il s’agit des interrupteurs, du système de régulation, des compteurs ;

- le transformateur éventuel :

Il permet d’élever la tension de sortie de l’alternateur pour transporter le courant sur le réseau de transport ;

- la connexion au réseau électrique de transport (un transformateur est requis) ou de distribution.

Le canal de fuite ou de restitution

Après son passage dans la turbine, le canal de restitution permet le retour du débit turbiné au cours d’eau.

Les différents types de centrales au fil de l’eau

En réalité, suivant les types de cours d’eau et la puissance que l’on souhaite installer, il existe différents types de centrales qui ne nécessitent par forcément tous les éléments cités ci-dessus :

La centrale basse chute avec canal :

La centrale basse chute en pied de barrage :

La centrale haute chute sans canal :

La centrale haute chute avec canal :

Petite hydroélectricité et environnement

L’énergie hydroélectrique est la première filière de production d’énergie renouvelable à l’échelle mondiale. La petite hydroélectricité est par ailleurs très respectueuse de l’environnement.

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Comment monter un projet de petite hydroélectricité ? L’importance des études

Puisque chaque centrale hydroélectrique est un projet unique et complexe faisant appel à des compétences variées (génie civil, génie mécanique, génie électrique, hydrologie, biologie) et qu’il requiert un investissement initial important, les études d’avant projet doivent être sérieusement menées pour garantir la rentabilité du projet et un impact environnemental minime.

En général un projet de petite hydroélectricité suit les étapes suivantes :

1- Préambule : installation d’une station de mesure régulière du débit et mesure de la hauteur de chute

2- Etude d’Avant projet sommaire (APS) ou de faisabilité
3- Etude d’Avant projet détaillé (APD)

4- Execution

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La petite hydroélectricité pour l’électrification des pays en voie de développement

Lorsque c’est possible, la petite hydroélectricité est une solution de choix pour l’électrification rurale décentralisée des pays en voie de développement.

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Pour en savoir plus, voir :

- Les articles et guides techniques généralistes sur la petite hydro :

> Hydroélectricité et centrales hydroélectriques : généralités ;

> Petites centrales hydroélectriques : guide technique pour la réalisation de projet – ESHA ;

> Guide pratique pour la réalisation de petites centrales hydroélectriques – PACER ;

> Aperçu général sur les petites centrales hydrauliques : aspects économiques et écologiques – DIANE ;

> Petite hydroélectricité et environnement.

- Quelques articles et guides techniques plus spécifiques sur la petite hydroélectricité :

> Petites centrales hydroélectriques : les turbines ;

> Petites centrales hydrauliques : Turbines hydrauliques – Journée de formation pour ingénieurs – PACER ;

> Petites centrales hydroélectriques : générateurs et installations électriques – PACER ;

> Petites centrales hydroélectriques : régulation et sécurité d’exploitation – PACER ;

> La prise d’eau « Coanda » ;

> Poissons et petites centrales hydrauliques : Solutions avantageuses de franchissement pour les poissons et la microfaune aquatique – DIANE ;

> L’eau usée génératrice d’électricité : concept, réalisation, potentiel – DIANE ;

> Petites centrales hydroélectriques sur l’eau potable : documentation technique, 8 exemples en détail – DIANE ;

> L’eau potable génératrice d’électricité : inventaire et étude du potentiel des usines électriques sur l’alimentation en eau potable en Suisse – DIANE.

- Les articles et guides techniques généralistes sur la pico hydro :

> Pico hydro for village power : a practical manual for schemes up to 5kW in hilly areas – The Nottingham Trent University ;

> Pico Power Pack : fabrication and assembly instructions for a pico hydro turbine and generator unit – The Nottingham Trent University ;

> Water for a village business – The Nottingham Trent University ;

> et le site internet The Pico Hydro web site.

- Quelques expériences de projets de pico hydro menés à travers le monde :

> Expériences de projets pico hydro menés par The Nottingham Trent University Micro Hydro Centre au Nepal et au Kenya ;

> Pico-centrales : Les toutes petites centrales à installer soi-même, 8 exemples en détail – DIANE ;

> La pico hydroélectricité pour le développement : l’expérience d’un projet de l’ESMAP en Equateur.

- Les études à mener pour monter un projet de petite hydroélectricité :

> voir l’article général : Petites centrales hydroélectriques : les études à mener, mode d’emploi ;

> le document à télécharger Le choix, le dimensionnement et les essais de réception d’une mini-turbine édité par le programme PACER ;

> le document : Faisabilité de micro-centrales hydroélectriques, cahier des charges édité par l’ADEME ;

> le document :Etude de préfaisabilité sur la petite hydroélectricité : liste des points importants à analyser avant d’installer une petite usine hydroélectrique édité par l’ESHA ;

> Rénover au lieu d’abandonner : Modernisation et remise en service des petites centrales hydrauliques, critères d’évaluation édité par le programme DIANE ;

> l’article : Comment mesurer la hauteur de chute ? ;

> l’article : Comment mesurer le débit d’une rivière ?.

Jérome Levet

Etude de préfaisabilité sur la petite hydroélectricité : liste des points importants à analyser avant d’installer une petite usine hydroélectrique

Cette checklist ou liste récapitulative pour la petite hydroélectricité a pour objectif de donner aux développeurs / investisseurs potentiels et même inexpérimentés dans le domaine de la petite hydroélectricité de premières informations et conseils sur toutes les procédures nécessaires pour commencer et développer des projets de petite hydroélectricité.

Publication de l’ESHA, European Small Hydropower Association.
Courriel : http://www.esha.be

12 pages.

Octobre 2005.

Son objectif est de guider le développeur / investisseur afin qu’il puisse
déterminer la viabilité du projet, en utilisant un simple procédé de pas à pas. Cette checklist peut être utilisée en parallèle avec le Guide Technique pour la réalisation de projets de petite hydroélectricité, un document plus complet également réalisé par le Réseau Thématique de la petite hydroélectricité, où toutes les étapes nécessaires mentionnées dans la checklist sont expliquées plus en détail.

Voir le document


Pour en savoir plus, sur les études à mener voir les articles suivants :

> Petites centrales hydroélectriques : les études à mener, mode d’emploi

> Le choix, le dimensionnement et les essais de réception d’une mini-turbine – PACER ;

> Faisabilité d’une micro centrale hydroélectrique, cahier des charges – ADEME ;

> Rénover au lieu d’abandonner : Modernisation et remise en service des petites centrales hydrauliques, critères d’évaluation – DIANE ;

> Comment mesurer la hauteur de chute ? ;

> Comment mesurer le débit d’une rivière ?.

Pour des articles généralistes sur l’hydroélectricité et la micro hydroélectricité voir :

> Hydroélectricité et centrales hydroélectriques : généralités

> Petites centrales hydroélectriques : généralités

Jérome Levet

Faisabilité d’une micro centrale hydroélectrique, cahier des charges

Ce cahier des charges vise à définir les études et analyses devant être réalisées pour permettre d’apprécier la faisabilité d’un projet de micro-centrale hydroélectrique.
Publication de l’Ademe.

Ce document s’adresse aux investisseurs publics et privés avec, comme objectif essentiel, de leur donner les éléments principaux destinés à étayer leur décision finale d’investissement.

Faisabilité de petites-centrales hydroélectriques

Sommaire

1. Aspects techniques

1.1 Généralités sur le site

1.2 Hydrologie

1.3 Chute

1.4 Sélection du débit d’équipement
1.5 Description du projet

1.6 Estimation de la production

2. Aspects environnementaux

2.1 Milieu physique

2.2 Milieu biologique

2.3 Milieu humain

2.4 Mesures compensatoires

2.5 Analyses ultérieures à prévoir

3. Aspects financiers

3.1 Investissement, exploitation et maintenance

3.2 Recettes d’exploitation

3.3 Compte d’exploitation

4. Aspects administratifs

4.1 Situation administrative actuelle

4.2 Démarches administratives

5. Définition d’un programme

6. Proposition de la maîtrise d’œuvre


Pour en savoir plus, sur les études à mener voir les articles suivants :

> Petites centrales hydroélectriques : les études à mener, mode d’emploi

> Le choix, le dimensionnement et les essais de réception d’une mini-turbine – PACER ;

> Etude de préfaisabilité sur la petite hydroélectricité : liste des points importants à analyser avant d’installer une petite usine hydroélectrique – ESHA ;

> Rénover au lieu d’abandonner : Modernisation et remise en service des petites centrales hydrauliques, critères d’évaluation – DIANE ;

> Comment mesurer la hauteur de chute ? ;

> Comment mesurer le débit d’une rivière ?.

Pour des articles généralistes sur l’hydroélectricité et la micro hydroélectricité voir :

> Hydroélectricité et centrales hydroélectriques : généralités

> Petites centrales hydroélectriques : généralités

Jacques Monvois, Gret, Jérome Levet

"Pico hydro for village power : a practical manual for schemes up to 5kW in hilly areas"

La pico hydro pour l’alimentation énergétique des villages : un guide pratique pour les systèmes de moins de 5kW

The Nottingham Trent University Micro Hydro Centre s’intéresse à la pico hydro depuis le début des années 80. Par l’intermédiaire de son site Internet : the pico hydro web site, il publie un guide pratique sur la pico hydro .

Il est également disponible ci-dessous dans une version anglaise et une version espagnole.

Sommaire du document

Ce document est un guide pratique exhaustif qui expose tous les points clés du montage et de la gestion d’un projet de pico hydroélectricité :

  1. Introduction
  2. Les bases de la pico hydro
  3. L’identification d’un site
  4. Le planning d’un projet
  5. Propriété et viabilité d’un projet
  6. Schémas d’installations
  7. L’analyse d’un site
  8. Le dimensionnement d’un site
  9. Produire de l’électricité
  10. La gestion du débit
  11. La conduite forcée
  12. Le bâtiment de la centrale
  13. Les charges
  14. Le réseau de distribution
  15. Le branchement domestique
  16. Les parafoudres
  17. L’exploitation et la maintenance
  18. Trouver les défauts de courant
  19. Annexes
  20. Bibliographie et références
  21. Glossaire

Ce document est téléchargeable en version anglaise et en version espagnole.


Pour en savoir plus, voir également le site Internet the pico hydro web site (en anglais)

Jacques Monvois, Gret, Jérome Levet

L’électrification rurale décentralisée dans le sud

Article en ligne de Nadia Bentaleb, Directrice Générale de l’ONG Migrations et Développement, Membre du Centre d’économie et d’éthique pour l’environnement et le développement (C3ED)

Cet article présente les différentes énergies renouvelables utilisées pour l’électrification rurale décentralisée des pays en voie de développement et les conditions de transfert de ces technologies. Il est illustré par quelques pratiques initiées par différents acteurs : les Etats, les ONGs, le PNUD et les entreprises.

Voir l’article

Jérome Levet, René Massé

Les plates-formes multifonctionnelles au Sénégal : une réponse à la pauvreté énergétique

Article d’Omar Diouf paru dans le quotidien sénégalais le Soleil

Afin d’appuyer les pays ouest africains à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (omd), le Pnud a initié le Programme régional Plate-forme multifonctionnelle. Une infrastructure d’énergie en zone rurale, réponse appropriée au problème de pauvreté énergétique.

Pas d’énergie, pas de réduction de la pauvreté et de la faim, pas d’éducation primaire pour tous, pas d’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, ni de réduction de la mortalité infantile, ni d’amélioration de la santé maternelle ! La route est longue pour que l’Afrique, surtout dans sa région ouest atteigne ces cinq objectifs du millénaire pour le développement (Omd) fixés par les Nations Unies d’ici 2015.

Selon les observations, il faut accroître l’accès des populations rurales à des services énergétiques fiables et abordables, une condition essentielle pour atteindre ces Omd. Et 92 % de la population de l’Afrique sub-saharienne n’ayant pas accès à l’énergie, le Pnud a pensé à une infrastructure d’énergie décentralisée au sein des villages pour se substituer à la force motrice humaine des hommes et surtout des femmes. Une réponse appropriée au problème de pauvreté énergétique, dénommée Programme régional Plate-forme multifonctionnelle, expérimenté au Mali, au Ghana, en Guinée, au Burkina Faso et au Sénégal.

Simon Diokh, le coordonnateur national du Projet au Sénégal informe qu’après une phase test durant laquelle 40 Plates-formes multifonctionnelles ont été conçues dans les régions de Tambacounda et Thiès, 40 autres sont en cours de réalisation grâce à un budget de 300 millions de francs CFA dégagé par l’Etat du Sénégal. Et d’ici à l’horizon 2015, il est prévu un nombre de 3000 plates-formes multifonctionnelles au niveau du territoire national, découpé en six zones d’intervention pour le projet. C’est ce qu’a révélé le responsable national Simon Diokh. C’était au cours d’un lancement du projet Plates-formes multifonctionnelles dans la région de Thiès en présence des autorités administratives, d’élus locaux et de représentants d’associations de la région.

La plate-forme multifonctionnelle, d’un coût de près de trois millions de francs CFA, utilise un moteur diesel qui peut faire fonctionner différents outils permettant de fournir des services énergétiques financièrement abordables comme la mouture de céréales, le décorticage de riz, la soudure électrique, la charge de batterie. La plate-forme peut également produire l’électricité nécessaire au fonctionnement d’un réseau d’eau et d’éclairage. Grâce à sa simplicité, l’installation et la maintenance de la plate-forme peuvent être assurées par des artisans locaux.

Au Mali, où elle a été mise en œuvre pour la première fois dans la sous-région, les impacts de la plate-forme constatés sont, selon M. Diokh, la baisse du temps passé par les femmes à la mouture et au décorticage des céréales. La hausse de la quantité de riz produit par les femmes, la hausse du nombre total d’enfants ayant terminé le cycle de l’école primaire, la hausse également du nombre de visites prénatales dans les postes de santé.

Omar Diouf pour le quotidien sénéglais le soleil


Pour en savoir plus, voir l’article consacré aux plateformes multifonctionnelles

Jérome Levet

La pico hydroélectricité pour le développement : l’expérience d’un projet de l’ESMAP en Equateur

Ce document de capitalisation en anglais disponible ci dessous, tire les leçons d’un projet mené par l’ESMAP pour développer la filière pico-hydroélectricité en Equateur pour l’approvisionnement des ménages les plus pauvres. A terme, ce projet vise à répliquer l’expérience dans toute la région Andine et dans d’autres pays en voie de développement.

Approvisionner les régions rurales éloignées en énergie est une tâche difficile et coûteuse. Pourtant, pour tous les pays en voie de développement, c’est un élément essentiel à l’accomplissement des « objectifs du millénaire ». Partout à travers le monde, les communautés rurales doivent pouvoir tirer partie de leurs ressources naturelles pour bénéficier de services énergétiques modernes.

La pico hydroélectricité (très petites installations hydroélectriques appropriées à l’alimentation de quelques ménages) est une option comparativement bon marché qui peut aujourd’hui concurrencer les autres techniques d’approvisionnement d’énergie décentralisée pour alimenter en électricité des millions de personnes à travers le monde. Cependant pour favoriser son développement, elle doit être accompagnée de programmes appropriés.

Voir le document(EN)

Présentation du projet

Le projet s’est déroulé en 5 étapes :

  • l’évaluation des expériences de développement de cette technologie dans le monde pour connaître les conditions qui garantissent un bon développement de la filière ;
  • l’évaluation des potentialités de développement de la pico hydroélectricité dans dans cinq pays andins [1], tant au niveau technique, social que commercial ;
  • le développement de 31 projets pico hydro pilotes ;
  • le développement d’une structure locale d’accompagnement ;
  • l’évaluation de l’impact des projets sur le développement des communautés rurales bénéficiaires.

L’expérience de la pico hydroélectricité à travers le monde

Les systèmes

Les systèmes pico-hydroélectriques ont généralement une puissance comprise entre 200 et 1000 W, mais le terme « pico hydro » inclut souvent les systèmes dont la puissance peut atteindre 5 kW.

La gamme des turbines disponibles est relativement vaste : Turgo, Pelton, turbines à flux traversant… Elles peuvent ainsi s’adapter à toutes les hauteurs de chute.

Les unités sont petites et bon marché et ce qui facilite les possibilités d’achat, d’installation et de gestion par un ménage rural.

Cette technologie est généralement employée pour subvenir aux besoins domestiques : éclairage, télévision, radio et parfois pour recharger des batteries.

Voir la photo ci-dessous : une installation pico hydro en Equateur pour l’alimentation d’un ménage rural.


Une installation picohydro en Equateur

Chine et Vietnam : un développement important mais anarchique

Au Vietnam, en Chine et au Népal cette technologie, qui est désormais fabriquée localement, est devenue accessible aux ménages ruraux : de 25 $ pour une turbine de 200 W à 1 000 $ pour une turbine Pelton de 3 000 W.

Ainsi, depuis la fin des années 80, près de 120 000 pico centrales ont été installées au Vietnam, particulièrement au Nord Ouest, près de la frontière chinoise.

Cependant, le développement de la filière s’est fait de manière anarchique : aucun accompagnement financier (payement au comptant) et technique (l’information circule oralement) ne se sont mis en place et la qualité des systèmes les moins chers laissent souvent à désirer : faible efficacité, fonctionnement incertain, durée de vie ne dépassant pas les 2 ans.

Même si ces éléments ne garantissent pas un développement durable de la filière notamment pour les plus pauvres qui achètent le matériel de plus faible qualité, le marché reste en croissant avec plus de 20 000 unités installées par an.

Les Philippines : les leçons de l’expérience vietnamienne

Quelques autres pays ont également développé le marché de la pico hydro : l’Inde, quelques pays d’Amérique du sud et les Philippines.

Le marché philippin est très important : 2.7 millions de ménages n’ont pas accès à l’électricité, et parmi eux, au moins 120 000 ménages pourraient être alimentés par des pico centrales.

Ainsi, en bénéficiant de l’expérience vietnamienne, les Philippines ont connu un développement de la filière pico hydro depuis la fin des années 90.

La distance des Philippines à la Chine n’a pas permis au matériel chinois, souvent de piètre qualité, de pénétrer le marché philippin comme il l’a fait au Vietnam. Il a pu ainsi être mieux contrôlé. Des unités de bonne qualité ont été importées du Vietnam. Elles ont été accompagnées par un support technique national et international compétent.

Aujourd’hui, ces unités permettent parfois d’alimenter des micro réseaux dans des villages isolés.

Analyse économique de la pico hydroélectricité

Une étude économique comparative, comprenant les frais d’investissement et de maintenance, de plusieurs options énergétiques a montré que la pico hydro est l’une des technologies les plus abordables pour l’électrification des communautés rurales : enre 74 et 150 $ par an pour la pico hydro, pas moins de 140 $ par an pour les autres systèmes (photovoltaïque, éolien, thermique…).

L’étude a montré que même les plus pauvres (moins de 2 $ par jour) peuvent s’offrir cette technologie.

Par ailleurs, une pico centrale fournit un courant alternatif de 220 V 24 heures sur 24 ce qui peut plus facilement permettre le développement d’activités économiques.

Opportunités de développement de la pico hydroélectricité dans les Andes

Des études ont montré que l’Equateur possède un bon potentiel de développement de la filière pico hydro : le nombre de ménages pouvant être alimenté par une installation est estimé à minimum de 16 000, il pourrait atteindre le chiffre de 32 000.

Les autres pays de la région étudiés également un potentiel important comme le montre le tableau ci-dessous :

Pays Ménages non électrifiés Ménages qui pourraient être alimentés par une installation pico-hydroélectrique Taille du marché potentiel selon la capacité et la volonté à payer
Bolivie 515 815 355 000 55 000–109 000
Pérou 1 462 783 671 000 98 000–197 000
Equateur 249 199 137 000 16 000–32 000
Colombie 127 343 39 000 7 000–14 000
Venezuela 72 170 28 000 4 500–9 000
Total 2 427 310 1 230 000 180 500–361 000

le développement de 31 projets pico hydro pilotes

En Equateur, l’Esmap, en association avec le gouvernement et des revendeurs locaux, a accompagné l’installation de 31 pico centrales pilotes vietnamiennes de bonne qualité.

Les centrales ont été installées dans 5 villages de 2 provinces du pays présentant des topographies diverses : 10 projets dans la région montagneuse du Chimborazo et 21 dans la région forestière de Napo.

Ces projets ont permis d’électrifier 193 personnes principalement pour les besoins d’éclairage.

Le développement d’une structure locale d’accompagnement

L’Esmap a également mis en place une structure locale d’accompagnement de la filière, dont le but est la formation des techniciens et des usagers et la promotion de la technologie pour favoriser le développement du secteur privé.

Elle a permis d’évaluer le coût des projets : le coût moyen d’une unité pilote en Equateur s’est élevé à 475 $ (génie civil, câbles et équipements électriques compris). Dans quelques années, la concurrence pourrait faire diminuer ce prix à 200 $, l’importation du Vietnam restant toujours moins chère qu’une fabrication sur place. Le coût de la maintenance a été évalué à 5 $ par an par unité et leur durée de vie à 5 années.

Ces coûts ont clairement montré les possibilités de développement de la filière dans le pays et dans toute la région et ont développé l’intérêt du secteur privé pour le domaine. Par ailleurs, a travers les formations essentielles pour la durabilité des installations, les usagers et le secteur privé ont aujourd’hui pleinement confiance dans la technologie.

Ainsi, aujourd’hui, de nouveaux projets voient naturellement le jour autour des villages pilotes.

L’évaluation de l’impact des projets

Les impacts de ces pilotes ont été soigneusement évalués. Ils ont permis l’amélioration de la qualité de vie (éclairage), une meilleur éducation, le développement d’activités économiques, des économies de pétrole, le développement d’activités le soir.

Conclusions et Recommandations

Le potentiel de développement de cette technologie reste très important dans tous les pays en voie de développement, dans les Andes bien sûr mais aussi en Afrique où pratiquement aucun projet n’a encore vu le jour.

Afin d’améliorer la filière et diminuer le coût des installations le projet recommande :

  • de recourir à un matériel de bonne qualité et à un support technique efficace ;
  • de stimuler l’intérêt local pour la pico hydro au niveau du gouvernement, des ONG locales, des universités, des usagers… ;
  • de souligner et d’accompagner les activités commerciales que peut permettre la pico hydroélectricité car elle ne se développent pas forcément d’elle même ;
  • enfin, même si la pico hydroélectricité est une technologie relativement abordable pour les ménages ruraux, un support financier peut être envisagé pour garantir son essor vers les ménages les plus pauvres pour qu’ils aient accès à des systèmes de bonne qualité plus durables et plus fiables.

Voir l’intégralité du document(EN)

Jérome Levet, René Massé

Powering Africa : les options financières

cette rencontre entre des experts internationaux du secteur de la finance, des secteurs du gaz et de l’électricité et des représentants des gouvernements africains, est organisée à Mombasa, Tanzanie, du 31 octobre au 2 novembre 2007.

Comment financer les programmes énergie en Afrique ? Cette question sera à nouveau au centre des discussions technico-politiques de cette rencontre de haut niveau.

Comment a évolué le marché financier et quel incidence cela peut avoir sur l’extension des secteurs énergie en Afrique ? Est-ce que la perception du risque financier a changé en Afrique ? Est-ce que les améliorations des environnements politiques en Afrique peuvent influencer l’implication du secteur privé dans ce secteur ? … Ces questions, et beaucoup d’autres, seront débattues lors de cette rencontre de Mombassa.

Sont d’ores et déjà attendus les conférenciers suivant :
– Daudi Migereko, Minister of Energy & Mineral Development, Uganda

– Samuel Sarr, Minister of Mines, Energy & Water, Senegal

– Henock Ya Kasita, Deputy Minister of Mines & Energy, Namibia

– Patrick Nyoike, Permanent Secretary, Ministry of Energy, Kenya

– A Andrianjafitrimo, Director of Energy, Ministry of Energy, Madagascar

– Joe Makoju, Special Adviser to the President on Electric Power, Nigeria

– Eduardo Nelumba, Chief Executive Officer, Empresa Nacional de Electricidade de Angola

– Eddy Njoroge, Managing Director, KenGen

Pour plus d’information, et/ou pour s’inscrire, voir le site des organisateurs de ces rencontres ici (EN).

René Massé

Cameroun : le Gouvernement signe un Accord de développement du secteur de l’énergie avec Globeleq

Ce Developement Agreement signé le 8 août 2007 prévoit l’implication future de la société Sud Energy Limited (filiale de Globeleq) dans la réalisation d’une centrale hydroélectrique de 200 MW dans la Province du Sud.

Cet accord d’exclusivité est conclu pour deux années. D’ici là, les deux parties devront avoir confirmé l’intéret de ce projet hydroélectrique et s’être engagés dans sa réalisation.

Globeleq est une entreprise du secteur de l’énergie dotée d’un solide portefeuille croissant de parts majoritaires de sociétés énergétiques (gaz naturel, pétrole et électrification) dans les marchés émergents d’Afrique, des Amériques et d’Asie.

L’accord de développement concerne le développement d’une centrale hydroélectrique de 200 Megawatts sur la rivière N’Tem, dans la Province du Sud. Préalablement à l’attribution d’une concession d’exploitation de 25 années, Globeleq réalisera quelques études préliminaires, techniques et commerciales, tandis que le Gouvernement s’est engagé à réaliser les études d’impacts sociale et environnementale ainsi que l’étude de faisabilité relative au transport.

Si les études confirment l’intérêt de ce projet, la construction pourrait démarrer fin 2008 et la production électrique commencer vers la mi-2013. Au terme de la durée de concession, la propriété des installations et la gestion seraient transmises au Gouvernement (contrat BOOT – Built, Own, Operate and Transfert).

René Massé

Développement des échanges d’électricité entre le Mozambique et le Malawi

De nouvelles interconnexions vont permettre aux deux pays de s’acheter de l’électricité à des conditions favorables.

Le 17 juillet 2007, le Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale a approuvé deux crédits de l’Association internationale de développement (IDA) d’un montant global de 93 millions de dollars EU au profit du Malawi (48 millions de dollars EU) et du Mozambique (45 millions de dollars EU). Ces deux prêts sont destinés à améliorer l’approvisionnement en électricité de l’Afrique australe sur le plan des volumes, de la fiabilité, du prix et de la protection de l’environnement, et stimuler ainsi la compétitivité industrielle et la croissance économique de la région.

Le contexte

Seconde phase du Programme pour le marché de l’électricité en Afrique australe, le projet Interconnexion des réseaux de transport Mozambique-Malawi raccordera le Malawi au pool énergétique d’Afrique australe (SAPP), ouvrant ainsi la voie aux échanges d’électricité bilatéraux entre les deux pays. Il permettra au Malawi de diversifier enfin ses sources d’approvisionnement en électricité et d’exporter ses éventuels surplus aux heures creuses, tout en offrant au Mozambique un nouveau débouché pour son secteur énergétique.

Le projet

Au Mozambique, le projet prévoit de construire environ 135 km de lignes de transport à 220 kV et d’agrandir la sous-station existante de Matambo. Côté Malawi, il s’agira d’installer 75 km de lignes nouvelles à 220 kV et de construire une nouvelle sous-station à 220 kV.

Le projet apportera à ESCOM et EDM, les deux compagnies publiques d’électricité du Malawi et du Mozambique, des services d’assistance technique, de renforcement des capacités et de formation, ainsi que les équipements nécessaires pour consolider et étendre les réseaux afin de maximiser les avantages tirés du commerce de l’électricité. Il aidera aussi à remplacer le matériel usagé, inadapté ou obsolète afin d’éliminer les goulots d’étranglement des réseaux qui risqueraient de compromettre la circulation des flux échangés.

Pool énergétique d’Afrique australe (SAPP)

L’ensemble de la région d’Afrique australe commence à souffrir d’une pénurie de capacités de production. Pour faire face à la croissance de la demande, il faudra installer au moins 1 000 MW de puissance supplémentaire chaque année. L’essentiel de cette nouvelle demande pourrait être satisfaite par de grands projets de production régionaux. Le commerce régional d’électricité étant appelé à se développer, il est indispensable de réduire les contraintes liées aux installations de transport.

En août 1995, les États membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe ont créé le Southern African Power Pool (SAPP) (EN). Les compagnies publiques d’électricité des 12 pays d’Afrique australe en ont constitué les membres fondateurs. Les principaux réseaux d’électricité du Botswana, de la République démocratique du Congo, du Lesotho, du Mozambique, de la Namibie, de l’Afrique du Sud, du Swaziland, de la Zambie et du Zimbabwe forment le réseau régional actuel. L’Angola, le Malawi et la Tanzanie n’y sont pas encore raccordés. En février 2006, le SAPP s’est ouvert aux entreprises de production et de transport d’électricité du secteur privé.


Source : Communiqué de presse n° : 2008/018/AFR de la Banque mondiale

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René Massé