Petites centrales hydroélectriques : généralités

Article récapitulatif sur l’hydroélectricité, qui propose pour finir un annuaire de liens vers une trentaines de documents, en libre téléchargement sur le portail du Riaed.

A la différence des grands barrages hydroélectriques, les « petites centrales hydroélectriques » sont des aménagements simples (souvent « au fil de l’eau ») qui produisent de l’électricité à petite échelle et ont peu d’impact sur l’environnement.

Cette électricité peut être utilisée pour alimenter des sites isolés (quelques habitations, des ateliers…) ou revendue à un réseau public de distribution. Lorsque la ressource hydraulique est disponible, il s’agit d’une solution de choix pour l’électrification des zones rurales des PVDs.

Qu’est-ce qu’une petite centrale hydraulique ?

Puissance :

En général, on parle de « petite hydroélectricité » pour les centrales dont la puissance est inférieure à 10MW.

Les petites centrales sont elles-mêmes divisées en plusieurs catégories dont la définition n’est pas établie de manière arrêtée. Ces catégories sont pourtant importantes puisque, suivant la puissance, les caractéristiques techniques, institutionnels, opérationnels et financières des aménagements sont très différentes. Voici, ci-dessous, une catégorisation qui est communément admise :

Catégorie Puissance installée Caractéristiques
Hydraulique artisanale Roues à eau. Utilisation de la force mécanique
Pré-électrification < 1 kW Charge de batteries avec une installation « dynamo » (courant continu) sur roue à eau
« Kits » hydro-domestiques 50 Watt – 2 kW appareils compacts « prêts à brancher ». Installation simple réalisable par l’utilisateur
Pico-centrales (1) 2 – 50 kW Approche technique et planification simplifiées : les rendements sont moyens
Micro-centrales 50 – 500 kW Approche technique et planification simplifiées : les rendements sont moyens
« Petites centrales » 500 kW – 10 MW Niveau technique international

Remarques :

  • Certaines instances internationales mettent la limite des micro-centrales à 300 kW, d’autres à 1 MW ;
  • Certaines sources définissent des « mini-centrales » entre 500 kW et 2’000 kW ;
  • Aux États-Unis on parle de « Petite Hydraulique » jusqu’à 30 MW.

Types d’ouvrages

Contrairement aux aménagements de grande taille, les petites centrales hydrauliques ne possèdent en général pas de retenues d’eau importantes permettant de faire de la production de pointe.

Dans la plupart des cas, le barrage a pour unique fonction de garantir le niveau d’eau constant nécessaire au fonctionnement de la prise d’eau. Si quelques capacités de marnage existent, elles n’excèdent pas quelques heures de fonctionnement.

Les petites centrales classiques sont par conséquent, dans leur majorité, des ouvrages au fil de l’eau, ce qui les rend particulièrement tributaires du régime hydrologique de la rivière sur laquelle elles se trouvent.

Les éléments d’une petite centrale

La figure suivante présente un petit aménagement hydroélectrique complet. En réalité, il est assez rare de retrouver l’ensemble de ces éléments sur un seul aménagement.

Schéma général centrale au fil de l'eau

Le barrage

C’est un ouvrage de génie civil enpierres, gabions, béton ou enrochements permettant de créer un seuil sur un cours d’eau garantissant l’alimentation de prise d’eau d’un aménagement hydro-électrique.

Il existe aussi des barrages d’accumulation permettant de stocker de l’eau en prévision d’une demande d’électricité future. Ce type de barrage est cependant très rare en petite hydraulique.



La prise d’eau

Elle capte une partie du débit de la rivière. Il peut s’agir d’un simple canal munie d’une grille (pour filtrer les gros débris) équipée d’un dispositif de nettoyage au fonctionnement automatique, voire d’ouvrages plus techniques et modernes comme la prise d’eau « Coanda ».

La passe à poisson

Il s’agit d’un dispositif de contournement d’un aménagement permettant aux poissons migrateurs de remonter ou descendre le cours d’eau malgrè la présence d’un aménagement hydroélectrique.

Le canal d’amené

Le canal d’amené dirige l’eau vers une zone ou la pente est favorable à l’installation d’une conduite forcée et permet de décaler le local technique et ses installations électromécaniques du cours d’eau.

Ce canal peut être à ciel ouvert, enterré ou être directement une conduite.

Le canal est souvent source de difficultés : ensablement, fuites, effondrement… Certes souvent plus cher, une conduite installée dès la prise d’eau permet d’éviter ces eceuils et finalement de diminuer les coûts.

Le dessableur

L’eau déviée dans le canal par la prise peut transporter des quantités importantes de matière en suspension (boues) et des sédiments (sable, gravier) qui doivent être éliminés, sans quoi, ils combleront le canal et endommageront rapidement les vannes et la turbine.

Le dessableur est un bassin plus large que le canal, qui permet de ralentir l’écoulement et ainsi laisser les particules solides s’y déposer.

En général, une grille fine est disposée en fin de dessableur pour filtrer les dernières particules.

Il doit être nétoyé régulièrement, une vanne doit être prévue en conséquence.

La chambre de mise en charge

C’est un petit bassin qui permet de garantir que la conduite forcée est en tout temps en eau. Elle fonctionne comme tampon entre la prise d’eau et la conduite.

Dans le cas d’une régulation hydromécanique de la turbine,c’est en général sur la chambre de mise en charge que se situera le contrôle de niveau utile à la régulation du débit de la turbine.

La conduite forcée

Réalisée en matière synthétique pour les faibles chutes (PVC ou PEHD) ou en métal pour les hautes pressions, la conduite à pour but d’amener l’eau en écoulement forcé de la chambre de mise en charge à la centrale. En quelque sorte, elle reproduit artificiellement la chute d’eau.

Elle doit faire l’objet d’un dimensionnement particulièrement rigoureux afin d’éviter une perte de charge incompatible avec le turbinage optimal.

La centrale

De taille réduite, la centrale regroupe l’ensemble des équipements électro-mécaniques de l’installation qui sont :

- la vanne de garde :

Placée à l’entrée de la centrale, elle régule le débit dans la turbine et permet de la mettre hors d’eau ;

- la turbine :

Issue des roues à eau, la turbine est un moteur rotatif (pâles) entraîné par la pression de l’eau guidée jusqu’à la turbine par la conduite forcée. Elle transforme la plus grande partie de l’énergie hydraulique en énergie mécanique. Il existe 2 familles de turbines : les turbines à action (Pelton, Cross-flow) et les turbines à réaction (Francis, Kaplan, pompes inversées). Chaque type de turbine adaptés aux différentes exigences des cours d’eau (hauteur de chute et débit) ;

- l’alternateur :

Il convertit l’énergie mécanique fourni par la turbine en énergie électrique. Il peut être synchrone ou asynchrone suivant les cas (centrale isolée ou raccordée au réseau) ;

- les organes de contrôle et de commande de l’installation :

Ces composants électriques sont situés dans une armoire électrique. Essentiellement, il s’agit des interrupteurs, du système de régulation, des compteurs ;

- le transformateur éventuel :

Il permet d’élever la tension de sortie de l’alternateur pour transporter le courant sur le réseau de transport ;

- la connexion au réseau électrique de transport (un transformateur est requis) ou de distribution.

Le canal de fuite ou de restitution

Après son passage dans la turbine, le canal de restitution permet le retour du débit turbiné au cours d’eau.

Les différents types de centrales au fil de l’eau

En réalité, suivant les types de cours d’eau et la puissance que l’on souhaite installer, il existe différents types de centrales qui ne nécessitent par forcément tous les éléments cités ci-dessus :

La centrale basse chute avec canal :

La centrale basse chute en pied de barrage :

La centrale haute chute sans canal :

La centrale haute chute avec canal :

Petite hydroélectricité et environnement

L’énergie hydroélectrique est la première filière de production d’énergie renouvelable à l’échelle mondiale. La petite hydroélectricité est par ailleurs très respectueuse de l’environnement.

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Comment monter un projet de petite hydroélectricité ? L’importance des études

Puisque chaque centrale hydroélectrique est un projet unique et complexe faisant appel à des compétences variées (génie civil, génie mécanique, génie électrique, hydrologie, biologie) et qu’il requiert un investissement initial important, les études d’avant projet doivent être sérieusement menées pour garantir la rentabilité du projet et un impact environnemental minime.

En général un projet de petite hydroélectricité suit les étapes suivantes :

1- Préambule : installation d’une station de mesure régulière du débit et mesure de la hauteur de chute

2- Etude d’Avant projet sommaire (APS) ou de faisabilité
3- Etude d’Avant projet détaillé (APD)

4- Execution

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La petite hydroélectricité pour l’électrification des pays en voie de développement

Lorsque c’est possible, la petite hydroélectricité est une solution de choix pour l’électrification rurale décentralisée des pays en voie de développement.

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Pour en savoir plus, voir :

- Les articles et guides techniques généralistes sur la petite hydro :

> Hydroélectricité et centrales hydroélectriques : généralités ;

> Petites centrales hydroélectriques : guide technique pour la réalisation de projet – ESHA ;

> Guide pratique pour la réalisation de petites centrales hydroélectriques – PACER ;

> Aperçu général sur les petites centrales hydrauliques : aspects économiques et écologiques – DIANE ;

> Petite hydroélectricité et environnement.

- Quelques articles et guides techniques plus spécifiques sur la petite hydroélectricité :

> Petites centrales hydroélectriques : les turbines ;

> Petites centrales hydrauliques : Turbines hydrauliques – Journée de formation pour ingénieurs – PACER ;

> Petites centrales hydroélectriques : générateurs et installations électriques – PACER ;

> Petites centrales hydroélectriques : régulation et sécurité d’exploitation – PACER ;

> La prise d’eau « Coanda » ;

> Poissons et petites centrales hydrauliques : Solutions avantageuses de franchissement pour les poissons et la microfaune aquatique – DIANE ;

> L’eau usée génératrice d’électricité : concept, réalisation, potentiel – DIANE ;

> Petites centrales hydroélectriques sur l’eau potable : documentation technique, 8 exemples en détail – DIANE ;

> L’eau potable génératrice d’électricité : inventaire et étude du potentiel des usines électriques sur l’alimentation en eau potable en Suisse – DIANE.

- Les articles et guides techniques généralistes sur la pico hydro :

> Pico hydro for village power : a practical manual for schemes up to 5kW in hilly areas – The Nottingham Trent University ;

> Pico Power Pack : fabrication and assembly instructions for a pico hydro turbine and generator unit – The Nottingham Trent University ;

> Water for a village business – The Nottingham Trent University ;

> et le site internet The Pico Hydro web site.

- Quelques expériences de projets de pico hydro menés à travers le monde :

> Expériences de projets pico hydro menés par The Nottingham Trent University Micro Hydro Centre au Nepal et au Kenya ;

> Pico-centrales : Les toutes petites centrales à installer soi-même, 8 exemples en détail – DIANE ;

> La pico hydroélectricité pour le développement : l’expérience d’un projet de l’ESMAP en Equateur.

- Les études à mener pour monter un projet de petite hydroélectricité :

> voir l’article général : Petites centrales hydroélectriques : les études à mener, mode d’emploi ;

> le document à télécharger Le choix, le dimensionnement et les essais de réception d’une mini-turbine édité par le programme PACER ;

> le document : Faisabilité de micro-centrales hydroélectriques, cahier des charges édité par l’ADEME ;

> le document :Etude de préfaisabilité sur la petite hydroélectricité : liste des points importants à analyser avant d’installer une petite usine hydroélectrique édité par l’ESHA ;

> Rénover au lieu d’abandonner : Modernisation et remise en service des petites centrales hydrauliques, critères d’évaluation édité par le programme DIANE ;

> l’article : Comment mesurer la hauteur de chute ? ;

> l’article : Comment mesurer le débit d’une rivière ?.

Jérome Levet

A puissance égale, les barrages sont-ils plus polluants que les centrales à charbon

Cet article de Jim Giles paru dans Nature le 29 novembre 2006, relate le débat scientifique qui dure depuis une dizaine d’années sur la question de savoir quel est l’impact de la biomasse contenue dans les retenues artificielles d’eau sur l’environnement global ? Des données qui pourraient remettre en question les atouts verts de l’hydroélectricité.

Des chercheurs viennent de découvrir que les barrages libèrent des quantités très importantes de gaz à effet de serre. L’énergie hydraulique n’est donc pas si propre que ça.

Dans les années 1980, environ 2 500 km2 de forêt amazonienne ont été inondés pour alimenter en électricité la ville de Manaus, au Brésil. Le projet avait semblé à l’époque un choix intelligent, s’inscrivant dans la logique du développement durable. On sacrifiait certes une étendue importante de forêt pluviale, mais le Brésil accédait ainsi à une source d’énergie non polluante. Le pays a consenti plusieurs fois à ce type de compromis : plus de 80% de son électricité est produite par des centrales hydrauliques.

Toutefois, il se pourrait que les barrages ne soient pas aussi verts et propres qu’on le pensait. Certaines découvertes récentes fournissent une conclusion dérangeante : l’impact des barrages sur le réchauffement planétaire serait souvent plus important que celui des centrales à combustibles fossiles de puissance équivalente. Si ce fait est avéré, les stratégies énergétiques actuelles, en particulier dans les pays en voie de développement, vont devoir être repensées.

Le problème réside dans la biomasse contenue dans les lacs artificiels. Lorsque les terrains sont inondés, de grandes quantités de matière organique se retrouvent coincées sous les flots. La biomasse est ensuite constamment renouvelée par de nouveaux apports. En zone tropicale, dans l’eau tiède des bassins de retenue, cette matière se décompose en émettant du méthane et du dioxyde de carbone, deux gaz à effet de serre. Le plus préoccupant est le méthane, qui a un impact sur le réchauffement climatique plus de vingt fois supérieur à celui du CO2 sur une période de cent ans.

En ce qui concerne le barrage de Balbina, tous les spécialistes ou presque s’accordent désormais à dire qu’une centrale à combustible fossile aurait émis moins de gaz à effet de serre. Mais, à partir de là, les avis divergent. Dans le premier camp se trouve Philip Fearnside, écologue à l’Institut national de recherche d’Amazonie, à Manaus. Dans le cadre de son travail, qui se fonde principalement sur des calculs théoriques, il s’est intéressé à l’eau qui coule des barrages. Dans la plupart des cas, l’eau relâchée est celle qui se trouve à plusieurs mètres en dessous de la surface, et le liquide subit donc un brusque changement de pression. D’après le chercheur, ce changement provoque une émission de méthane, un peu comme le CO2 s’échappe en sifflant d’une bouteille de boisson gazeuse lorsqu’on l’ouvre. Ses dernières études montrent qu’un barrage type en zone tropicale émettra pendant les dix premières années de son fonctionnement quatre fois plus de dioxyde de carbone qu’une centrale à combustible fossile de puissance équivalente. Dans l’autre camp se trouvent Luiz Pinguelli Rosa et ses collègues de l’université fédérale de Rio de Janeiro, qui accusent Philip Fearnside d’exagérer les quantités de gaz à effet de serre émises par les lacs de retenue. Ils lui reprochent en particulier d’avoir extrapolé à partir de mesures prises au barrage de Petit-Saut, en Guyane française, dans les années qui ont immédiatement suivi sa mise en eau, c’est-à-dire au moment où la quantité de biomasse submergée était la plus importante.

Un renversement pour les pays en voie de développement

Les informations sur les barrages tropicaux étant rares, cette discussion, qui dure déjà depuis dix ans, s’est envenimée sans approcher de la moindre conclusion. Les organisations écologistes mettent en doute l’impartialité du travail de Luiz Pinguelli Rosa, financé en partie par l’industrie hydraulique. Rosa nie catégoriquement que ses recherches soient influencées d’une façon quelconque, et accuse à son tour Fearnside de chercher à montrer qu’il y a un problème avec les barrages.

Un colloque organisé à Paris par l’UNESCO n’a pas mis fin à leur querelle, mais les chercheurs auront au moins pu examiner les dernières données disponibles sur la question, dont les résultats d’une étude sur les émissions de méthane provenant de sites en aval de trois barrages tropicaux réalisée par Frédéric Guérin et ses collègues du Laboratoire d’aérologie de Toulouse, publiée le 14 novembre. Les chercheurs français ont découvert que la quantité de méthane qui s’accumule dans les lacs de retenue est telle que les émissions en aval, rarement prises en compte dans les estimations sur l’impact environnemental d’un barrage, représentent entre un dixième et un tiers de la totalité des gaz émis. Selon une autre étude récente, les seules émissions en aval du barrage de Balbina ont le même potentiel d’effet de serre que 6% de tous les combustibles fossiles consommés par São Paulo, une ville qui compte plus de 11 millions d’habitants. L’impact global des barrages pourrait être important même en faisant abstraction de leurs émissions en aval. Danny Cullenward, expert en politique énergétique à l’université Stanford, a effectué des calculs préliminaires à partir des chiffres donnés par Fearnside.

Il insiste sur le fait qu’un plus grand nombre de données est nécessaire, mais selon ses estimations les barrages libéreraient entre 95 millions et 122 millions de tonnes de méthane par an. Si ses calculs sont bons, toutes les estimations portant sur les émissions mondiales de méthane (qui habituellement n’incluent pas les émissions des barrages) doivent être augmentées de 20%.

Beaucoup sont d’avis que l’on en sait déjà assez pour agir sans plus attendre. Les gigantesques projets de barrages envisagés dans les zones tropicales, comme la centrale hydraulique d’une valeur de 5 milliards de dollars sur le fleuve Congo, en inquiètent plus d’un. Un autre grand sujet de préoccupation est le mécanisme de développement propre [un mécanisme d’investissement inclus dans le protocole de Kyoto], qui permet aux pays développés de financer des projets d’énergie propre dans les pays en voie de développement en échange de crédits d’émissions de gaz à effet de serre. Certains scientifiques et associations de défense de l’environnement souhaitent une révision de cette mesure. Mais, si les informations manquent, les choses ont peu de chances de changer. Conscients de cela, les chercheurs qui se sont rendus au colloque de l’UNESCO ont débattu des priorités à établir et de la meilleure façon de travailler ensemble. Des progrès plus importants seront peut-être réalisés à partir de 2008, si le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat [GIEC, l’organisme international qui fédère les travaux des spécialistes du réchauffement climatique] décide d’élaborer un rapport spécial sur le sujet.


Source : Nature

Auteur de l’article : Jim Giles

Titre original de l’article : « Methane quashes green credentials of hydropower »

Traduction : Courrier International

Jérome Levet

Etude de préfaisabilité sur la petite hydroélectricité : liste des points importants à analyser avant d’installer une petite usine hydroélectrique

Cette checklist ou liste récapitulative pour la petite hydroélectricité a pour objectif de donner aux développeurs / investisseurs potentiels et même inexpérimentés dans le domaine de la petite hydroélectricité de premières informations et conseils sur toutes les procédures nécessaires pour commencer et développer des projets de petite hydroélectricité.

Publication de l’ESHA, European Small Hydropower Association.
Courriel : http://www.esha.be

12 pages.

Octobre 2005.

Son objectif est de guider le développeur / investisseur afin qu’il puisse
déterminer la viabilité du projet, en utilisant un simple procédé de pas à pas. Cette checklist peut être utilisée en parallèle avec le Guide Technique pour la réalisation de projets de petite hydroélectricité, un document plus complet également réalisé par le Réseau Thématique de la petite hydroélectricité, où toutes les étapes nécessaires mentionnées dans la checklist sont expliquées plus en détail.

Voir le document


Pour en savoir plus, sur les études à mener voir les articles suivants :

> Petites centrales hydroélectriques : les études à mener, mode d’emploi

> Le choix, le dimensionnement et les essais de réception d’une mini-turbine – PACER ;

> Faisabilité d’une micro centrale hydroélectrique, cahier des charges – ADEME ;

> Rénover au lieu d’abandonner : Modernisation et remise en service des petites centrales hydrauliques, critères d’évaluation – DIANE ;

> Comment mesurer la hauteur de chute ? ;

> Comment mesurer le débit d’une rivière ?.

Pour des articles généralistes sur l’hydroélectricité et la micro hydroélectricité voir :

> Hydroélectricité et centrales hydroélectriques : généralités

> Petites centrales hydroélectriques : généralités

Jérome Levet

Les gaz à effet de serre liés à la filière sucre-éthanol

Cet article présente une méthodologie et les résultats d’une analyse faite au Brésil, dans l’Etat de Sao Paolo.

Parmi les biocarburants liquides, l’éthanol produite à partir de la canne à sucre ou des mélasses issus de la production de celle-ci, représente un potentiel non négligeable dans beaucoup de pays francophones. Le Brésil est souvent cité comme exemple et ce type de projet est éligible au Mécanisme de développement propre (MDP). Cela nécessite une évaluation précise des émissions de gaz à effet de serre liées à cette filière.

Les émissions de la filières sont réparties en trois catégories :

  • émissions dues à l’utilisation des combustibles fossiles dans les plantattions de canne (fertilisants, transport, etc.) ;
  • émissions dues à l’utilisation des combustibles fossiles dans l’unité industrielle de production d’éthanol (énergie, entretien et maintenance des équipements, etc.) ;
  • émissions indirectes dues à la production et l’utilisation du bioéthanol.

La comparaison avec l’utilisation de l’essence fossile permet ensuite de calculer les émissions évitées par la filière éthanol, ce qui peut conduire dans le cas d’un projet MDP à la certification des réductions d’émissions.

Pépin Tchouate

Faisabilité d’une micro centrale hydroélectrique, cahier des charges

Ce cahier des charges vise à définir les études et analyses devant être réalisées pour permettre d’apprécier la faisabilité d’un projet de micro-centrale hydroélectrique.
Publication de l’Ademe.

Ce document s’adresse aux investisseurs publics et privés avec, comme objectif essentiel, de leur donner les éléments principaux destinés à étayer leur décision finale d’investissement.

Faisabilité de petites-centrales hydroélectriques

Sommaire

1. Aspects techniques

1.1 Généralités sur le site

1.2 Hydrologie

1.3 Chute

1.4 Sélection du débit d’équipement
1.5 Description du projet

1.6 Estimation de la production

2. Aspects environnementaux

2.1 Milieu physique

2.2 Milieu biologique

2.3 Milieu humain

2.4 Mesures compensatoires

2.5 Analyses ultérieures à prévoir

3. Aspects financiers

3.1 Investissement, exploitation et maintenance

3.2 Recettes d’exploitation

3.3 Compte d’exploitation

4. Aspects administratifs

4.1 Situation administrative actuelle

4.2 Démarches administratives

5. Définition d’un programme

6. Proposition de la maîtrise d’œuvre


Pour en savoir plus, sur les études à mener voir les articles suivants :

> Petites centrales hydroélectriques : les études à mener, mode d’emploi

> Le choix, le dimensionnement et les essais de réception d’une mini-turbine – PACER ;

> Etude de préfaisabilité sur la petite hydroélectricité : liste des points importants à analyser avant d’installer une petite usine hydroélectrique – ESHA ;

> Rénover au lieu d’abandonner : Modernisation et remise en service des petites centrales hydrauliques, critères d’évaluation – DIANE ;

> Comment mesurer la hauteur de chute ? ;

> Comment mesurer le débit d’une rivière ?.

Pour des articles généralistes sur l’hydroélectricité et la micro hydroélectricité voir :

> Hydroélectricité et centrales hydroélectriques : généralités

> Petites centrales hydroélectriques : généralités

Jacques Monvois, Gret, Jérome Levet

Expériences de projets pico hydro menés par The Nottingham Trent University Micro Hydro Centre au Nepal et au Kenya

Documents de capitalisation en anglais à télécharger

The Nottingham Trent University Micro Hydro Centre en partenariat avec l’Ong Practical Action (ex ITDG) s’interesse à la pico hydro depuis le début des années 80. Par l’intermédiaire de son site internet : the pico hydro web site, il présente 3 de ses projets.

Les fiches projets sont également disponibles ci-dessous.

Projet de Kushadevi, Kabhrepalanchok, Nepal

Localisation : Kushadevi, Kabhrepalanchok, Nepal

Nombre de ménages du village : 108

Hauteur de chute : 80 mètres

Débit : 9 litres par seconde

Conduite forcée : PEHD, 400m de longueur, de 125 à 140mm de diamètre

Turbine : Pelton à simple jet, 200 mm de diamètre

Générateur : 7.5 kW, 4 poles

Puissance nominale : 4kW

Projet de Kushadevi, Kabhrepalanchok, Nepal : la technologie

Projet de Kushadevi, Kabhrepalanchok, Nepal : partie 1

Projet de Kushadevi, Kabhrepalanchok, Nepal : partie 2

Projet de Kushadevi, Kabhrepalanchok, Nepal : partie 3

Projet de Kathamba, district de Kirinyaga, Kenya

Localisation : Kathamba, district de Kirinyaga, Kenya

Nombre de ménages du village : 65

Hauteur de chute : 28m

Débit : 8.4 litres par seconde

Conduite forcée : PVC, 158m de longueur, 110mm de diamètre

Turbine : Pelton à simple jet, 200mm de diamètre

Puissance nominale : 1.1kW

Projet de Kathamba, district de Kirinyaga, Kenya : partie 1

Projet de Kathamba, district de Kirinyaga, Kenya : partie 2

Projet de Thima, district de Kirinyaga, Kenya

Localisation : Thima, district de Kirinyaga District, Kenya

Nombre de ménages du village : 160

Hauteur de chute : 18m

Débit : 128 litres par seconde

Puissance nominale : 2.2kW

Projet de Thima, district de Kirinyaga District, Kenya : partie 1

Projet de Thima, district de Kirinyaga District, Kenya : partie 2


Pour en savoir plus voir le site internet Pico hydro web site(EN)

Jacques Monvois, Gret, Jérome Levet

"Pico hydro for village power : a practical manual for schemes up to 5kW in hilly areas"

La pico hydro pour l’alimentation énergétique des villages : un guide pratique pour les systèmes de moins de 5kW

The Nottingham Trent University Micro Hydro Centre s’intéresse à la pico hydro depuis le début des années 80. Par l’intermédiaire de son site Internet : the pico hydro web site, il publie un guide pratique sur la pico hydro .

Il est également disponible ci-dessous dans une version anglaise et une version espagnole.

Sommaire du document

Ce document est un guide pratique exhaustif qui expose tous les points clés du montage et de la gestion d’un projet de pico hydroélectricité :

  1. Introduction
  2. Les bases de la pico hydro
  3. L’identification d’un site
  4. Le planning d’un projet
  5. Propriété et viabilité d’un projet
  6. Schémas d’installations
  7. L’analyse d’un site
  8. Le dimensionnement d’un site
  9. Produire de l’électricité
  10. La gestion du débit
  11. La conduite forcée
  12. Le bâtiment de la centrale
  13. Les charges
  14. Le réseau de distribution
  15. Le branchement domestique
  16. Les parafoudres
  17. L’exploitation et la maintenance
  18. Trouver les défauts de courant
  19. Annexes
  20. Bibliographie et références
  21. Glossaire

Ce document est téléchargeable en version anglaise et en version espagnole.


Pour en savoir plus, voir également le site Internet the pico hydro web site (en anglais)

Jacques Monvois, Gret, Jérome Levet

Guide pratique de l’Ademe : le chauffe eau solaire

Guide pratique en ligne

L’Ademe diffuse sur son site internet un guide pratique simple et exhaustif sur le chauffe eau solaire.

« Un chauffe-eau solaire… Pourquoi ? Comment ça marche ? Quels modèles ? Quelles dimensions ? Comment l’installer ? Comment le financer ? Quels professionnels ?… » vous saurez tout sur le chauffe eau solaire !

> Le guide est disponible en ligne sur le site internet de l’Ademe ;

> il peut également être téléchargé ici :

René Massé

Très lourd bilan de la pollution de l’air consécutive à l’utilisation de combustibles traditionnels à l’intérieur des habitations selon l’OMS

Article paru sur le site Internet de l’OMS. Il fait un point précis sur les effets néfastes sur la santé de l’utilisation des combustibles traditionnels à l’intérieur des habitations dans les pays en développement.

De nouvelles estimations publiées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) indiquent que dans les 21 pays les plus touchés, la pollution de l’air à l’intérieur des habitations est à l’origine de près de 5 % de la mortalité et de la morbidité.

Les premières estimations par pays de la charge de morbidité due à cette pollution font ressortir l’effet considérable de l’utilisation de combustibles sur la santé et le bien-être de la population dans le monde entier. Les pays les plus touchés sont l’Afghanistan, l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, l’Erythrée, l’Ethiopie, Madagascar, le Malawi, le Mali, la Mauritanie, le Niger, l’Ouganda, le Pakistan, la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Sénégal, la Sierra Leone, le Tchad et le Togo.


fumée dans les habitations

Dans 11 pays – l’Afghanistan, l’Angola, le Bangladesh, le Burkina Faso, la Chine, l’Ethiopie, l’Inde, le Nigéria, le Pakistan, la République démocratique du Congo et la République Unie de Tanzanie – cette pollution provoque au total 1,2 million de décès annuels. Au niveau mondial, la dépendance à l’égard des combustibles solides constitue l’une des menaces les plus importantes pour la santé publique.

Comme l’a souligné Susanne Weber Mosdorf, Sous-Directeur général de l’OMS, Développement durable et milieux favorables à la santé, « Le potentiel de prévention est énorme ; les solutions existent et notre responsabilité internationale est de promouvoir la santé et le bien-être de ceux qui sont touchés, le plus souvent les femmes et les enfants. »

Au niveau mondial, plus de trois milliards de personnes utilisent pour cuire et se chauffer des combustibles solides, notamment les combustibles biomasse (bois, bouse de vache et résidus agricoles) et le charbon. Un lien a été établi entre l’exposition à la pollution à l’intérieur des habitations due aux combustibles solides et de nombreuses maladies, en particulier la pneumonie de l’enfant et les affections respiratoires chroniques chez l’adulte.

Le passage à l’utilisation de combustibles modernes plus propres et plus efficaces tels que le biogaz, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) et le pétrole lampant permettrait d’éliminer en grande partie ce risque et d’éviter 1,5 million de décès annuels. A court terme, la promotion de technologies plus économiques et plus propres, par exemple des fourneaux améliorés, des hottes évacuant la fumée et des cuisinières offrant une bonne rétention de la chaleur permettrait de réduire sensiblement la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, serait plus commode et aurait beaucoup d’autres conséquences socio économiques.

Ces estimations de la charge de la maladie aideront les décideurs nationaux dans le domaine de la santé, de l’environnement, de l’énergie et des finances à fixer des priorités pour l’action préventive. Elles peuvent aussi servir à évaluer dans le temps l’effet des politiques suivies. Dans un contexte de ressources limitées, les données sur la charge de morbidité doivent être complétées par une connaissance des options technologiques dans les différents pays et par des informations sur les coûts et avantages de ces options.

A la quinzième session de la Commission des Nations Unies sur le Développement durable (CSD-15) qui se déroule actuellement à New York, les ministres des secteurs de l’énergie, de l’environnement et du développement décideront s’il y a lieu d’adopter des recommandations pour intégrer la réduction de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations aux politiques nationales telles que les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté et fournir des ressources financières pour éviter les conséquences néfastes pour la santé de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations.


Pour en savoir plus voir :

> l’article en ligne, sur le site internet de l’OMS ;

> la déclaration de politique générale de l’OMS et d’autres organisations sur l’énergie domestique, la pollution des habitations et la santé pour la CSD-15 ;

> les informations par pays sur la pollution de l’air à l’intérieur des habitations et ses conséquences pour la santé (EN) ;

> Fuel for life : household energy and health (EN) ;

Jérome Levet

Biocarburants : options stratégiques pour les pays ACP producteurs de cannes à sucre

La production de biocarburants représente une planche de salut pour tous les pays ACP producteurs de sucre qui sont affectés par les réformes de l’Union européenne entrées en vigueur en juillet 2006.

Auteur :
M. Maureen R. Wilson (PhD)
maureen.wilson@jamaicasugar.org

Sugar Industry Research Institute, Kendal Rd, Mandeville, Jamaïque

Avec la mise en application imminente du nouveau régime du sucre, les industries ont commencé à se restructurer afin de survivre et d’éviter leur fermeture. Le facteur commun à tous ces plans de restructuration est la production d’énergie. Celle-ci est couramment considérée comme attractive, pas simplement en raison des prix élevés des carburants fossiles mais aussi du fait des bénéfices environnementaux. Dans la région des Caraïbes, la Jamaïque a annoncé des plans afin de lancer la production d’éthanol pour le secteur des transports. La Barbade a indiqué qu’elle augmenterait la superficie consacrée à la production et qu’elle planterait davantage de variétés de canne à combustible afin d’utiliser la bagasse pour la génération d’électricité, tout comme elle a affirmé sa volonté de produire 24 millions de litres de combustible éthanol. Le Belize ainsi que le Guyana prévoient aussi d’introduire la cogénération et Saint-Kitts, qui avait arrêté son industrie, envisage sa réouverture, en partenariat avec des sociétés étrangères afin de transformer sa production de canne à sucre en bioéthanol. Dans la région africaine, l’industrie sucrière mauricienne a intensifié ses recours à la biomasse de canne à sucre pour la génération d’électricité et, par là même, accru sa part dans l’approvisionnement en électricité du réseau national (Autry, 2004 ; Avram, 2004). La Zambie et le Malawi ont débuté la production de biodiesel à partir d’une plante oléagineuse, le jatropha.

Les biocarburants peuvent être produits sous forme liquide, solide ou gazeuse en fonction de la matière brute et de la technologie de conversion employées. La matière brute habituellement appelée biomasse comprend de la matière végétale renouvelable, des arbres, des herbacées, des plantes de culture ou des déchets animaux. La canne à sucre est l’une des espèces les plus efficaces du monde végétal en termes de production de biomasse (Brumley, 2007) et, pour cette raison, nombreux sont ceux qui voient dans la canne à sucre la plante du futur du fait de son potentiel bioénergétique, dans un monde où les réserves de pétrole sont limitées (Amorim, 2005). La canne à sucre peut aussi être produite à l’aide de la bio-ingénierie afin de fournir de plus fortes concentrations en sucre, des alcools de sucre ainsi que des précurseurs chimiques des bioplastiques (Brumley, 2007). Le plan de réforme du sucre vise à s’assurer que la production de biocarburants ainsi que la production de carburants présentant une « neutralité carbone » dérivés de plantes agricoles et pouvant être utilisés pour remplacer partiellement les produits pétroliers liquides n’affecteront pas défavorablement la chaîne alimentaire approvisionnée par ces mêmes plantes. Le sucre utilisé pour la production d’éthanol, aussi bien par les industries chimiques que par les industries pharmaceutiques, sera exclu des quotas sucre (voir le plan de réforme du marché du sucre mis en œuvre par la Commission européenne ici) (EN).

Pendant des siècles, les moulins ont récupéré les résidus de canne à sucre, que l’on appelle la bagasse, pour la génération d’énergie. De grosses quantités de biomasse (60-80 t/ha) sont produites et, en se concentrant davantage sur l’efficacité énergétique et la mise en œuvre de nouvelles technologies ainsi que sur l’optimisation des procédés, l’énergie générée à partir des surplus de bagasse peut être vendue au réseau national d’électricité, dans la perspective de revenus supplémentaires (Morris, 2002 ; Turn, 2002). La station de génétique sucrière des Caraïbes (WICSCBS) a développé, en utilisant des techniques d’amélioration génétique conventionnelles, une variété de canne appelée « canne à combustible » en raison de sa teneur élevée en biomasse (Albert-Thenet, 2004). L’utilisation de cette canne permettra d’associer la production de sucre à la mise en place d’une cogénération utilisant la bagasse comme combustible, étant donné qu’il y aura encore plus de biomasse après avoir broyé la canne à sucre pour en extraire le jus. Le jus peut être utilisé pour la production de bioéthanol ou de sucre. La Jamaïque et le Belize ont placé dans des pépinières de cannes à combustible une variété en préparation pour son expansion commerciale.

Dans certaines industries sucrières, les techniques de fermentation sont bien développées étant donné que l’on y produit du rhum depuis des centaines d’années et, par conséquent, produire de l’éthanol pour en faire du carburant serait une transition logique et simple pour ces industries. Le Brésil et les États-Unis sont les leaders mondiaux en matière de production de carburant éthanol et ceci grâce à d’importants investissements et efforts de recherche. L’industrie brésilienne utilise la canne à sucre comme matière première tandis que les États-Unis emploient de l’amidon de maïs. Le sucre et l’amidon sont considérés comme la première génération de substrats pour la production d’éthanol. L’hydrolyse de la lignine aboutit à la formation de sucres qui peuvent ensuite être fermentés pour obtenir de l’éthanol et, de ce fait, on classe les sources cellulosiques du sucre dans la catégorie des substrats de seconde génération (Junginger, 2006). Diverses cultures sont actuellement plantées pour leur forte teneur en cellulose, telles que le manioc (Manihot esculenta) et le panic raide (Panicum virgatum). Les conditions climatiques dominantes dans les pays ACP permettent de cultiver ces plantes durant toute l’année, voire parfois plusieurs espèces dans l’année.

La communauté scientifique a su faire face, au fil des années, au besoin de trouver des solutions viables aux problèmes de la planète et la question de la réduction des gaz à effet de serre se pose de manière urgente en tant que stratégie d’atténuation pour les changements climatiques. Il est avéré que la technologie cellulosique requise pour fractionner les fibres récalcitrantes est à l’heure actuelle très coûteuse mais elle évolue rapidement (Junginger, 2006 ; Jolly, 2006), ce qui devrait permettre de la rendre plus accessible d’ici à cinq ans (Bullion, 2006). Le recours à des résidus de plantes agricoles à des fins énergétiques plutôt qu‘aux plantes devrait réduire l’opposition entre plantes source d’énergie et plantes source d’alimentation. Les scientifiques qui cherchent actuellement de nouvelles enzymes afin de dégrader la cellulose contenue dans la matière organique (les bois des conifères et les déchets agricoles, la paille de blé) en sucres développent de nouvelles souches de levure et produisent des mélanges d’enzymes agissant de façon synergique afin de convertir tous les sucres contenus dans la cellulose en éthanol (Knauf, 2004) et si possible accroître la production de coproduits de plus grande valeur (Wermer, 2006). Au même moment, les ingénieurs et les techniciens en charge du contrôle de fabrication développent des systèmes de gestion avancée de l’énergie dans le but de réduire la quantité d’énergie utilisée dans le processus de fabrication du bioéthanol et d’atteindre un taux d’efficacité énergétique de 95 % via le procédé ZeaChem, qui dépasserait les 46 % obtenus avec des méthodes traditionnelles (Edye, 2004).

La société de biotechnologie Renessen a testé un hybride de maïs génétiquement modifié qui, grâce à une technique novatrice de séparation du maïs séché conçue pour une unité d’éthanol, permettra d’obtenir un éthanol plus facilement fermentable (Bullion, 2006). Cela accroîtra la rentabilité du maïs pour les agriculteurs et stimulera la production d’éthanol. La commission de biosécurité du Brésil a donné son aval au Centre de technologie cannière (CTC) afin de lancer les essais en plein champ de cannes transgéniques qui ont révélé un contenu en sucrose supérieur d’au moins 15 % à celui des variétés traditionnelles (voir cet article en anglais). Le gouvernement indien est lui aussi intéressé par cette technologie et a déclaré qu’il entamerait des négociations avec le Brésil afin de pouvoir participer d’une manière ou d’une autre à sa mise en œuvre.

L’Union européenne n’est pas autosuffisante sur le plan alimentaire et pourrait ne jamais l’être en ce qui concerne la production de biocarburants. Par conséquent, elle aura besoin d’importer. À l’heure actuelle, le biodiesel est produit à partir d’huile de colza et de bioéthanol provenant du sucre de betterave et ce dans des quantités permettant de couvrir 3 % de ses besoins, d’où l’opportunité pour les pays ACP de pouvoir fournir du bioéthanol et du biodiesel à leurs partenaires commerciaux de longue date. Les pays ACP doivent se montrer agressifs en termes de recherche de technologies nouvelles et utiles pour produire des biocarburants de manière rentable, efficace et durable car ceci pourrait très vite les amener à être autonomes sur le plan énergétique et à approvisionner ou bien à conserver leurs marchés extérieurs.

D’autres pays sont en train d’introduire des règlementations concernant l’ajout d’éthanol dans l’essence pour le secteur des transports. Il est important pour les gouvernements nationaux au sein du groupe ACP de mettre en place la législation nécessaire autorisant la production locale et l’usage des biocarburants (par exemple, l’ajout d’éthanol dans l’essence ouvrira les marchés domestiques pour le bioéthanol et l’usage du biodiesel). Le développement et la mise en œuvre de politiques en faveur de la promotion de la bioénergie sont primordiaux afin de garantir le succès de l’industrie des biocarburants (Janssen, 2002). Ce type de législation a été le moteur de la croissance et de l’expansion rapides de l’industrie du bioéthanol au Brésil (Amorim, 2005) et c’est ce qui est en train de stimuler l’industrie des États-Unis (Janssen, 2002). En 2005, l’île Maurice a introduit une politique visant l’abandon progressif du charbon en tant que combustible d’appoint pour la production d’électricité afin de le remplacer par des biocarburants solides, et à encourager la production d’éthanol en vue de réduire la demande d’essence. Cela a contribué à la prospérité du secteur.

Dans les pays ACP, les biocarburants sont déjà produits localement par les agro-industries autochtones qui utilisent pomme de terre, maïs, manioc, agrumes, banane, sucre de canne, balles de riz, eaux usées domestiques, huile de palme, sorgho, jatropha ainsi que toutes sortes de déchets biodégradables. L’avantage est que l’argent dépensé dans les combustibles importés continuera de circuler au sein de l’économie nationale. La production de biocarburants offre des opportunités pour les petites, moyennes et grandes entreprises. La production de combustible pour les transports et la génération d’électricité seront susceptibles d’être pris en charge par un ensemble de petites et moyennes entreprises. Pour ce qui est de l’éthanol, on utilisera un mélange de bagasse, de bois et de biogaz. La production de biogaz peut être assurée par les petites entreprises telles que les fermes, les complexes de bureaux, les immeubles d’habitation, les travailleurs indépendants et les ménages. Les huiles végétales ainsi que les huiles de cuisine usagées peuvent être fermentées afin de produire du biodiesel, un substitut du diesel.

Une production agricole élevée donne lieu à un travail intensif dans de nombreux pays en développement, et de ce fait accroît l’emploi et procure des revenus aux populations rurales. Préserver les moyens de subsistance en milieu rural est une question d’importance capitale. La production de plantes de culture pour les biocarburants promet une efficacité et une durabilité améliorées dans la façon dont la terre est utilisée puisque les terres marginales peuvent servir à faire pousser ces plantes, comme c’est le cas en Inde avec le jatropha, une plante qui donne des noix à forte teneur en huile, lesquelles sont utilisées pour la production de biodiesel (voir le site en anglais consacré au Jatropha http://www.jatrophabiodiesel.org/). Un encadrement strict de ces projets doit être opéré afin d’atteindre une récolte optimale ainsi qu’une productivité élevée étant donné que certains facteurs agronomiques tels que l’augmentation rapide du prix des engrais peuvent influer négativement sur leur application correcte. De la même façon, le ramassage des récoltes et la gestion de l’eau disponible sont également cruciaux si l’on veut obtenir une production maximale. L‘enlèvement des résidus agricoles peut aussi influer négativement sur la structure des sols et favoriser l’érosion tout en causant des dommages à l’écosystème. Par conséquent, des stratégies de gestion des résidus de culture doivent être mises en œuvre à des fins de développement durable (Lal, 2006).

Le défi pour les pays ACP consiste à trouver des ressources afin de passer à une production de biocarburants à grande échelle, en acquérant la meilleure technologie et les meilleurs procédés disponibles. Une technologie de pointe permettant de maximiser les bénéfices par rapport aux coûts sera nécessaire sachant qu’il s’agit peut-être là d’un projet intensif de grande ampleur. Les pays ACP n’ont pas les moyens de financer de tels projets. Le gouvernement brésilien préconise ainsi des partenariats pour la production de biocarburants entre les pays développés et en développement, qui peuvent constituer un pas en avant vers l’atténuation de la pauvreté et vers le développement rural ainsi que la réduction des gaz à effet de serre. Durant le mois de février 2007, le partenariat entre les gouvernements jamaïcain et brésilien s’est intensifié grâce à la signature de plusieurs accords pour une assistance technique à la production de bioéthanol. Le Guyana a signé un accord similaire avec le Brésil (voir l’article en anglais diffusé sur cette page de Spore.

Les États-Unis sont en train de faire équipe avec le Brésil afin de mettre en place des programmes pilotes concernant l’éthanol dans les pays d’Amérique latine ainsi qu’aux Caraïbes. Quatre autres pays, dont Saint-Kitts-et-Nevis (membre ACP), sont sur la liste des candidats principaux retenus par la Banque interaméricaine de développement (voir http://www.miamiherald.com/579/story/59837.html) (EN). Tandis que de plus en plus de pays s’engagent dans la production et l’exportation subséquente de biocarburants afin de couvrir la demande provenant des pays développés, le besoin de standardisation devient urgent. Le Brésil et les États-Unis sont responsables de 70 % de la production mondiale d’éthanol et, à ce jour, ces deux pays travaillent ensemble pour établir des normes communes concernant l’éthanol en définissant des niveaux d’impuretés et de résidus solides. Le bioéthanol est obtenu à partir d’amidon, de sucre, de biodiesel issu de diverses variétés d’huiles végétales et, de ce fait, il est important que des règles soient élaborées pour obtenir leur certification, et cela même si le monde est en attente d’une production de masse d’éthanol à partir de matières cellulosiques. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit aussi établir des règles et des normes concernant les futurs échanges de biocarburants, notamment en ce qui concerne leur classification parmi les biens agricoles, industriels ou environnementaux (voir cet article en anglais de Reuters). Les scientifiques des pays ACP doivent être préparés à conseiller les gouvernements et à participer à ce processus.

Il s’agit d’un grand moment pour les pays ACP et plus particulièrement pour ceux qui produisent du sucre car les perspectives sont ouvertes quant à la production de plantes agroénergétiques et la conversion des déchets agricoles en biocarburants. Un nouveau cycle de prospérité est possible mais il convient de méditer les leçons des systèmes antérieurs. L’industrie sucrière est en train de s’approcher de nouveaux territoires et cela crée pour elle une occasion de se diversifier tout en participant à de nouveaux marchés qui pourront déboucher sur un développement social et rural. En effet, les bénéfices réalisés par les industries des biocarburants s’accumuleront du fait de la hausse de l’emploi et des revenus, générant débouchés, sécurité énergétique, développement des infrastructures, compétences, ressources humaines et formation tandis que de nouveaux emplois seront créés au sein des industries assurant la production d’énergie agricole. Le développement des biocarburants nécessitera une gestion prudente ainsi que le soutien du secteur public (Hazell, 2006). Il est essentiel que les gouvernements mettent en place la législation nécessaire (Jolly et Woods, 2006) afin de réglementer l’usage des biocarburants produits localement (Amorim, 2005). Cela permettra aussi de donner aux investisseurs un sceau d’approbation concernant cette activité. Des partenariats clés sont indispensables et des alliances stratégiques devront être recherchées avec les sociétés productrices d’enzymes, les entreprises de biotechnologie, les grandes sociétés dans le domaine de l’énergie et bien entendu, là où c’est possible, avec le leader mondial, le Brésil, dont le gouvernement est relativement disposé à partager la somme de ses compétences avec les pays en développement.

 

Références

 

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