Niger : première pierre du barrage de Kandadji

Le président de la République du Niger Mamadou Tandja a procédé le 3 août 2008 à Tessa (Tillabéry, au nord-ouest de Niamey), à la pose de la première pierre de construction du barrage de Kandadji sur le fleuve Niger.

Il est prévu que la centrale hydroélectrique sera financée en partenariat public-privé, avec le soutien déjà déclaré de plusieurs bailleurs de fonds.

Un projet à l’étude depuis 2002…

Le programme Kandadji de régénération des écosystèmes, de mise en valeur de la vallée du Niger et de production d’énergie hydroélectrique, est à l’étude depuis les années 1970. Il a été retenu comme le quatrième programme sectoriel prioritaire de la Stratégie de Développement Rural (SDR).

La première table ronde des bailleurs de fonds sur le financement de ce barrage s’est tenue dès octobre 2002, à Niamey. Il y eut ensuite celle de septembre 2005 à Djeddah. Mais il faudra attendre celle décisive du 28 novembre 2007 toujours à Djeddah au siège de la Banque Islamique de Développement (BID), pour boucler un premier tour de financement qui couvre la phase d’investissement du barrage.

« Le financement de la première phase du Programme Kandadji a été bouclé à hauteur de 236 millions de dollars US, soit environ 110 milliards de francs CFA, couvrant entièrement les travaux du barrage et des ouvrages annexes », a alors indiqué le Premier ministre nigérien. Le financement du volet électricité devra faire ultérieurement l’objet d’un partenariat public-privé.

En début mai 2008, la Banque islamique de développement (BID), qui intervient en chef de file pour la communauté de bailleurs, a débloqué 25 milliards FCFA en faveur du Niger.

Un programme d’aménagement de 2.000 ha

Depuis juin 2008, le gouvernement a entrepris la mise en œuvre du volet socio- économique et environnemental du programme, et, en particulier le plan de réinstallation des populations à déplacer et le plan de développement local.

Ce plan prévoit l’aménagement de 2.000 ha en vue d’accueillir les populations déplacées dans le cadre de la première phase des travaux de construction du barrage de Kandadji. Selon le Secrétaire général de la Commission nationale au barrage de Kandadji, Idé Issoufou, les travaux entrepris en juin concernent une première tranche de 300 ha.

Le projet hydroélectrique

Le projet prévoit de coupler au barrage une centrale hydroélectrique de 130 mégawatts avec une production annuelle de 620 mégawatts/heure. En outre, l’ouvrage permettra de stocker 1,6 milliard mètres cubes d’eau et d’exploiter quelque 222.000 ha pour une production vivrière de quelque 320.000 tonnes.

« La consommation du Niger en énergie électrique est importée à 85% du Nigeria ; une fois le barrage réalisé, le Niger n’importera plus d’énergie électrique. Avec le programme qui est en train d’être développé dans l’Ouest-africain, l’électricité produite à Kandadji couvrira les besoins nationaux, le reste sera redistribué vers d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest », a dit M. Issoufou.

La construction de ce barrage prendra fin en 2013.

René Massé

TAMBACOUNDA : Energie Renouvelable et Développement durable

La préoccupation des élus locaux de la région de Tambacounda est d’électrifier leur localité en utilisant les énergies renouvelables

Toutes les études réalisées sur les problèmes de développement des collectivités de la région de Tambacounda ont souligné les énormes obstacles à franchir compte tenu de l’absence de l’énergie rurale. La question a mobilisé les élus locaux qui se sont penchés sur la question en collaboration avec les experts de l’Agence Régionale de Développement.

La situation devenue intenable a attiré l’attention des experts de l’Agence Régionale de Développement qui ont, en collaboration avec le conseil régional et quelques partenaires stratégiques de la Fondation Energies pour le Monde, réuni les présidents des collectivités locales, quelques services techniques ainsi que les assistants communautaires pour un examen approfondi du sujet devant à terme leur permettre d’être suffisamment imprégné des modalités et mécanismes d’électrification mis en place par l’Aser. Une belle opportunité devant mettre en relief l’importance de l’énergie surtout pour le développement local. Ce sont tous les présidents de communautés rurales accompagnés de leurs assistants communautaires, les chefs de services et les partenaires stratégiques qui ont répondu, le mardi 4 février 2008, à l’appel de l’Agence Régionale de Développement de Tambacounda en partenariat avec le conseil régional.

En conclave autour de la problématique de l’utilisation des énergies renouvelables pour le développement dans la région qui est confrontée à des difficultés de taille en la matière, les experts de l’Ard ont relevé la faible densification du réseau électrique surtout en milieu urbain, la non-valorisation des autres sources d’énergie, la vétusté du parc de production, la faiblesse du revenu des ménages, la faiblesse du tissu industriel, la faiblesse du réseau de distribution des produits pétroliers, la dégradation des ressources forestières ainsi que la cherté de l’électricité et la disparition de l’habitat. Ils considèrent que ce sont autant de contraintes qui compliquent davantage la tâche aux décideurs locaux. La bonne représentation des partenaires à un niveau extrêmement élevé permettra d’espérer qu’au terme des travaux, un excellent tableau de bord au profit des collectivités sera mis en place en termes de mise en forme de projets permettant aux populations d’accéder aux services de l’électricité.

À ce sujet, le Pr. Abdoul Aziz Tandiang, Directeur de l’Ard, a souligné ne pas trop comprendre que dans le cadre du Pndl, il n’y ait aucun micro-projet formulé par la quasi-totalité des collectivités locales de la région de Tambacounda. « Ceci est une aberration compte tenu du formidable potentiel de Tambacounda surtout pour ce qui est de l’énergie solaire et l’environnement technique avec la kyrielle de Gie excellant dans ce domaine et pouvant parfaitement accompagner les populations dans la formulation et le suivi de leurs micro projets » a-t-il souligné. Experts de la direction de l’énergie, de l’Aser, de Semis et Arene ont entretenu les participants sur plusieurs sujets dont le contexte général de l’électrification rurale au Sénégal, la place et le rôle des énergies renouvelables dans l’électrification rurale ou encore les conditions de viabilité et les actions de planification d’électrification rurale par les énergies renouvelables.

Il faut souligner que les formes d’énergie utilisées dans la région orientale sont le bois de chauffe, le charbon de bois, les produits pétroliers et l’électricité. Et pourtant, c’est une région qui dispose aussi d’un potentiel inestimable avec les énergies solaire et hydroélectrique. Aujourd’hui, seul le village de Dialacoto dispose d’installation expérimentale en énergie solaire même s’il faut constater que ce type d’énergie est de plus en plus utilisé dans le monde rural par les privés. Les populations de la région orientale ont exprimé l’ardent désir de voir l’énergie des barrages hydroélectriques de Manantali et de Kékréty en gestation servir au développement de la contrée.


Source : un article publié par Sudonline sur son site : http://www.sudonline.sn/spip.php?article9446

Elhadji SYLLA, ASER

Un Plan solaire pour la Méditerranée

C’est un des six grands projets retenus au Sommet du 13 juillet 2008 à Paris, pour concrétiser la coopération euro-méditerranéenne.

Le Sommet qui s’est tenu le 13 juillet 2008 à Paris a marqué officiellement l’entrée en vigueur de l’Union pour la Méditerranée, la nouvelle étape du processus de Barcelone entamé en 1995.

Les pays de la Méditerranée et les États de l’Union européenne y ont fixé les bases et les grands axes de leur coopération.

Parmi les six grands projets communs définis à cette occasion, a été énoncé le principe d’un Plan solaire méditerranéen. L’objectif est de renforcer la sécurité énergétique de l’ensemble des pays de la zone tout en luttant contre le réchauffement climatique.

L’accent sera mis sur l’efficacité énergétique tout autant que sur le développement des énergies renouvelables, au premier rang desquelles bien sûr le solaire sous ses formes thermique, photovoltaïque et thermodynamique.

L’association MEDENER, réunissant 12 agences nationales de maîtrise de l’énergie du pourtour méditerranéen – dont l’ADEME – sera étroitement associée à la réalisation de ce Plan solaire et y contribuera activement.


Source : article publié dans le « Fil d’actu. ADEME et vous » n°33 de juillet 2008.

Noémie Zambeaux, René Massé

Madagascar : appel à propositions pour un transfert des technologies des turbines Banki et Pelton

L’appel à propositions lancé par le programme RHYVIERE (Réseau Hydroélectriques Villageois : Energie et Respect de l’Environnement) sera clôt le 14 septembre 2008

Lancement d’un transfert des technologies des turbines Banki et Pelton à Madagascar dans le cadre du programme du programme d’électrification rurale RHYVIERE mis en œuvre par le Gret.

Le programme RHYVIERE (Réseau Hydroélectriques Villageois : Energie et Respect de l’Environnement) est un programme de développement de la filière Micro hydroélectrique pour l’électrification rurale de Madagascar.

Ce programme de 4 ans (2008-2001) financé par l’Union Européenne est mis en œuvre par l’ONG française GRET (Groupe de Recherche et d’Echanges Technologiques) en partenariat avec l’ADER (Agence de développement de l’électrification rurale malgache), Energy Assistance et l’ONG St Gabriel.

Dans le cadre du volet « Transfert de technologie » du programme, le GRET et l’ADER sont à la recherche d’entreprises maîtrisant les technologies de conception et fabrication de turbines Pelton et Banki et prêtes à transférer leur technologie à une ou plusieurs entreprises malgaches.

Pour en savoir plus sur le programme RHYVIERE, cet appel à proposition et postuler, téléchargez les fichiers ci-dessous.

Date de clôture de l’appel à proposition :

14 septembre 2008

Jérome Levet

Un rapide coup d’œil sur les potentiels bioénergétiques mondiaux d’ici à 2050

Cette étude réalisée en mars 2004 présente une analyse complète des potentiels de production théoriques en matière de bioénergie, en s’appuyant sur les meilleures connaissances disponibles.

« A quickscan of global bio-energy potentials to 2050. An analysis of the regional availability of biomass resources for export in relation to
the underlying factors ».

Auteurs : Edward Smeets, André Faaij, and Iris Lewandowski

Mars 2004

122 pages en anglais

Cette étude identifie les éléments clés permettant de déterminer le potentiel de production de la bioénergie, à savoir : la croissance démographique, la consommation alimentaire par habitant, la demande de bois, les rendements des cultures et l’efficacité de la production dans le système de production animale – et le potentiel pour accroître les récoltes à travers des systèmes de gestion plus intensifs–, la croissance naturelle de la forêt et la production de bois issu des plantations.

Les résultats indiquent que, pour produire de la bioénergie à partir de plantes spécialement prévues pour cet usage, le facteur clé est d’utiliser le même type de système de gestion agricole que celui appliqué aux cultures vivrières. Si un type de gestion agricole est appliqué à l’instar de la meilleure technologie disponible dans les régions industrialisées, le monde sera alors capable de produire suffisamment de nourriture pour répondre à la demande projetée en 2050, ceci en utilisant seulement une fraction des terres agricoles actuelles.

Les régions avec les plus forts potentiels en matière de production bioénergétique sont l’Afrique subsaharienne (entre 0,1 et 0,7 Gha d’excédents de terre, soit un équivalent compris entre 31 et 317 EJy-1 de bioénergie en 2050), les Caraïbes (2 Gha) et l’Amérique latine (entre 0,2 et 0,6 Gha, soit entre 47 et 221 Ejy-1 en 2050).


Source : article publié sur le site du Centre Technique Agricole de Wageningen (CTA) le 27 juillet 2007, avec le document en anglais en libre téléchargement ici.

René Massé

Tanzanie : perspectives pour les biocarburants dérivés du jatropha

Ce document rend compte des recherches récentes menées en Tanzanie sur les perspectives de développement les biocarburants à partir d’une plante oléagineuse dénommée Jatropha curcas.

« Prospects for Jatropha Biofuels in Developing Countries :
An analysis for Tanzania with Strategic Niche Management »

Auteur : Janske van Eijck, Project Leader Biofuels, Diligent Tanzania
et Henny Romijn
Eindhoven Centre for Innovation Studies

22 pages en anglais

Edition du 16/04/2007

Le Jatropha curcas est une plante bien connue pour son potentiel dans la lutte contre l’effet de serre et l’érosion locale des sols. Beaucoup s’accordent aussi à dire, que grâce à elle, il est possible de créer des revenus supplémentaires pour les paysans pauvres et de fournir une source d’énergie majeure tant à l’échelle locale que mondiale. Son huile peut être utilisée dans les moteurs diesel, les lampes à huile et les cuisinières, et même pour faire du savon. Le tourteau de jatropha peut être utilisé pour la production de biogaz ainsi qu’en tant qu’engrais.

Le principal outil d’analyse utilisé est la stratégie de niche de marché (strategic niche management, SNM), une approche nouvelle fondée sur la théorie de l’innovation évolutive. On analyse comment la portée d’une transition énergétique est influencée par des facteurs qui se situent à trois niveaux de la société. Le SNM les identifie de la façon qui suit :
- « paysage », cadre général ;
- le cadre sectoriel ou « régime » ; l

- a « niche » où l’innovation se développe et se répand.

Des processus de niche présentant une certaine valeur ont été repérés dans certains endroits, notamment pour ce qui concerne la culture, mais de nombreux d’obstacles subsistent dans le régime énergétique qui prévaut en Tanzanie.

Le développement des biocarburants à base de jatropha en est encore à ses premiers pas. L’analyse SNM débouche sur plusieurs recommandations en matière de politiques. Les questions relatives à la méthodologie et à l’usage de l’outil SNM sont aussi abordées.


Source : article publié sur le site du Centre Technique Agricole de Wageningen (CTA) le 27 juillet 2007, avec le document en anglais en libre téléchargementici.

René Massé

Afrique : biocarburants et sécurité énergétique en Afrique

Cette présentation montre que les biocarburants sont disponibles en abondance sous diverses formes dans presque toute l’Afrique. Correctement exploités, ceux-ci pourraient jouer un rôle majeur dans l’approvisionnement énergétique des villages.

« Afrique : Biocarburants et sécurité énergétique en Afrique »

Auteur : Heinz Leuenberger

Co-auteur : Norbert Wohlgemuth

Présentation Powerpoint de 15 diapositives en anglais

Date : 16/04/2007

Les biocarburants basés sur les systèmes énergétiques ruraux peuvent non seulement aider à combattre la pauvreté en matière d’énergie mais peuvent aussi contribuer à sa réduction en étant associés à des usages productifs. Les nouvelles technologies telles que la bio-gazéification peuvent accroître l’électrification rurale et servir pour les applications de chauffage à effet mémoire de forme (SME), tandis que les biocarburants liquides tels que le bioéthanol et le diesel peuvent répondre aux besoins croissants des transports.

L’ONUDI (Organisation des Nations unies pour le développement industriel), en collaboration avec ses partenaires et les États membres, peut contribuer à maximiser les bénéfices issus de la filière des biocarburants.


Source : article publié sur le site du Centre Technique Agricole de Wageningen (CTA) le 27 juillet 2007, avec le document en libre téléchargementici.

René Massé

Banque mondiale : Biocarburants : promesses et risques

Cet article est extrait du Rapport sur le développement dans le monde 2008 publié par la Banque mondiale sous le titre : « L’agriculture au service du développement ».

Les biocarburants offrent une source potentielle d’énergie renouvelable et pourraient ouvrir de vastes marchés pour les agriculteurs. Toutefois, peu de programmes de biocarburants sont économiquement viables, et la plupart d’entre eux ont un coût social et environnemental : i) tensions à la hausse sur les prix des produits alimentaires, ii) intensification de la compétition autour des terres et de l’eau, iii) voire déforestation.

Les stratégies nationales en matière de biocarburants doivent être fondées sur une évaluation approfondie des opportunités et des coûts.

Au niveau mondial, la baisse des droits de douane et des subventions dans les pays industrialisés jouera un rôle essentiel pour répartir efficacement la production des biocarburants et garantir des bénéfices sociaux aux petits agriculteurs des pays en développement.

Les biocarburants pourraient devenir d’importants marchés pour l’agriculture, mais non sans risques

Alors que le cours du pétrole est presque à son maximum historique et qu’il existe peu de carburants alternatifs pour le transport, le Brésil, les États membres de l’Union européenne (UE), les États-Unis ainsi que d’autres pays soutiennent activement la production de biocarburants liquides issus de produits agricoles, généralement le maïs ou la canne à sucre pour l’éthanol et différents oléagineux pour le biodiesel. Parmi les principales raisons invoquées pour l’appui des pouvoirs publics aux industries des biocarburants, en croissance rapide, figurent les bénéfices environnementaux et sociaux, notamment la lutte contre le changement climatique et la contribution à la sécurité énergétique. Cependant les effets économiques, environnementaux et sociaux des biocarburants sont largement débattus ; il convient donc de mener une évaluation attentive avant d’accorder des subventions publiques à des programmes de biocarburants de grande ampleur. Ces effets dépendent du type de culture, du processus de production et des changements dans l’utilisation des terres.

La production mondiale de l’éthanol à des fins de carburant avoisinait les 40 milliards de litres en 2006, dont 90 % produits au Brésil et aux États-Unis (figure 1). En outre, environ 6,5 milliards de litres de biodiesel ont été produits en 2006, dont 75 % dans l’Union européenne (figure 1). Le Brésil est le producteur d’éthanol le plus compétitif et avec le plus d’expérience. Il utilise environ la moitié de ses cannes à sucre pour produire de l’éthanol et a rendu son utilisation obligatoire. De nombreux autres pays en développement lancent actuellement des programmes de biocarburant fondés sur la canne à sucre ou sur des plantes riches en huile, telles que le palmier à huile, le jatropha et le pongamia.

Même si les études sur le potentiel économique des biocarburants n’en sont qu’à leurs débuts, les programmes actuels en la matière pourraient, selon certaines estimations, multiplier par cinq la part des biocarburants dans le transport mondial – de 1 % aujourd’hui à environ 6 % en 2020.

Les biocarburants sont-ils économiquement viables et quel est leur effet sur les prix des produits alimentaires ?

Certains États apportent un appui substantiel aux biocarburants, afin qu’ils puissent faire concurrence à l’essence et au diesel conventionnel. Ces aides peuvent prendre la forme d’incitations à la consommation (réduction de la taxe sur le carburant), d’incitations à la production (fiscalité incitative, garanties sur les emprunts et subventions directes) et d’obligation de consommation. Aux États-Unis, plus de 200 mesures d’aides coûtent entre 5,5 et 7,3 milliards de dollars par an, représentant 0,38 à 0,49 dollar par équivalent en éthanol d’un litre d’essence. Même au Brésil, il a fallu jusqu’à récemment un soutien actif de l’État par des subventions directes pour développer une industrie compétitive. En outre, les producteurs de l’Union européenne et des États-Unis reçoivent des aides supplémentaires par le biais de droits de douanes élevés sur l’importation d’éthanol.

La production de biocarburants a poussé à la hausse les prix des matières premières. L’exemple le plus clair est celui du maïs, dont le cours a grimpé de plus de 60 % entre 2005 et 2007, notamment en raison du programme américain sur l’éthanol, qui s’est ajouté à la réduction des stocks dans de grands pays exportateurs. L’offre en matières premières risque de rester tendue à court terme. Toutefois, à moins d’une nouvelle envolée des prix de l’énergie, les cours des matières premières devraient ralentir leur croissance à long terme. Les agriculteurs réagiront en effet à l’élévation des cours en augmentant les surfaces cultivées et l’offre. Parallèlement, la hausse des cours entraînera une baisse de la demande en matières premières, car la production de biocarburant deviendra moins rentable du fait de ces prix élevés.

La hausse des prix agricoles imputable à la demande en biocarburants est désormais au cœur du débat sur un conflit potentiel entre alimentation et carburant. Les céréales nécessaires pour remplir d’éthanol le réservoir d’un 4X4 (240 kg de maïs pour 100 litres d’éthanol) permettraient de nourrir une personne pendant un an ; la concurrence entre alimentation et carburant est donc bien réelle. La hausse du cours des produits agricoles de base peut sérieusement compromettre la situation des populations pauvres, qui sont pour la plupart acheteurs net de ces produits. Cependant, nombre de producteurs pauvres sont, de leur côté, vendeurs net, et bénéficieraient donc de cette hausse.

La technologie des biocarburants pourrait à l’avenir reposer sur des cultures uniquement destinées à la production énergétique et sur des déchets agricoles et forestiers, réduisant ainsi potentiellement les tensions sur les prix agricoles. Toutefois, les technologies de seconde génération permettant de convertir la cellulose issue de ces déchets en sucres, distillés à leur tour pour obtenir de l’éthanol, ou pour produire du gaz dérivé de la biomasse ne sont pas encore viables commercialement, et ne le seront pas avant plusieurs années. En outre, la concurrence entre biocarburants et cultures alimentaires autour des terres et de l’eau risque de demeurer.

Les bénéfices et les risques en termes sociaux, environnementaux et de sécurité énergétique dépendent du contexte national.

La moindre dépendance vis-à-vis des importations de pétrole, qui contribue à la sécurité énergétique, est l’un des principaux arguments en faveur du développement de la production de biocarburants. Les bénéfices environnementaux et sociaux qu’ils présentent sont également fréquemment cités pour encourager les pouvoirs publics à financer les programmes de biocarburants et à prendre des mesures incitatives en la matière. Ces bénéfices dépendent fortement du contexte national, mais souvent moins qu’on ne le pense généralement.

Bénéfices potentiels en termes de sécurité énergétique. En l’état actuel de la technologie, les biocarburants ne peuvent améliorer que marginalement la sécurité énergétique des pays, car la production agricole nationale ne répond qu’à une faible part de la demande en carburants. Le Brésil est une exception avec la production d’éthanol. Selon les projections récentes, 30 % de la production de maïs américaine pourrait être convertie en éthanol d’ici 2010, mais cela ne représenterait qu’à peine 8 % de la consommation d’essence du pays. Les technologies de seconde génération, qui utilisent la biomasse agricole, pourraient apporter une plus grande contribution à la sécurité énergétique.

Bénéfices potentiels pour l’environnement. Les bénéfices pour l’environnement doivent être évalués au cas par cas, car ils dépendent des émissions de gaz à effet de serre associées aux cultures, au processus de production des biocarburants et au transport des biocarburants vers les marchés. Or, selon la Stratégie de l’UE en faveur des biocarburants, publiée en 2006, des modifications dans l’utilisation des sols telles que la déforestation ou l’assèchement de tourbières pour produire, par exemple, de l’huile de palme, peuvent annuler pendant des décennies les avantages en termes de réduction des gaz à effets de serre.

Au Brésil, l’utilisation des sols n’a pas changé puisque que ce sont des terres cultivées qui ont été exploitées ; on estime ainsi que la production brésilienne d’éthanol réduit d’environ 90 % les émissions de gaz à effet de serre. Le biodiesel est également relativement efficace, puisqu’il réduit ces émissions de 50 à 60 %. En revanche, cette réduction n’est que de 10 à 30 % pour l’éthanol produit à partir de maïs aux États-Unis. Dans ce type de cas, pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, il serait sans doute beaucoup plus efficace en termes de coûts d’améliorer le rendement des carburants dans les transports plutôt que de produire des biocarburants.

Bénéfices pour les petits exploitants. Les biocarburants peuvent profiter aux petits exploitants en créant des emplois et en augmentant les revenus ; toutefois, ces bénéfices risquent d’être limités en l’état actuel des technologies. La production d’éthanol recquière la présence d’économies d’échelle assez importantes, ainsi que d’une intégration verticale, du fait de la complexité du processus de production dans les distilleries. De même, la production de canne à sucre s’effectue généralement à grande échelle, même si, au Brésil, des systèmes de type coopératives permettent aux petits exploitants d’y participer dans une certaine mesure. La production de biodiesel à petite échelle pourrait répondre à la demande énergétique locale (par exemple à travers les groupes électrogènes fixes) mais les marchés plus importants nécessiteront une qualité constante qui ne peut être obtenue que par une production à grande échelle.

Il faut définir des politiques publiques en faveur des biocarburants. Jusqu’à présent, la production de biocarburants dans les pays industrialisés s’est développée à la faveur de droits de douanes élevés, associés à de fortes subventions. Pour les pays en développement qui produisent ou pourraient produire efficacement des biocarburants à destination de nouveaux marchés d’exportation rentables, de telles politiques sont coûteuses. En outre, les consommateurs pauvres paient plus cher les produits alimentaires de base, du fait de la hausse des prix des céréales sur les marchés mondiaux, une hausse largement liée aux distorsions créées par les politiques publiques.

Les pays en développement autres que le Brésil peuvent-il miser sur les industries des biocarburants ? Dans le cas des technologies de première génération, il est rare que les conditions économiques favorables soient réunies et que les bénéfices environnementaux et sociaux justifient de fortes subventions. Dans certains cas, comme pour les pays enclavés importateurs de pétrole qui pourraient devenir de bons producteurs de canne à sucre, les coûts de transport élevés pourraient rendre la production de biocarburants viable, même avec les technologies actuelles. Les bénéfices potentiels beaucoup plus élevés des technologies de seconde génération, notamment concernant la production de biodiesel à petite échelle, justifient d’importants efforts de recherche privée et publique.

La difficulté pour les gouvernements des pays en développement consiste à éviter de soutenir la production de biocarburants par des mesures incitatives causant des distorsions susceptibles de faire disparaître d’autres activités plus rentables, et à mettre en place une réglementation et des systèmes de certification réduisant les risques alimentaires et environnementaux liés à la production de biocarburants. Ils doivent donc évaluer attentivement les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux ainsi que les avantages en termes de sécurité énergétique.

Des systèmes de certification permettant de mesurer et d’indiquer les performances environnementales des biocarburants (par exemple, un indice vert des réductions des émissions de gaz à effet de serre) pourraient contribuer à réduire les risques environnementaux associés à la production de biocarburants à grande échelle. Cependant, pour être efficaces, ils nécessitent la participation de tous les grands producteurs et acheteurs, ainsi que la mise en place de solides dispositifs de contrôle.


Source : un article publié sur le site de la Banque mondiale

René Massé

Italie : réunion à la FAO sur la crise alimentaire… où on reparle des biocarburants !

Un sommet de la FAO s’est déroulé à Rome sur la sécurité alimentaire dans le monde du 3 au 5 juin 2008. C’était l’occasion de rechercher un improbable consensus sur la place des biocarburants. Cet article est une revue de presse de la Mission Agrobiosciences.

Manger et conduire grâce à l’agriculture… les biocarburants, cette belle idée qui faisait consensus dans les pays riches, il n’y a pas encore si longtemps, ne cessent de faire controverse tant ils se heurtent aujourd’hui à une question vitale : nourrir le monde.

Les récentes crises alimentaires, désastreuses pour des populations au quatre coins de la planète, mettent crûment en relief ce que l’on ne voulait pas, ou ne pouvait plus voir du côté de l’opinion des pays riches. Obnubilés par la sécurité sanitaire des aliments, nouvelle anxiété des pays riches alors même qu’ils disposent de l’abondance et de procédures de sécurité les plus sophistiquées, la sécurité alimentaire était finalement passée en arrière plan. Ainsi, les problématiques environnementales, autre emblème de nos préoccupations contemporaines, devenaient également une priorité, au point même que l’on prétendait faire en sorte que les pays plus pauvres adoptent pour eux-mêmes ces mêmes impératifs vitaux pour le bien… de la planète. De la nature.

C’était oublier cette autre priorité, constante celle-là : l’homme. Sa survie passe d’abord par la nourriture. Avec ces crises, nous assistons à une sorte de « réveil des consciences » note le directeur générale de l’association « Action contre la Faim » dans le « NouvelObs.com », par le fait que revienne dans l’actualité « l’idée qu’une grande partie de la population mondiale consacre à l’alimentation une grande part de son budget quotidien ». Il ajoute qu’il y a seulement six mois, un plaidoyer contre la faim dans le monde, avec appels de fonds… aurait sans doute été impossible.

Saisis à froid ce rappel au réel, les biocarburants passent d’un seul coup de la figure angélique qui les incarnait à celle d’un démon planétaire. Ils ne sont pas, loin de là, les seuls responsables de cette crise désastreuse, on les accuse de participer pour un tiers à l’augmentation des prix agricoles… Sur ce point, rapporte « 20 Minutes.fr » le secrétaire générale de l’Onu préconise « plus de recherches et d’analyse » afin de mesurer plus précisément leur impact sur la crise alimentaire. Rappelons quand même ces propos du numéro 2 du FMI, du 8 mai dernier, reproduit par « Nouvelobs.com » et qui précise que sur certaines matières premières, l’impact est fort « le développement des biocarburants serait responsable à 70% de la hausse récente du prix du maïs et à 40% de celle du prix du soja ».

Reste ceci : les biocarburants sont devenus pour l’opinion, avec les spéculations sur les matières premières et les subventions à l’exportation, l’un des emblèmes de ce désastre. C’est ainsi. « Le Monde.fr », rappelle que les propos des acteurs du sommet de la FAO à Rome, et alors même que le secrétaire général de l’Onu souhaite également un « plus grand degré de consensus » sur les biocarburants, dessinent plutôt le contours des dissensus en jeu… L’agence « Reuters » rapportait le même jour, que le secrétaire américain à l’agriculture avait dès le début de ce sommet « exprimé son doute, quand à la conclusion d’un accord » au sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire qui se tient à Rome du 3 au 5 juin 2008 ».

Egalement ardent défenseur de sa production de bioéthanol, le Brésil, par la voix de son président, affirme, que les biocarburants « ne sont pas les bandits qui menacent la sécurité alimentaire des nations les plus pauvres », en rappelant que la totalité de l’éthanol est produite sur seulement 1% des 340 millions d’hectares agricoles. Pas du tout convaincu, le président de l’Egypte, pays qui a également connu de fortes émeutes de la faim, estime lui (Le Monde.fr 3 Juin) qu’il faut « freiner la production de biocarburants », en lançant un appel pour « un dialogue urgent entre importateurs et exportateurs de produits alimentaires et énergétiques ».

Pendant que des « petits pays » condamnent l’utilisation des terres arables pour les biocarburants, une nation se distingue : le Congo-Brazaville qui se dit prêt à discuter avec des investisseurs étrangers à cette condition : qu’ils achètent aussi la production locale pour leurs usines.


Source : Revue de presse (Nouvelobs.com. Le Monde.fr. 20minutes.fr. Reuters) de la Mission Agrobiosciences publiée le 5 juin 2008 sur son site sous le titre : « Crise alimentaire/FAO : Biocarburants de la figure angélique à celle de démon planétaire ? ».

René Massé

« Energy Globe Award » descerné au GERES Cambodge pour son programme énergie

Une ONG française, le GERES – Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités – a remporté pour la troisième année consécutive un joli prix pour ses activités dans le domaine de l’énergie.

Créés en 1999, les « Energy Globe Awards » récompensent chaque année des projets régionaux et locaux qui contribuent à la maîtrise de l’énergie, la protection de l’environnement ou la fourniture de ressources naturelles comme l’eau et l’électricité dans des communautés isolées ou pauvres.

L’équipe GERES Cambodge a été récompensée d’un prix honorifique aux « Energy Globe Award », prix décerné sous le haut patronage du Président du Parlement Européen, Hans-Gert Pöttering et de l’ancienne Ministre indienne de l’Environnement, Maneka Gandhi.

Cette nouvelle distinction, après celles décernées en 2006 par les « Ashden Awards for Sustainable Energy » et en 2007 par l’« United States Environmental Protection Agency », récompense la qualité des travaux menés depuis plus de 10 ans au Cambodge par le GERES pour améliorer les conditions de vie des populations et préserver la forêt.

Le GERES est présent au Cambodge depuis 1997, où il met en œuvre des projets de développement visant à réduire l’utilisation excessive du bois de feu (80% du bilan énergétique national), principalement à travers la
conception et la diffusion d’équipements domestiques de cuisson. En 2007, 180 000 foyers améliorés ont ainsi été fabriqués par des artisans locaux et commercialisés sur les marchés.

Les impacts directs de ce programme sont d’actualité :

- lutte contre la déforestation et préservation des ressources naturelles

- lutte contre la précarité énergétique par l’économie réalisée sur l’achat de combustible (bois et charbon de bois)
par les ménages

- lutte contre la vulnérabilité sanitaire liée aux émissions de fumées domestiques, concernant principalement les
femmes

- lutte contre le changement climatique par les économies directes d’émissions de gaz à effet de serre (plus de
150 000 tonnes équivalent CO2 en 2007, vérification DNV)


Vous trouverez ci-dessous un communiqué ainsi qu’un dossier de presse relatifs à cet événement.

Pour toute information complémentaire, merci de contacter Sophie Lapierre

Courriel : s.lapierre@geres.eu

René Massé, Sophie Lapierre