Cette Table ronde sur l’énergie était organisée dans le cadre des rencontres du sommet de l’ONU sur le climat qui s’est tenu à New York du 21 au 25 septembre 2009. Cet article présente l’allocution du Chef d’État camerounais.
« Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs.
Les changements climatiques ne sont plus une vue de l’esprit mais une réalité qui se manifeste partout dans le monde et nous interpelle tous.
Si nous en sommes pleinement conscients, nous savons aujourd’hui que les solutions à cette menace planétaire passent par la réduction des gaz à effet de serre dont l’une des causes majeures réside dans nos modes de production basés en grande partie sur l’utilisation de l’énergie fossile. La question est donc non seulement d’actualité mais revêt une importance capitale pour tous nos pays, et particulièrement, ceux d’Afrique. En effet, si dans les pays développés, depuis l’ère industrielle jusqu’à nos jours, l’énergie fossile a joué un rôle majeur dans le processus d’industrialisation, par contre dans les pays africains, le déficit énergétique s’avère être un handicap pour le développement économique et social.
L’industrialisation étant un facteur essentiel du développement, ce handicap explique le bas niveau du tissu industriel et l’insuffisance des structures socioéconomiques de notre pays, notamment dans des secteurs tels que la santé, l’éducation et les Technologies de l’Information et de la Communication.
Vu sous un autre angle, l’exploitation et l’utilisation des énergies fossiles, principales sources d’émissions des gaz à Effet de serre, ont entraîné le dérèglement du système climatique.
Il s’agit donc de concilier les impératifs de développement et l’exigence de stabilisation des conditions climatiques qui appelle à repenser nos modes de production car, pour longtemps encore, ceux-ci seront tributaires de l’énergie d’origine fossile.
Pour ce faire, la solution consisterait, à l’évidence, en la diminution progressive de l’utilisation des énergies fossiles et la promotion des énergies renouvelables.
A cet égard, le Cameroun possède des potentialités considérables en matière d’énergie renouvelable, parmi lesquelles l’hydroélectricité, la biomasse et l’énergie solaire.
Dans le domaine hydroélectrique, mon pays a un potentiel estimé à quelque 20. 000 mégawatt, pour un potentiel de production annuelle de 115 milliards de
Kilowatt/heure. Avec l’appui technique et financier de la Communauté internationale, ce potentiel pourrait être dûment exploité. Ce qui permettrait au Cameroun, non seulement de combler son déficit en offre d’énergie, mais également de pourvoir aux besoins d’autres pays qui ne disposent pas d’un potentiel hydroélectrique suffisant et recourent essentiellement à l’énergie fossile. C’est pour cette raison que nous nous sommes félicités de « l’Initiative Africaine » lancée cette année et dont le principal objectif est de promouvoir le plus possible l’accès à l’énergie primaire en Afrique.
Cette initiative laisse certes entrevoir de belles perspectives dans le secteur énergétique, mais sa mise en œuvre effective demeure subordonnée à la mobilisation des moyens financiers importants.
En ce qui concerne le Cameroun, nous avons, pour relancer la production énergétique, mis en place un Plan d’Action National Energie pour la réduction de la pauvreté. Ce Plan vise, entre autres :
Le renforcement des capacités des acteurs publics et privés dans la planification, la gestion, l’exploitation et la maintenance des systèmes énergétiques ;
La promotion d’un meilleur accès des populations pauvres des zones rurales et périurbaines aux énergies modernes, notamment pour accroître leur productivité dans le domaine agricole ;
L’amélioration du cadre de vie de nos populations.
L’accès à l’énergie, en quantité et en qualité, est aussi au centre des objectifs de développement que nous nous sommes fixés. A cet effet, dans le cadre de notre programme énergétique, nous prévoyons la réalisation d’une dizaine de projets structurants.
Mais, il faut le dire sans ambages : pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement en matière d’énergie, nous avons besoin de la Communauté Internationale, particulièrement sur les plans technique et financier.
A cet effet, au Cameroun, nous recherchons activement les financements nécessaires tant au plan national qu’international. Je tiens à remercier tous nos partenaires au développement qui nous aident déjà dans ce sens, et je les invite à nous soutenir davantage, afin qu’ensemble nous puissions parer aux défis des changements climatiques.
Je vous remercie. »
Source : un article publié le 24 septembre 2009 sur le site de Crtv.
René Massé