La première pierre de la nouvelle centrale à gaz de Cote Matève, dite « Centrale Electrique du Congo », a été posée le 20 mai 2008. Sa production est essentiellement destinée aux industries extractives et de transformation en cours d’installation au Kouilou.
Ce projet « électricité à partir du gaz » est un projet éligible au Mécanisme de Développement Propre (MDP).
L’électricité, un secteur en difficulté structurelle
La production, le transport et la distribution du courant électrique au Congo en général et à Pointe Noire en particulier connaissent depuis plus de dix ans de nombreuses difficultés. Le déséquilibre entre l’offre et la demande est alarmant. Les équipements de la Société Nationale d’Electricité (SNE) sont obsolescents. Les défaillances techniques sont énormes et récurrentes. La couverture nationale est largement en deçà des besoins.
Aujourd’hui, les besoins d’énergie sont estimés à 80 MW pour Brazzaville et 70 MW pour Pointe-Noire. Ces estimations sont très sous-évaluées, Pointe Noire aurait besoin de 132 MW. Les prévisions de la demande pour les deux principales villes du pays d’ici 2015 est de 508,2 MW.
Afin de sécuriser l’approvisionnement du Congo en énergie électrique, l’Etat a pris des mesures structurelles et techniques :
- Libéralisation du secteur par la Loi N°14-2003 du 10 avril 2003 portant code de l’électricité,
- Réhabilitation des structures existantes,
- Mise en chantier du barrage d’Imboulou
- Mise en œuvre de divers projets en partenariat avec des opérateurs privés. Parmi ces derniers, le Groupe Eni, Compagnie pétrolière italienne, leader dans la génération d’électricité à partir du gaz, a construit la centrale à gaz de Djeno.
Le brûlage de gaz, ses effets sur l’environnement
La production congolaise de gaz associé au pétrole est très importante et généralement sous employée. Une partie très importante est brûlée à perte sur les lieux d’extraction. En 2001, la production annuelle congolaise de gaz associé à la production pétrolière a été estimée à près de 6,9 milliards de mètre cubes. D’après le rapport sur la valorisation du gaz congolais paru en 2003, son utilisation a été répartie de la façon suivante :
- Réinjection dans les gisements : 4,2 Mds m³
- Auto consommation : 0,6 Mds m³
- Torchage : 1,9 Mds m³
Le brûlage des gaz à la sortie des torchères des puits de pétrole contribue autant que le transport aérien au réchauffement climatique. Selon la banque mondiale, chaque année plus de 150 milliards de mètres cube de gaz sont brûlés aux torchères et rejetés dans l’atmosphère avec de nombreux impacts négatifs sur les écosystèmes et les vies humaines.
Sur le plan écologique, l’inventaire des sources anthropiques et des puits d’absorption des gaz à effet de serre réalisé au Congo en 1994 révèle dans le domaine des émissions de dioxyde de carbone CO2 (74,5%), de méthane (CH4 ; 21,84%), de l’hémioxyde d’azote, N2O (3,66%), des oxydes d’azote (NOx), et de composés organiques volatils non méthaniques.
L’utilisation des gaz actuellement brûlés pour la production d’électricité contribuerait à la réduction de la pollution atmosphérique, à la diminution du réchauffement de l’atmosphère et à la modération des changements climatiques. Outre ces aspects purement environnementaux, elle représente bien évidemment la valorisation d’une ressource non renouvelable jusqu’alors gaspillée.
La centrale à gaz
Au Congo, les torchages doivent totalement cesser dans l’ensemble du pays si l’on s’en tient au décret N°2007-294 du 31 mai 2007 fixant les règles relatives à l’utilisation et à la valorisation du gaz.
La construction, à Cote-Matève, entre Pointe-Noire et Djeno, d’une nouvelle centrale thermoélectrique à gaz de 300 à 450 MW. La SNPE (Société Nationale de Production d’Electric) en est le maître d’ouvrage et Eni Congo le maître d’ouvrage délégué. ENI Congo en est aussi le fournisseur en gaz puisqu’il proviendra du site d’exploitation de Boundi que la société italo-congolaise à racheté au franco-congolais Zetah M&P Congo voici environ un an. L’acheminent du gaz se fera par un gazoduc d’une soixantaine de kilomètres.
Ce projet permettra de valoriser le potentiel gazier à côté de celui du pétrole. Il contribuera de manière significative à la réduction des dégâts potentiels et réels sur l’environnement comme la détérioration de la couche d’ozone et les multiples impacts de l’émission de gaz à effet de serre. Sans éliminer totalement la pollution émanant de ce gisement, il permettra par l’utilisation de filtres, d’en réduire significativement l’importance.
Source : un article publié par David Bérenger Loemba le mercredi 21 mai 2008 sur le site Congopages.
René Massé