La GTZ publie une lettre d’information sur l’énergie en Afrique

GTZ Energy News n°5 d’avril 2007 présente huit articles dédiés à des projets énergie en Afrique.

Après une décade de relatif désintérêt, l’énergie est redevenue une priorité de l’agenda politique en Afrique. La fourniture d’énergie à un prix compétitif est un prérequis au développement économique et à l’intégration de ces économies africaines dans l’économie mondiale. Le développement local durale et la réduction de la pauvreté ne se feront pas sans l’approvisionnement des populations en services énergétiques, qu’il s’agisse de chaleur pour la cuisson des aliments ou d’électricité pour l’éclairage et la promotion d’activités génératrices de revenus.

L’Afrique est richement pourvue en ressources énergétiques, renouvelables et fossiles. Cette dernière édition de GTZ Energy News illustre quelques exemples de valorisation de ces ressources pour le développement social et économique. Ces réussites ont bénéficié de la combinaison d’une volonté politique, de capacités locales de programmation et de mise en oeuvre, d’innovations et d’un esprit d’entreprise.

René Massé

Étude de la faisabilité de la promotion du kérosène comme combustible domestique au Sénégal

Amadou Sow, Projet Sénégalo-allemand Combustibles domestiques, Transafricaine de Technologies. Bureau d’études et de réalisation, Dakar, août 1996, 98 pages

Le Sénégal fait face à la fois à une consommation élevée de combustibles ligneux et à une forte dépendance vis-à-vis des importations de pétrole. Pour les ménages, le bois énergie contribue pour plus de 90% à la couverture des besoins énergétiques. La surexploitation des ressources ligneuses a provoqué une déforestation inquiétante. Des efforts notables ont été faits pour promouvoir des combustibles de substitution, en particulier le gaz : les subventions nettes en 1995 atteignaient déjà plus de 4,5 milliards de FCFA.

A ce stade, des questions se posent naturellement sur les stratégies en matière de combustibles domestiques : quelle aurait été l’efficacité obtenue, si l’effort financier accompli en soutien du gaz avait été directement injecté dans la maîtrise de la filière bois-charbon de bois ? Quel serait l’impact, en termes de substitution au bois énergie, si cet effort financier état réalisé pour promouvoir une autre filière de substitution, comme le kérosène par exemple ?

Cette étude s’inscrit dans le cadre de ces interrogations majeures. Son objet est de cerner la faisabilité aux plans technique, économique et social, d’une politique de promotion du kérosène comme combustible domestique au Sénégal. Il s’agit d’évaluer les évolutions qu’imposerait ce développement aux acteurs publics et privés de toute la filière, d’amont en aval, et de considérer leurs intérêts, parfois divergent.

Une première partie analyse de la situation de la filière kérosène, et en particulier du point de vue de son utilisation domestique, du système de fixation des prix, du dispositif de distribution dans le contexte de libéralisation du secteur. Puis, l’étude présente les aspects techniques de l’utilisation du kérosène comme combustible domestique, comparant les performances des différentes technologies de réchauds, rappelant les expériences passées de promotion du kérosène au Sénégal… Les aspects sociaux sont analysés sous les angles de l’acceptabilité par les familles, de la sécurité et du prestige social. Enfin, quatre scénarii de prévisions de la demande de kérosène comme combustible domestique permettent d’apprécier le marché du kérosène en fonction de la politique tarifaire, et d’étudier les incidences économiques et commerciales de ces quatre profils de développement de la filière.

Ce document de 1996 demeure pleinement d’actualité. Au delà du cas spécifique du Sénégal, les outils méthodologiques utilisés ainsi que le substrat stratégique de ces analyses sont susceptibles d’intéresser tous les responsables de l’approvisionnement en combustibles domestiques des pays de cette région.

Amadou Sow, René Massé

Des outils de financement pour les projets biomasse énergie dans les pays du Sud

Conférence organisée par l’Institut technique européen du bois énergie (ITEBE) le jeudi 19 avril 2007 au parc des expositions d’Orléans, France.

Dans le cadre du projet ENEFIBIO, financé par le programme COOPENER de la Commission européenne, cette conférence présentera des outils et mécanismes disponibles pour financer des projets biomasse énergie dans les pays du Sud.

Le projet ENEFIBIO vise à favoriser l’efficacité énergétique dans les PME camerounaises et sénégalaises, par la valorisation énergétique de la biomasse énergie ; résidus agricoles, forestiers et agro-industriels, produits connexes de l’industrie du bois. Ce projet est mis en oeuvre par un Consortium coordonné par le CRA-W (Centre Wallon de recherches agronomiques, Belgique), et formé avec l’ITEBE (France), Environnement Recherche Action – ERA- du Cameroun, ENDA Tiers Monde du Sénégal, et Aide au développement (ADG) de Gembloux, en Belgique.

Cette conférence est une des manifestations d’un programme d’une semaine de visites d’installations et de sites bois énergie en France, organisé du 16 au 20 avril 2007.

Au cours de la conférence, les partenaires sénégalais (ENDA Energie) et camerounais (ERA) du projet ENEFIBIO présenteront des exemples d’application dans un pays sahélien, et dans un pays tropical humide. Le rôle de la coopération régionale sera également illustré par l’exemple de la coopération décentralisée de la Région centre française. Enfin, Planetfinance exposera la montée en puissance du micro-crédit dans les projets biomasse énergie.

Lamine Badji

Le Reboisement individuel : un élément clé de la filière bois énergie

Synthèse et recommandations de la Conférence : « Le Reboisement individuel : un élément clé de la filière bois énergie », qui s’est tenue à Antananarivo (Madagascar), le 21 et 22 mars 2007.

L’analyse du bilan énergétique à Madagascar montre que le bois est la source principale d’énergie domestique pour plus des 85 % de la population malgache, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Malgré les stratégies de substitution, le bois énergie va demeurer, pour plusieurs décennies, une source d’énergie essentielle pour la majorité de la population. Cela est du à la tendance haussière des prix des substituts (gaz butane) liée à l’évolution des prix pétroliers mondiaux.

Synthèse de l’analyse de la situation

A Madagascar, le bois énergie est la principale source d’énergie renouvelable. C’est aussi la plus accessible au budgets des ménages. Sa valorisation durable exige une stratégie et des actions qui visent simultanément l’ensemble des segments de la filière bois énergie : (i) en amont, au niveau de la ressource ; (ii) au niveau de la transformation ; (iii) de la commercialisation ; (iv) et en aval, au niveau des ménages.
En dépit de la complexité de la filière, les perspectives d’une gestion durable et plus efficace des ressources sont bien réelles. Sauvegarder les ressources naturelles malgaches, contribue aussi à la réduction de la pauvreté, notamment en milieu rural.

Les efforts antérieurs ont abouti à des résultats mitigés, faute de stratégie claire, de techniques adaptées et d’encadrement suffisant des acteurs principaux de la filière. Afin d’optimiser cette filière et d’assurer sa durabilité, les participants de la conférence, tenue à Antananarivo (Résidence d’Ankerana) du 21 au 22 mars 2007, ont émis les recommandations suivantes à l’attention des décideurs politiques et des partenaires au développement.

Recommandations

- 1. Instaurer des mesures régulatoires adaptées, est une condition préalable à la gestion durable du bois énergie (e.a. changement du cadre légal, taxation différentielle, contrôle).

- 2. Augmenter le rythme des reboisements par la capitalisation des expériences en cours, notamment celles de GREEN-Mad et leur extension à d’autres Régions à l’échelle nationale.
- 3. Favoriser la diffusion des meules améliorées compte tenu de leur impact primordial sur la ressource bois.

- 4. Professionnaliser les acteurs de la filière, notamment par la mise en place des marchés ruraux de bois-énergie.

- 5. Intégrer les stratégies de diffusion des foyers améliorés pour amoindrir les effets d’une hausse de prix au niveau des consommateurs urbains due à l’introduction de la taxation différentielle.

- 6. Opérationnaliser la planification sectorielle du bois énergie aux niveaux régional et national.

Hary Ratsifehera, Richard Knodt

Les Cahiers de l’énergie du Sahel

Publication périodique sur l’énergie de l’IAVS, Institut d’applications et de vulgarisation en sciences.

Institut d’applications et de vulgarisation en sciences (IAVS)

01 BP 6269 – Ouagadougou – Burkina Faso.

Courriel : iavs@refer.ne

Le Cahier de l’énergie du Sahel est l’outil d’information et de communication de l’Institut d’applications et de vulgarisation en sciences (IAVS). Ce mensuel couvre les thèmes suivants :

  • Les politiques énergétiques au Sahel ;
  • Les sources d’énergie au Sahel ;
  • L’éducation relative à l’énergie ;
  • Sciences et technologies de l’énergie au Sahel ;
  • L’énergie et ses interrelations avec les autres secteurs socio-économiques.

Les deux premier Cahiers sont proposés en téléchargement ci-dessous. A leurs sommaires :

-1. Cahier de l’énergie au Sahel n°1, d’avril 2006 :
- > Energie et désertification au Sahel,

- > Politique des énergies renouvelables au Niger,

- > Inventaire et analyse des pratiques en matière d’énergie dans les activités à faible génération de revenus en milieu urbain au Burkina Faso : cas des villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.

 

- 2. Cahier de l’énergie du Sahel n°2, décembre 2006 :

- > Renforcement des capacités institutionnelles et scientifiques des états du Sahel à formuler des politiques énergétiques en relation avec les objectifs de réduction de pauvreté,

- > Développement et gestion rationnelle des ressources énergétiques au Sahel dans le cadre du programme d’action sous-régionale de lutte contre la désertification en Afrique de l’Ouest et au Tchad (PASR/AO),

- > Stratégie nationale des énergies domestiques au Niger.

Pour plus d’information, voir le site de l’IAVS.

René Massé

Gazéification de charbon de bois à la vapeur d’eau : de la particule isolée au lit fixe continu

Face à la croissance de la demande énergétique mondiale et la récente prise de conscience des problèmes d’augmentation de l’effet de serre et d’épuisement des ressources fossiles, les énergies renouvelables suscitent aujourd’hui un intérêt sans égal. Dans ce contexte, la biomasse présente un potentiel important, et des technologies de valorisation efficaces, comme la gazéification, émergent et encouragent le développement de cette filière.

Thèse soutenue par Mlle. Floriane de Mermoud, Laboratoire Biomasse énergie du Cirad, 2006.

Introduction : la gazéification, principe et historique

La gazéification est un traitement thermochimique qui convertit un solide carboné en un gaz combustible chargé en hydrogène et en monoxyde de carbone. La valorisation de ce gaz se fait aujourd’hui principalement dans des unités de cogénération, mais les possibilités de couplage avec les piles à combustibles ou les réacteurs de synthèse de biocarburants liquides laissent envisager un bel avenir à cette filière.

La gazéification a été développée significativement depuis l’entre deux guerres, avec une puissance mondiale installée de 45 GWth en 2004. Cependant, les installations existantes fonctionnent essentiellement au charbon minéral : l’application à la biomasse se heurte à certains verrous technologiques. Le manque de démonstrations dans le domaine de la gazéification de biomasse aboutit à une stagnation de la filière.

C’est dans ce contexte que l’Union européenne, dans le cadre du 5ème Programme cadre de recherche et développement technologique, a décidé de soutenir la recherche dans ce domaine au travers du projet Lift off. L’objectif du projet est la conception et la réalisation au Danemark d’une installation de démonstration en lit fixe de 2 MWth, permettant la cogénération d’électricité et de chaleur à partir de bois.

Objectif de la thèse

Cette thèse s’inscrit dans une démarche d’appui à la conception et à l’optimisation des procédés de gazéification en lit fixe continu. En effet, si la gazéification de bois est étudiée depuis de nombreuses années en laboratoire ou sur des installations pilotes, le passage à l’échelle industrielle rencontre des difficultés technologiques.

Lorsque la taille du lit fixe augmente, la perte de charge à travers le lit, engendrée par le tassement des cendres, devient trop importante et des passages préférentiels pour les gaz se créent au sein du lit. Ces phénomènes entraînent une limitation de la réaction et donc une chute du rendement de l’installation.

L’objectif de ce travail est d’atteindre une compréhension plus fine du comportement du lit fixe continu pendant la gazéification, nécessaire pour dépasser les difficultés évoquées ci-dessus.

Contenu

Le travail réalisé dans le cadre de cette thèse se décompose en cinq parties :

Le chapitre I décrit les enjeux de la gazéification de la biomasse : tout d’abord sur le plan environnemental, avec les engagements de réduction des émissions de gaz à effets de serre ; puis, sur le plan énergétique, avec l’importance et la variété du gisement disponible ; sur le plan économique ensuite, avec les opportunités de développement rural et d’indépendance énergétique ; enfin, sur le plan industriel, avec le développement de nouvelles technologies énergétiquement performantes.

Le chapitre II est consacré à une étude bibliographique des phénomènes mis en jeu lors de la gazéification d’une particule de charbon de bois à la vapeur d’eau. Les caractéristiques du bois ainsi que le déroulement de la phase de pyrolyse sont tout d’abord décrits. La gazéification à la vapeur d’eau est ensuite spécifiquement étudiée. Les différents phénomènes de cinétique chimique, de transferts thermiques et massiques et d’adsorption des réactifs à la surface des pores sont détaillés.

Le chapitre III présente une étude expérimentale sur la gazéification d’une particule de charbon à la vapeur d’eau. L’influence de la vitesse de chauffe pendant la pyrolyse sur les propriétés du charbon est tout d’abord mise en évidence. Une étude paramétrique a ensuite été réalisée sur un dispositif expérimental de type « macro-TG ». L’influence
de paramètres tels que la température (830-1030°C), la pression partielle de vapeur d’eau (0,1-0,4 atm), la taille des particules (10-30 mm), ou la vitesse de chauffe pendant la pyrolyse est soulignée. La recherche d’un critère de surface réactive est également entreprise.

Le chapitre IV expose un modèle numérique de gazéification d’une particule de charbon de bois. La confrontation avec les résultats expérimentaux permet de déterminer les paramètres cinétiques de la réaction de gazéification à la vapeur d’eau. L’interprétation des résultats a amené l’auteur à conclure quant à la situation thermochimique de la particule au cours de sa gazéification. Ce modèle sera à la base d’un modèle de lit fixe.

Le chapitre V décrit le réacteur pilote conçu et réalisé dans le cadre de ce travail. Il s’agit d’un réacteur en lit fixe continu reproduisant la seule phase de gazéification d’un procédé complet. Les résultats des premiers tests de gazéification en lit fixe continu sont rapportés et permettent de valider la pertinence et l’intérêt d’un tel dispositif.


L’intégralité de la thèse est à télécharger ici

Jérome Levet, René Massé

Activités rémunératrices : études de projets énergie impliquant des femmes dans huit pays d’Afrique et d’Asie

Auteurs : Salome Misana and Gail V. Karlsson, 2001, UNDP, 95 pages

Région : Afrique, Asie, février 2005

Cette publication du PNUD analyse huit projets énergie-femmes mis en œuvre en Afrique du Sud, au Bangladesh, au Ghana, au Kenya, au Malawi, au Mali, au Népal et en Ouganda. Il propose des exemples concrets pour améliorer l’accès des femmes les plus pauvres à des services énergétiques accessibles et montre comment cela permet d’initier du développement local, en créant des revenus, en responsabilisant les femmes dans leur milieu social.

A partir de ces retours d’expériences, le document dénonce les aspects critiques dans la conception des projets et des politiques de l’énergie qui nuisent à l’amélioration de l’accès de femmes aux services énergétiques modernes en zones rurales.


Cette publication a été préparée dans le cadre d’un projet du PNUD intitulé « Energy and Women : Generating Opportunities for Development ». Ce projet a été initié en février 1999, avec le support de SIDA – Swedish International Development Cooperation Agency – et du programme Sustainable Energy Global de l’UNDP.

Cette publication (en anglais) du PNUD propose une lecture critique des options conceptuelles des projets et politiques visant à améliorer l’accès des femmes aux services énergétiques fondée sur l’étude des huit expériences suivantes :

  • Bangladesh : utilisation de lampes alimentées par des batteries, un projet conduit par des femmes, par Hasna J. Khan ;
  • Ghana : énergie pour des entreprises rurales féminines, par Anokte Mensah ;
  • Kenya : projet de foyer Upesi, par Beatrice Khamati Njenga ;
  • Malawi : programme Ndirande Nkhuni de briquette de biomasse, par Malla Mabona ;
  • Mali : plateforme multifonctionnelle pour les villages, par Nalini Burn et Laurent Coche ;
  • Nepal : programme de développement micro-hydro en zone rurale, par Arzu Rana-Deuba ;
  • Afrique du Sud : impact du groupe femme – énergie sur la politique nationale, par Wendy Annecke ;
  • Ouganda : projet d’électrification rurale photovoltaïque, par May Christine Sengendo.

René Massé

Conférence "Le reboisement individuel, élément clé de la filière bois énergie" à Antananarivo (Madagascar)

21 et 22 mars 2007 – Le Programme « Protection et gestion durable
des ressources naturelles » de la GTZ Madagascar, en partenariat avec le ministère de l’Énergie et le ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts, organise une conférence sur la thématique du bois énergie intitulée : « Le reboisement individuel – élément clé de la filière bois énergie ».

Conférence organisée par le Programme « Protection et gestion durable des ressources naturelles » de la GTZ Madagascar.

Thèmes

A cours de la conférence, les thèmes suivant seront abordés :

  • Le charbon de bois – importance et perspectives pour Madagascar ;
  • Le marché du charbon de bois ;
  • Les démarches pour le reboisement individuel villageois ;
  • La durabilité des reboisements et leur gestion ;
  • Les mesures d’accompagnement favorisant la production durable de charbon de bois ;
  • Les conditions cadres pour la réussite du reboisement et la garantie de l’efficacité de la filière charbon de bois.

Lieux et dates

La conférence se tiendra à la Résidence Ankerana à Antananarivo (Madagascar), les 21 et 22 mars 2007.

Public visé et participation

Cette conférence s’adresse en priorité aux acteurs nationaux, publics et institutions intervenant dans la filière charbon de bois et surtout dans le reboisement à vocation énergétique à Madagascar. Afin de favoriser un échange plus large, des acteurs concernés par la filière venant d’autres pays partenaires sont invités à y participer.

Pour des raisons d’organisation, les participants doivent confirmer leur
présence par couriel à l’adresse : greengtz@wanadoo.mg avant le 15 mars 2007.

Le bulletin d’invitation à la conférence est à télécharger ci-dessous :

Jérome Levet, René Massé

Les systèmes d’information énergétique – SIE

un point sur les SIE

Un système d’information énergétique (SIE) rassemble un vaste ensemble d’informations et de données sur les énergies.

Le SIE permet aux responsables en charge des questions énergétiques de prendre en compte les préoccupations du développement durable, de promotion des ressources énergétiques nationales, d’accès des populations défavorisées aux services énergétiques et d’efficacité dans la définition de la politique nationale du secteur.

A cette fin, des indicateurs tels que le taux d’accès aux énergies commerciales, le taux de couverture de la demande en bois-énergie par l’offre forestière et l’évolution des consommations des ménages par type d’énergie en zone rurale,… sont développés et actualisés au fil des ans.

Un système d’information énergétique permet aussi d’expliciter et de contrôler les objectifs de politiques nationales de l’énergie, notamment celles d’accès des populations aux services énergétiques.


Pour en savoir plus :

> télécharger le document « Liaison Énergie-Francophonie numéro 59 » de 2003 traitant des SIE ; ;

> voir l’article de l’annuaire du programme SIE-Afrique.

Gret, Jérome Levet

Comment établir le bilan CO2 des filières biomasse-énergie

Bilan CO2 des filières de valorisation énergétique de la biomasse : approche méthodologique. Pépin Tchouate.

La prise en compte des aspects environnementaux dans les projets de production d’énergie devient inévitable et même conseillée si l’on souhaite bénéficier des financements liés aux crédits carbone. Cet article propose une démarche succincte pour l’élaboration du bilan CO2 d’un projet de production décentralisée d’électricité à partir de la biomasse.

1. Introduction

La valorisation énergétique de la biomasse est l’une des utilisations de la biomasse. Elle consiste à utiliser la biomasse à des fins énergétiques, soit de manière brute dans le cas du bois de feu, soit en utilisant les techniques de conversion plus évoluées. Les préoccupations environnementales de la dernière décennie ont accru l’intérêt pour l’exploitation rationnelle des ressources énergétiques dans le but ultime de diminuer la pollution due aux émissions de gaz à effet de serre en général, et au CO2 en particulier. Les filières de valorisation énergétique de la biomasse sont nombreuses et offrent des alternatives à la production classique d’électricité et de chaleur. Elles ont l’avantage d’être courtes en comparaison aux filières classiques. Par cette contribution, l’auteur présente une approche méthodologique d’évaluation du bilan CO2 des filières biomasse-énergie dans le contexte africain en particulier.

2. Pourquoi faire le bilan CO2 ?

L’intérêt du bilan CO2 des filières de conversion énergétique de la biomasse est d’évaluer le gain en émission par rapport à l ‘utilisation des énergies fossiles.

En général, toute filière biomasse-énergie peut être structurée en plusieurs étapes plus ou moins distinctes.

Les filières se distinguent par les technologies de conversion de la biomasse en énergie finale qui impliquent à leur tour des exigences sur la biomasse en tant que combustible. Si la politique énergétique à mener vise la réduction des émissions de CO2, le bilan CO2 est un moyen pour faciliter le choix de la filière et des options technologiques puisque certaines filières telle la production d’électricité par gazéification présente diverses options.
Certaines sources de financement (GEF, CDM, …) ont vu le jour dans la foulée des préoccupations environnementales. Elles conditionnent leur financement à la réduction des émissions des gaz à effet de serre à procurer par le programme ou projet. Ainsi, le bilan CO2 peut permettre aux Etats et gouvernements africains de sélectionner les projets ou programmes énergétiques qualifiables à ces types de financement.

3. Comment évaluer le bilan CO2 ?

La méthodologie proposée ici consiste en une analyse complète de la filière, chaque étape étant considérée comme un système entier ayant un ou plusieurs inputs et produisant de la biomasse ou de l’énergie comme outputs. A chaque étape, on peut distinguer les inputs directs et les inputs indirects. Après avoir estimé la valeur spécifique de fuel, matériaux et machines constituant les inputs d’un système, ces quantités sont converties en émissions directes et indirectes en les multipliant par les besoins spécifiques nécessaires.

Dans ce qui suit, est présenté pour chaque étape, un inventaire non exhaustif des points à considérer :

a) Production

  • Matériels : En cas d’utilisation des fertilisants, par exemple, si la biomasse provient de cultures énergétiques, il faudrait savoir que la consommation spécifique d’énergie lors de la fabrication des engrais est fonction du type :
  • Engrais azoté : 36-104MJ/kg m.a,
  • Engrais phosphaté : 8-16MJ/kg,
  • Engrais au potassium : 5-10MJ/kg
  • Comment s’effectue le transport des fertilisants de l’usine jusqu’à la plantation ? Quelle est la consommation spécifique du moyen de transport utilisé ?
  • Herbicides ou désherbage manuel ?
  • Engins de mécanisation ?
    La consommation spécifique de chaque matériel et engins de mécanisation utilisés, leur quantité et le type de fuel en présence permet le calcul du CO2 équivalent de l’étape. Le CO2 équivalent ainsi calculé est rapporté à l’unité de l’output du système qui constitue l’input du système correspondant à l’étape suivante.

b) Récolte

La coupe de biomasse est-elle manuelle ou y-a-t-il utilisation d ‘une scie à moteur, auquel cas il faut évaluer sa consommation spécifique et en déduire le CO2 équivalent.

c) Collecte

La biomasse peut provenir du ramassage de bois mort en forêt, des résidus de transformation des scieries ou menuiseries ou encore des résidus agricoles. Dans ce cas, il faut identifier les consommations énergétiques correspondant à cette étape et les ramener à la quantité de biomasse obtenue.

d) Transport

Le transport de combustible peut constituer une étape très consommatrice d’énergie, donc émettrice de CO2. Cette consommation dépend des moyens de transport utilisé qui peuvent être des vélos, des charettes, des cars, des camionnettes de type pick-up ou des camions. Le choix du moyen de transport dépend :

  • de la distance : on parle de transport local si le rayon est inférieur à 5km et régional s’il est compris entre 5 et 30km),
  • et du volume à transporter, fonction de la taille de la centrale à fournir.La consommation en carburant du véhicule ramenée à la quantité de biomasse transportée permet de calculer le CO2 équivalent. Il convient de ne pas tenir compte de la quantité de CO2 émise lors de la fabrication du véhicule, ce qui compliquerait les calculs et conduirait à un double comptage.

e) Séchage

Certaines filières de conversion énergétique de la biomasse imposent l’utilisation d’un combustible suffisamment sec. C’est le cas par exemple de la gazéification à lit fixe à tirage descendant exigeant un degré d’humidité de la biomasse inférieur à 20% sur matière sèche. Ceci implique un séchage qui peut être naturel, c’est-à-dire à l’air libre, ou artificiel. Le séchage artificiel consiste à placer la biomasse humide dans un séchoir et la soumettre à l’action forcée d’un courant d’air chaud, ce qui génère des besoins importants en électricité et en chaleur. Dans ce cas, des ratios de consommation énergétique dépendant du type de séchoir permettent d’évaluer la consommation énergétique par unité de matière sèche (MS) et d’en déduire le CO2 équivalent.

f) Broyage

De même, certaines technologies ont des exigences sur la granulométrie et nécessitent un broyage du combustible-biomasse qui peut alors s’effectuer par fente manuelle ou à l’aide d’un broyeur industriel ; dans ce dernier cas, il convient de calculer la consommation énergétique par unité de MS et d’en déduire le CO2 équivalent.

g) Stockage

Le calendrier de disponibilité de certaines biomasses implique la nécessité d’un ou plusieurs lieux de stockage, d’autant plus que la fiabilité de la production d’énergie en dépend. L’organisation du stockage suppose la construction d’un bâtiment dont le type implique l’utilisation d’une certaine quantité de ciment, de métaux ou d’autres équipements requérant une consommation d’énergie. En fonction de la taille de l’installation, le ratio énergie consommée sur la quantité de biomasse stockée peut être négligeable comme aussi par conséquent les émissions de CO2. Il faut bien garder à l’idée que le local de stockage a une durée de vie supérieure à 20 ans et qu’il faudra calculer l’émission spécifique de CO2 en tenant compte de la quantité de biomasse à stocker pendant ces 20 ans.

h) Conversion énergétique de la biomasse

L’évaluation du bilan CO2 de l’unité de conversion va dépendre du type de technologie, du rendement énergétique de production, des matériels et des consommations annexes.

Tous ces éléments permettent d’évaluer la consommation d’énergie et par conséquent de CO2 émise par unité d’énergie produite et de conclure le bilan CO2 de toute la filière.

Généralement, on considère que l’étape de conversion de la biomasse en énergie présente un bilan nul en CO2 puisque le CO2 émis pendant cette conversion correspond à celui que la plante a capturé lors de sa croissance. En effet, le cycle de la plante à la conversion du bois est très court par rapport à celui des énergies fossiles, quelques années par comparaison à des millions d’années pour le cycle de carbone issus des énergies fossiles. On considère aussi que le bois, même si on le laisse pourrir en forêt, va restituer la même quantité de CO2 que lors de sa combustion, peut-être à un rythme plus lent. Ainsi, l’étape de conversion de biomasse ligneuse en énergie ne contribue pas au réchauffement climatique, à condition que des mesures de substitution soient mises en place, ce qui est le cas pour les cultures de plantes énergétiques à courte rotation.

4. Comparaison diesel

Etant donné que l’électricité, dans beaucoup de pays africains, est produite avec des groupes électrogènes consommant du diesel, les chiffres ci-après permettent de calculer le bilan CO2 de la filière de référence à laquelle la filière biomasse se substituerait. Ceci permet d’évaluer l’économie d’énergie et par conséquent la quantité de CO2 évitée par l’introduction d’une filière biomasse-énergie.

Il faut savoir que :

  • La production d’un Giga Joule (GJ) de diesel nécessite la consommation de 0,1 à 0,22 GJ d’énergie.
  • L’exploitation, le transport et le conditionnement d’un GJ de diesel émet 4,5 à 18,7 kg de CO2
  • La combustion dans un groupe électrogène produit 74 kg de CO2 par GJ

5. Conclusion

La méthodologie présentée se base sur l’analyse du cycle de vie et pourrait permettre aux porteurs de projets et aux décideurs en matière de politique énergétique, de faire un premier tour de la question de caractérisation, de définition et de qualification des programmes ou projets de conversion énergétique de la biomasse dans leur politique environnementale. L’auteur espère ainsi apporter sa contribution aux problématiques de l’énergie et de l’environnement sur le continent africain.

6. Références

  • Sintzoff I., Dubuisson X. (1998) ; Energy and CO2 balances in different power generation routes using wood fuel from short rotation coppice. Biomass and Bioenergy Vol. 15, pp. 379-390.
  • Sorensen, B. (1992), What is life-cycle analysis ?, in Expert workshop on LCA of energy systems, 21-22 May 1992, Paris, France, pp 238-245.
  • Tchouate Heteu P. et al, (1999), Production intégrée d’électricité par gazéification de la biomasse au Burkina Faso : étude de préfaisabilité, rapport final, p. 125.

Pépin Tchouate