Analyse de Cycle de Vie appliquée aux biocarburants de première génération consommés en France

Cette synthèse de l’Ademe explique en détail la méthodologie utilisée et ses limites, puis des tableaux de résultats chiffrés par biocarburants, enfin des analyses très nuancées. Ce document invite à approfondir certaines pistes et met en garde contre des interprétations trop rapides des résultats, considérés comme très sensibles aux hypothèses conservatives utilisées.

Methodologie

En 2008, l’ADEME avait animé un travail préalable pour élaborer un Référentiel qui définissait des recommandations pour la réalisation d’Analyse de Cylce de Vie (ACV) appliquées aux biocarburants de première génération en France. Ce référentiel est téléchargeable sur cette page du site de l’ADEME. La présente étude s’est appuyée sur ces recommandations.

Elle couvre l’ensemble des biocarburants disponibles sur le marché français :

  • Les filières bioéthanol : betterave, maïs, blé, canne à sucre en incorporation directe ou sous forme d’ETBE (éthyl tertio butyl ether) ;
  • Les filières biodiesel : colza, tournesol, soja, palme, graisses animales et huiles alimentaires usagées ;
  • la filière Huiles Végétales Pures (HVP).

Pour disposer de référence, les carburants fossiles ont également été étudiées : les filières pétrolières de production de diesel et d’essence ont été prises en compte sous deux spécifications : EURO4 et EURO5.

Enfin, cette étude a couvert deux types de carburant pour chaque biocarburant :

  • un niveau d’incorporation de 10% en volume ;
  • un niveau d’incorporation plus élevé.

Cinq indicateurs d’impacts environnementaux ont été analysés :

  • Un indicateur de réchauffement climatiques : les émissions de Gaz à Effet de serre ;
  • Un indicateur d’impact contribuant à l’épuisement des ressources non renouvelables : la consommation d’énergie non renouvelable ;
  • Deux indicateurs d’impacts sur la santé humaine : l’Oxydation photochimique et la toxicité humaine ;
  • L’eutrophisation : l’eutrophisation est une des étapes du processus naturel qui transforme lentement les lacs peu profonds en marais, puis en prairie et finalement en forêt.

Tous les calculs ont été faits pour une unité fonctionnelle standard : « parcourir un kilomètre ».

Les résultats

Ils ont été calculés pour chaque biocarburant, sur l’ensemble de leur cycle de vie (« du champ à la roue ») et sur les cinq indicateurs présentés ci-avant. De nombreux tableaux récapitulent ces résultats : on retiendra de l’analyse qui conclue ce rapport les points suivant :

  • Consommation d’énergie non renouvelable : l’ensemble des biocarburants présente des bilans bien plus favorables que leurs homologues fossiles ;
  • Emissions de gaz à effet de serre : hors prise en compte de l’impact sur le réchauffement de changements d’affectation des sols, l’ensemble des biocarburants présente des bilans moins émissifs que les carburants fossiles : entre 20 et 40 g CO2equivalent/MJ contre 96 à 100 respectivement pour le diesel et pour l’essence ; Ce résultat est très nuancé par les rédacteurs de l’étude qui indiquent que « le niveau exact de réduction est délicat à évaluer et dépend fortement du rendement agricole à l’hectare, des apports d’engrais et émissions NéO afférentes, ainsi que de l’intensité et les sources énergétiques du procédé de transformation ».
  • Potentiel d’oxydation photochimique : les biodiesels français sont légèrement plus émetteurs de molécules à pouvoir photooxydant que les carburants fossiles. Les autres esters ont des niveaux inférieurs, notamment les huiles usagées et graisses animales ;
  • Potentiel de toxicité humaine : pour les esters, le bilan présente des valeurs négatives sur ce potentiel de toxicité. Le potentiel de toxicité pour les éthanol et les essences est plus faibles que pour les diesels
  • Potentiel d’Eutrophisation : avec des niveaux 10 fois plus élevés que les carburants fossiles, aussi bie pour les éthanols que pour les esters, les biocarburants présentent des bilans défavorables pour cet indicateur.

Limites de l’étude

  • Il n’existe pas en France de valeurs de facteurs d’émission ou de modèle actualisé, validé et reconnu au niveau international. L’étude est restée proche des travaux du GIEC en retenant des valeurs située dans la fourchette haute des émissions mesurées aux champs ;
  • L’étude n’a pas pris en compte les amortissements des sites industriels de production, etc.
  • Surtout, cette synthèse de l’étude n’a (finalement) pas pris en compte l’impact environnementale d’un éventuel changement d’affectation des sols, qui avait été évalué dans l’étude complète. C’est le point le plus critiqué de cette synthèse par les organisations environnementales, qui affirment : « si l’on intègre l’effet du changement d’affectation des sols indirect, calculés dans le rapport complet, le bilan d’émission de gaz à effet de serre de l’huile de colza produite en France est le double de celui du diesel qu’il remplace ». La synthèse de l’Ademe publiée attire cependant l’attention sur l’impact très négatif que semblable changement pourrait avoir sur les bilans, en particulier dans le cas d’une déforestation pour produire des biocarburants : elle rapporte :
  • « Les changements d’affectation des sols peuvent venir modifier grandement ces résultats, voire pourraient potentiellement les inverser » ;
  • Plus loin, la synthèse parle à ce sujet de « zones d’ombre », qui devraient faire l’objet de « travaux spécifiques » ;
  • Pourtant, l’étude complète, dont une partie des conclusions n’a pas été publiée, fournit des résultats accablants.

« Analyse de Cycle de Vie appliquée aux biocarburants de première génération consommés en France. Synthèse. »

Etude réalisée pour le compte de l’ADEME, du Ministère de l’Écologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer, du Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, et de France Agrimer par Bio Intelligence Service, Direction des Energies Renouvelables, des Réseaux et Marchés énergétiques – ADEME, Septembre 2009, 26 pages

Création d’une huilerie rurale : conseils opérationnels et estimation des coûts

Le concept d’huilerie développé par Performances dans le cadre du programme EESF vise à valoriser la production agricole existante (arachide, sésame) et à produire l’énergie nécessaire (à partir de plantations de Jatropha) pour améliorer des conditions de vie et développer les capacités économiques des populations rurales de façon durable.

Investissement

Le coût d’une unité artisanale de production d’huiles végétales de qualité, d’une capacité de traitement de 30 à 40 kg/heure de graines s’élève environ à 70-80 MFCFA (120.000 €).

Ce coût n’inclut pas les infrastructures (bâtiment, approvisionnement en eau et en énergie), ni la formation initiale des techniciens, qu’il sera important de ne pas sous-évaluer. En effet, pour une production d’huiles alimentaire et/ou biocarburants de première qualité, il est indispensable d’assurer le maintien d’un environnement propre : les aménagements doivent être conçus pour limiter les contaminations par les poussières, faciliter l’évacuation des tourteaux et sédiments ainsi qu’un entretien régulier de l’ensemble de l’installation (sols, équipements, cuves…).

L’investissement se répartit approximativement entre trois niveaux complémentaires de mise en œuvre, de 25 à 30 MFCFA chacun (40.000 €).

1er niveau d’opération : extraction, décantation

La solution retenue pour une production de type artisanal est une presse à vis à tube : elle est économique, adaptable à une grande variété de graines grâce à la facilité de ses ajustements (longueur de la chambre d’extraction, diamètre de la buse de sortie), simple d’entretien et bien adaptée à un système de production discontinu (très peu d’impuretés se trouvant dans un état colloïdal, la décantation est rapide).

Pour assurer la qualité de l’huile produite et un bon fonctionnement de la presse, celle-ci devra être alimentées en graines dépoussiérées, présentant un taux d’humidité de 6% environ : attention donc aux reprises d’humidité pendant le stockage.

La décantation se fait au niveau de 3 cuves en plastique alimentaire de 300 l en série. Avec un débit de 10 l/h et un fonctionnement moyen de 6 heure/jour, la durée de la décantation est d’environ 2 semaines. Elles sont équipées d’un système de vidange par le bas afin de faciliter l’évacuation des sédiments et leur lavage.

La presse est conçue pour fonctionner en continu (elle est alimentée par une trémie lui donnant une autonomie d’une journée, ou directement à partir d’un silo à grains) : le coût d’amortissement de l’installation est inférieur à 100 FCFA par litre d’huile produit (0.15 €).

Si l’objectif est la satisfaction de besoins locaux (à l’échelle d’un village ou d’une zone de production), l’activité peut se limiter à ce niveau : la production, en ce qui concerne l’huile biocarburant, est d’un niveau de qualité suffisant pour alimenter des groupes électrogènes, des équipements agricoles, ou des réchauds pour la cuisine. Les sous-produits sont utilisés ou transformés sur place (tourteaux, production de savon à partir de sédiments).

2ème niveau d’opération : filtration, stockage

L’objectif est d’élever le niveau de qualité des huiles non consommées au niveau des zones de production, en vue de leur commercialisation sur le marché national.

Une attention particulière doit être apportée au stockage, avant ou après filtration : sa durée doit être réduite car les huiles végétales, en général riches en acides gras insaturés, sont instables, et dans tous les cas assurer une bonne protection contre la lumière, le contact avec l’air et l’humidité (risques de condensation par variations de température…).

La filtration est réalisée par une combinaison de filtres à poche et à cartouches jusqu’à 1µ voire 0.5µ. Elle peut avoir lieu au moment de la livraison, ce qui permet d’accroître le temps de décantation (le taux de phosphore diminue avec la durée de décantation). L’intégration d’un piège à eau dans le circuit garantit une qualité maximale à la livraison.

L’unité de filtration est mobile et a une capacité de traitement élevée (100 à 400 l/heure) ; elle peut (doit) donc être utilisée en commun par plusieurs unités de niveau 1. Le coût d’amortissement de ces équipements est alors d’environ 30 FCFA par litre d’huile produit (moins de 5 centimes d’euro).

A ce niveau de qualité, l’huile est vendue en gros à des distributeurs (huile alimentaire, huile biocarburant) ou transformateurs (production de savon à partir de l’huile, de biodiesel…).

3ème niveau d’opération : commercialisation

La maîtrise de la commercialisation de la production demande des équipements et des moyens logistiques complémentaires (véhicule, contrôle qualité, conditionnement…).

La qualité de l’huile obtenue par les procédés ci-dessus (première extraction à froid et filtration fine) répond aux normes internationales en matière d’huiles végétales pures à usage de biocarburant (jatropha) ou d’huiles vierges alimentaires (arachide, sésame).

L’intégration d’activités de transformation (production de savon, formulation insecticide, …) et de conditionnement des huiles, sous-produits, produits transformés (emballage, étiquetage) aura pour objectif de développer et de promouvoir l’image de l’activité, élément essentiel de sa pérennisation.

 

Mali : enjeux des agrocarburants pour les paysans maliens

Ce document présente les résultats d’une consultation menée au Mali en 2009, par le GERES, auprès de paysans et d’acteurs institutionnels locaux sur les risques/opportunités de la culture du Jatropha. Ce document est le fruit d’une réflexion transversale sur les risques et opportunités des filières Jatropha au Mali. Quatre projets « agrocarburant » se sont prêtés à cette consultation : Mali Folke Center, Jatropha Mali Initiative, Mali Biocarburant, GERES Mali.

Il livre dans une première partie les résultats des consultations locales et restitue dans une seconde partie les échanges entre les participants de l’atelier national.

« Les enjeux des agrocarburants pour le monde paysan au Mali »

GERES – iied – CFSI, Août 2009, 52 pages

 

Burkina Faso : Conférence internationale : "Les biocarburants : facteur d’insécurité ou moteur du développement ?"

Le 2iE, le CIRAD et le MMEC organise cette seconde Conférence internationale les 10, 11 et 12 novembre 2009, à Ouagadougou.

Le Contexte

La première conférence sur les « Enjeux et perspectives des Biocarburants pour l’ Afrique », organisée en novembre 2007 à Ouagadougou a mis en évidence les opportunités que pouvaient représenter les biocarburants pour le continent africain.

Depuis cette première conférence, le contexte mondial a changé. En effet, dans un contexte mondial de hausse des prix des matières premières et sur fond de crise alimentaire et financière, les enjeux liés aux biocarburants ont évolués. L’Afrique, pour qui l’accès à l’énergie reste un sujet difficile à résoudre, porte un intérêt croissant aux solutions innovantes et diversifiées proposées par les biocarburants. Lorsque des voix au Nord appellent à un moratoire sur les biocarburants, et font valoir les problèmes liés à l’occupation des terres sans jamais remettre en question les systèmes agricoles en place, l’Afrique se défend de proscrire les biocarburants. En effet, comme l’agriculture africaine reste peu intensive, les bioénergies pourraient être une solution à l’essor des filières agricoles et un mécanisme efficace de lutte contre la pauvreté quand des terres restent assez largement disponibles.

Cette logique ne pourra se faire sans la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire précis, et d’une approche régionale sous l’égide de la CEDEAO et de l’ UEMOA. Cette démarche permettra de mutualiser les expériences et de travailler à la normalisation et à la certification des projets africains selon des critères spécifiques prenant en compte leurs contraintes socioéconomiques et la nature de leur environnement.

De même, les conclusions des recherches menées autour des impacts environnementaux, sociaux et économiques des biocarburants doivent à présent permettre aux acteurs de l’Afrique de trancher ces questions afin de se positionner sur l’échiquier mondial et de défendre « un point de vue Africain ».

Les objectifs

Compte tenu de la dynamique engagée et des besoins d’information technique sur les performances possibles des biocarburants (agronomie, carburants, moteurs…) manifestés, il est apparu utile de jalonner le développement des biocarburants par une nouvelle rencontre rassemblant l’ensemble des acteurs de la filière.

Ainsi, afin de continuer dans cette dynamique permettant de faire le point des acquis et de créer une communauté de réflexion et d’échanges entre les différents acteurs impliqués, la conférence propose cette année de poursuivre les objectifs suivants :

1. Faire le point sur la responsabilité des biocarburants sur la hausse des prix des denrées de première nécessité ainsi que sur la crise alimentaire ;

2. Proposer une analyse des usages et applications des biocarburants par filières selon les stratégies nationales de développement pouvant être mises en œuvre ;

3. Discuter les verrous et les risques associés aux choix techniques d’usages et d’applications des biocarburants et les mettre en balance avec les opportunités, et

4. Présenter les méthodologies et outils d’évaluation existants afin de déterminer de manière rigoureuse les impacts des biocarburants sur l’environnement, l’économie et les aspects sociaux.

Le programme

La conférence Biocarburant sera organisée du 10 au 12 Novembre 2009 à Ouagadougou sous forme de 4 sessions thématiques, une table ronde et un atelier :

* Session I : Biocarburants, quelle responsabilité dans la crise alimentaire ?

* Session II : usage & applications des biocarburants & stratégies nationales de développement.

* ession III : Biocarburants, facteurs d’insécurité ou moteur de développement ?

* Forum de mise en relation des porteurs de projets avec les bailleurs : Finance Carbone ;

* Session IV : Méthodologies d’évaluation des impacts.

Pour plus d’informations

Vous pouvez visiter le site de la Conférence, où vous pourrez :
- Télécharger le programme provisoire (il est aussi proposé ci-dessous) ;

- Vous pré-inscrire à la Conférence, ou encore

- Poser vos questions au secrétariat de la Conférence.

René Massé

France : avec BioTfuel, l’ADEME soutient les biocarburants de seconde génération

Le conseil d’administration de l’Ademe, l’Agence pour le développement et la maîtrise de l’énergie, vient de valider un plan de développement des agrocarburants de 2e génération baptisé BioTfuel, d’un montant de 112 M d’euros.

Produits à partir d’herbes et de résidus agricoles et forestiers, la 2e génération ne se substituerait pas a priori à des cultures alimentaires.

Sans attendre que toutes les leçons soient tirées des expérimentations portant sur les filières biocarburants de première génération, le gouvernement français s’apprête à lancer l’expérimentation à grande échelle des agrocarburants de deuxième génération.

Le projet prévoit la construction de deux sites industriels, dont un à Compiègne, l’autre sur « un site » de Total. Le groupe pétrolier, qui devrait apporter plus de 28 M d’euros – et en recevrait 7 M de l’Ademe- fait partie du consortium réuni pour conduire les expérimentations, comprenant notamment l’Institut français du pétrole (IFP) et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), Sofiproteol (Établissement Financier de la Filière des Huiles et Protéines Végétales) et le groupe industriel allemand Uhde.

L’Ademe apportera une aide de 30,06 M d’euros et la région Picardie, 3,2M.

BioTfuel vise un rendement de 30% au niveau expérimental et un minimum de 20% au plan industriel : soit 1 Mt de matières sèches pour produire 200.000 à 300.000 litres de carburant.


Source : un article de Anne Chaon du 7 octobre 2009, publié sur le site de l’AFP.

René Massé

Bioenergy Markets West Africa 2009

Une conférence sur les marchés ouest-africains de bioénergie se tiendra du 27 au 29 octobre 2009 à Accra (Ghana).

La conférence sera traduite simultanément en anglais et en français.

La première édition de la conférence des marchés ouest-africains de bioénergie ouest-conférence d’Afrique et de l’exposition rassemblera des acteurs clés de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec des experts de l’industrie mondiale. Cet événement est une nouvelle édition des Bioenergy Markets Series qui en sont maintenant à leur 4e année et ont été fréquentées à ce jour par plus de 6000 délégués de première importance.

Les principales raisons de participer

- Acquérir une compréhension approfondie du marché ouest-africaine de la bioénergie

- Comprendre le soutien politique et le stade de développement dans chaque pays

- Connaitre les matières premières bioénergétiques qui sont disponibles dans chaque pays

- Écouter les experts partager leurs prévisions sur la croissance future du marché

- Identifier les opportunités d’investissement dans la région

- Options de tarification

- Études de cas à travers toute la sous-région

- Participer à une série de débats interactifs et contribuer à mettre en place ce marché

- Profiter des opportunités de réseautage à travers l’outil de réseautage en ligne, avant, pendant et après l’événement


Source : GreenPowerConferences (en anglais).

Xavier Dufail

Indonésie : les ravages de la monoculture de la palme pour les biocarburants

Selon Christian Berdot, spécialiste des agrocarburants à l’association Les Amis de la Terre « La demande européenne croissante d’huile de palme est directement responsable de la déforestation et des conflits sociaux en Indonésie. Si cela continue, la forêt de Bornéo sera détruite ainsi que sa biodiversité exceptionnelle, avec des émissions colossales de gaz à effet de serre, et en ruinant les chances de sortir de la pauvreté des populations locales ».

Après l’annonce par la Banque mondiale d’un moratoire sur ses financements à l’huile de palme, après la publication d’un rapport d’évaluation interne dévastateur sur les conséquences sociales et environnementales des plantations financées, cette étude de cas apporte une illustration inquiétante de l’évolution de la monoculture de la palme pour alimenter le marché supposé plus rémunérateur des biocarburants.

Cette déclaration fait suite à la publication par l’association d’un nouveau rapport sur l’expansion massive de la monoculture d’huile de palme en Indonésie, générée par les importations croissantes d’agrocarburants des pays européens. Le rapport met en évidence déforestation, opérations illégales et conflits sociaux, malgré des approches volontaires de certification qui révèlent leur inefficacité.

L’association demande que les pays européens mettent un terme à ces importations insoutenables qui dévastent l’Indonésie de manière accélérée, et s’oriente vers des modes de transport plus sobres et plus efficaces.

Pour Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre « Ce rapport est une nouvelle preuve accablante que les agrocarburants, d’huile de palme ou autres, ne sont pas une réponse crédible à la lutte contre les changements climatiques. L’Europe doit renoncer à cette fausse solution, remettre en cause son obligation de consommer 10% d’agrocarburants dans les transports, et se concentrer vigoureusement sur les solutions sans risques : transports publics et doux, efficacité énergétique du transport, et réduction d’une partie du transport par la relocalisation de filières économiques. »

Pour plus d’informations, télécharger le rapport en anglais depuis cet article du Riaed ou directement depuis le site milieudefensie.nl.


Source : un article de Yves Heuillard publié le 23 septembre 2009 sur le site ddmagazine, le Développement durable en pratique.

René Massé

La monoculture de la palme pour les biocarburants dévaste l’Indonésie

Le rapport des Amis de la Terre se focalise sur l’expansion des cultures d’huile de palme dans le grand district de Ketapang, à l’Ouest de Kalimantan en Indonésie. Il analyse comment la demande énergétique d’huile de palme européenne conduit à une extension des plantations d’huile de palme, et comment les approches dites de certification volontaire ne permettent pas d’éviter les impacts négatifs.

Cette étude de cas est très documentée, illustrée, et fournit de nombreuses données utiles à l’analyse. Voici quelques valeurs extraites du rapport :

  • Dans les trois dernières années, le gouvernement du Ketapang a concédé des permis pour des plantations d’huile de palme sur 40% de la surface du district, en violation des lois pour protéger les forêts, l’environnement et les populations locales ;
  • 39 des 54 permis sont situées sur 400 000 hectares de forêts protégées, incluant un parc national où vivent des orangs-outangs, menacés d’extinction. Au total, les permis couvrent 1,4 million d’hectares au Ketapang ;
  • Les violations légales sont les mêmes que les compagnies achetant les permis soient membres ou non de la « Table Ronde sur l’Huile de Palme Responsable » (Roundtable for Sustainable Palm Oil). 43% des terres achetées le sont par des entreprises membres de la RSPO ; les droits des communautés sont souvent ignorés.

« Failing Governance, Avoiding Responsabilities. European biofuel policies and oil palm plantation expansion in Ketapang district, West Kalimatan (Indonesia) »

Une publication des Amis de la Terre Néerlandais (Milieudefensie) et des Amis de la Terre indonésien (Walhi Kalbar), septembre 2009, 30 pages.

Ile Maurice : projet de création d’une Autorité de régulation de l’énergie

Le Ministère de l’éner­gie re­nou­ve­lable a annoncé le 23 septembre 2009 que l’Ile Mau­rice allait mettre en place une au­to­ri­té de ré­gu­la­tion pour gérer l’éner­gie. Cette décision fait suite aux re­com­man­da­tions du Con­seil na­tio­nal éco­no­mique et so­cial, qui en espère une réduction de la dé­pen­dance du pays aux éner­gies fos­siles.

Ac­tuel­le­ment, 80% de l’éner­gie pro­duite dans le pays dé­pend de sources fos­siles.

En 2013, la consommation électrique de l’Ile Mau­rice augmentera de 54%. Si rien n’est fait, le pays sera alors confronté à l’obligation d’aug­men­ter dans les même proportion les im­por­ta­tions de pé­trole lourd pour pro­duire son élec­tri­ci­té.

C’est pourquoi le Conseil na­tio­nal éco­no­mique et so­cial recommande de réduire cette dépendance et suggère de créer cette Autorité, qui aura pour tâche de mettre en place des cadres ju­ri­diques, mettre en œuvre les po­li­tiques gou­ver­ne­men­tales concer­nant les ser­vices of­ferts par les opé­ra­teurs, le ren­for­ce­ment de l’ef­fi­ca­ci­té éner­gé­tique et l’uti­li­sa­tion des biocar­bu­rants.

Cette Au­to­ri­té aura le pou­voir d’émettre et de re­ti­rer les li­cences aux opé­ra­teurs dans le sec­teur, de contrô­ler des ta­rifs de l’élec­tri­ci­té et autres frais ré­cla­més par les opé­ra­teurs.

Par ailleurs, l’Au­to­ri­té devra trai­ter les pro­blèmes qui se posent entre les consom­ma­teurs et les opé­ra­teurs ou entre les opé­ra­teurs eux-mêmes.


Source : un article publié le 23 septembre 2009 sur le site Afrique Avenir.

René Massé

Biocarburant : la micro-algue intéresse de plus en plus les chercheurs

Étudiées depuis plusieurs années pour leurs nombreux avantages environnementaux et pour la production de biocarburants, les micro-algues intéressent de plus en plus les scientifiques qui se penchent également sur leur capacité d’absorption du CO2.

La valorisation des micro-algues répond non seulement à des enjeux énergétiques (production de biocarburant), mais également à des enjeux climatiques (absorption du CO2).

Si de nombreuses espèces végétales sont étudiées et cultivées pour la production de biocarburants, ces alternatives représentent à long terme une menace pour l’environnement notamment en raison de la culture intensive qu’elles impliquent.

Les micro-algues peuvent être cultivées en photobioréacteurs qui permettent de contrôler le cycle de l’azote et du phosphore grâce au recyclage des éléments nutritifs. Elles nécessitent peu de pesticides et leur rendement est estimé 30 fois supérieur à celui des oléagineux terrestres tels que le colza ou le tournesol.

Mais la production de biocarburants n’est pas la seule utilisation des micro-algues qui intéresse les chercheurs. Leur capacité d’absorption du CO2, gaz dont elles ont besoin pour se multiplier, a inspiré de nombreux projets qui ont pour but d’installer des productions de micro-algues aux portes des centrales industrielles les plus émettrices de CO2.

En Allemagne, de telles productions ont été installées près d’une centrale à gaz du groupe E.ON et de la centrale à charbon du groupe RWE. Les micro-organismes marins absorbent directement le CO2 émis par les centrales.

Aujourd’hui, des chercheurs français planchent sur un projet de couplage de la captation de CO2 et de production de biogaz. Il s’agirait de méthaniser la biomasse produite par les algues, le CO2 et l’énergie solaire, avec d’autres déchets organiques. Ce projet, baptisé Symbiose, dispose d’un budget de 2,5 millions d’euros financé à hauteur de un million par l’Agence Nationale de la Recherche.


Source : un article publié le Samedi 19 septembre 2009 sur le site Yahoo Actualités.

René Massé