Biocarburants : options stratégiques pour les pays ACP producteurs de cannes à sucre

La production de biocarburants représente une planche de salut pour tous les pays ACP producteurs de sucre qui sont affectés par les réformes de l’Union européenne entrées en vigueur en juillet 2006.

Auteur :
M. Maureen R. Wilson (PhD)
maureen.wilson@jamaicasugar.org

Sugar Industry Research Institute, Kendal Rd, Mandeville, Jamaïque

Avec la mise en application imminente du nouveau régime du sucre, les industries ont commencé à se restructurer afin de survivre et d’éviter leur fermeture. Le facteur commun à tous ces plans de restructuration est la production d’énergie. Celle-ci est couramment considérée comme attractive, pas simplement en raison des prix élevés des carburants fossiles mais aussi du fait des bénéfices environnementaux. Dans la région des Caraïbes, la Jamaïque a annoncé des plans afin de lancer la production d’éthanol pour le secteur des transports. La Barbade a indiqué qu’elle augmenterait la superficie consacrée à la production et qu’elle planterait davantage de variétés de canne à combustible afin d’utiliser la bagasse pour la génération d’électricité, tout comme elle a affirmé sa volonté de produire 24 millions de litres de combustible éthanol. Le Belize ainsi que le Guyana prévoient aussi d’introduire la cogénération et Saint-Kitts, qui avait arrêté son industrie, envisage sa réouverture, en partenariat avec des sociétés étrangères afin de transformer sa production de canne à sucre en bioéthanol. Dans la région africaine, l’industrie sucrière mauricienne a intensifié ses recours à la biomasse de canne à sucre pour la génération d’électricité et, par là même, accru sa part dans l’approvisionnement en électricité du réseau national (Autry, 2004 ; Avram, 2004). La Zambie et le Malawi ont débuté la production de biodiesel à partir d’une plante oléagineuse, le jatropha.

Les biocarburants peuvent être produits sous forme liquide, solide ou gazeuse en fonction de la matière brute et de la technologie de conversion employées. La matière brute habituellement appelée biomasse comprend de la matière végétale renouvelable, des arbres, des herbacées, des plantes de culture ou des déchets animaux. La canne à sucre est l’une des espèces les plus efficaces du monde végétal en termes de production de biomasse (Brumley, 2007) et, pour cette raison, nombreux sont ceux qui voient dans la canne à sucre la plante du futur du fait de son potentiel bioénergétique, dans un monde où les réserves de pétrole sont limitées (Amorim, 2005). La canne à sucre peut aussi être produite à l’aide de la bio-ingénierie afin de fournir de plus fortes concentrations en sucre, des alcools de sucre ainsi que des précurseurs chimiques des bioplastiques (Brumley, 2007). Le plan de réforme du sucre vise à s’assurer que la production de biocarburants ainsi que la production de carburants présentant une « neutralité carbone » dérivés de plantes agricoles et pouvant être utilisés pour remplacer partiellement les produits pétroliers liquides n’affecteront pas défavorablement la chaîne alimentaire approvisionnée par ces mêmes plantes. Le sucre utilisé pour la production d’éthanol, aussi bien par les industries chimiques que par les industries pharmaceutiques, sera exclu des quotas sucre (voir le plan de réforme du marché du sucre mis en œuvre par la Commission européenne ici) (EN).

Pendant des siècles, les moulins ont récupéré les résidus de canne à sucre, que l’on appelle la bagasse, pour la génération d’énergie. De grosses quantités de biomasse (60-80 t/ha) sont produites et, en se concentrant davantage sur l’efficacité énergétique et la mise en œuvre de nouvelles technologies ainsi que sur l’optimisation des procédés, l’énergie générée à partir des surplus de bagasse peut être vendue au réseau national d’électricité, dans la perspective de revenus supplémentaires (Morris, 2002 ; Turn, 2002). La station de génétique sucrière des Caraïbes (WICSCBS) a développé, en utilisant des techniques d’amélioration génétique conventionnelles, une variété de canne appelée « canne à combustible » en raison de sa teneur élevée en biomasse (Albert-Thenet, 2004). L’utilisation de cette canne permettra d’associer la production de sucre à la mise en place d’une cogénération utilisant la bagasse comme combustible, étant donné qu’il y aura encore plus de biomasse après avoir broyé la canne à sucre pour en extraire le jus. Le jus peut être utilisé pour la production de bioéthanol ou de sucre. La Jamaïque et le Belize ont placé dans des pépinières de cannes à combustible une variété en préparation pour son expansion commerciale.

Dans certaines industries sucrières, les techniques de fermentation sont bien développées étant donné que l’on y produit du rhum depuis des centaines d’années et, par conséquent, produire de l’éthanol pour en faire du carburant serait une transition logique et simple pour ces industries. Le Brésil et les États-Unis sont les leaders mondiaux en matière de production de carburant éthanol et ceci grâce à d’importants investissements et efforts de recherche. L’industrie brésilienne utilise la canne à sucre comme matière première tandis que les États-Unis emploient de l’amidon de maïs. Le sucre et l’amidon sont considérés comme la première génération de substrats pour la production d’éthanol. L’hydrolyse de la lignine aboutit à la formation de sucres qui peuvent ensuite être fermentés pour obtenir de l’éthanol et, de ce fait, on classe les sources cellulosiques du sucre dans la catégorie des substrats de seconde génération (Junginger, 2006). Diverses cultures sont actuellement plantées pour leur forte teneur en cellulose, telles que le manioc (Manihot esculenta) et le panic raide (Panicum virgatum). Les conditions climatiques dominantes dans les pays ACP permettent de cultiver ces plantes durant toute l’année, voire parfois plusieurs espèces dans l’année.

La communauté scientifique a su faire face, au fil des années, au besoin de trouver des solutions viables aux problèmes de la planète et la question de la réduction des gaz à effet de serre se pose de manière urgente en tant que stratégie d’atténuation pour les changements climatiques. Il est avéré que la technologie cellulosique requise pour fractionner les fibres récalcitrantes est à l’heure actuelle très coûteuse mais elle évolue rapidement (Junginger, 2006 ; Jolly, 2006), ce qui devrait permettre de la rendre plus accessible d’ici à cinq ans (Bullion, 2006). Le recours à des résidus de plantes agricoles à des fins énergétiques plutôt qu‘aux plantes devrait réduire l’opposition entre plantes source d’énergie et plantes source d’alimentation. Les scientifiques qui cherchent actuellement de nouvelles enzymes afin de dégrader la cellulose contenue dans la matière organique (les bois des conifères et les déchets agricoles, la paille de blé) en sucres développent de nouvelles souches de levure et produisent des mélanges d’enzymes agissant de façon synergique afin de convertir tous les sucres contenus dans la cellulose en éthanol (Knauf, 2004) et si possible accroître la production de coproduits de plus grande valeur (Wermer, 2006). Au même moment, les ingénieurs et les techniciens en charge du contrôle de fabrication développent des systèmes de gestion avancée de l’énergie dans le but de réduire la quantité d’énergie utilisée dans le processus de fabrication du bioéthanol et d’atteindre un taux d’efficacité énergétique de 95 % via le procédé ZeaChem, qui dépasserait les 46 % obtenus avec des méthodes traditionnelles (Edye, 2004).

La société de biotechnologie Renessen a testé un hybride de maïs génétiquement modifié qui, grâce à une technique novatrice de séparation du maïs séché conçue pour une unité d’éthanol, permettra d’obtenir un éthanol plus facilement fermentable (Bullion, 2006). Cela accroîtra la rentabilité du maïs pour les agriculteurs et stimulera la production d’éthanol. La commission de biosécurité du Brésil a donné son aval au Centre de technologie cannière (CTC) afin de lancer les essais en plein champ de cannes transgéniques qui ont révélé un contenu en sucrose supérieur d’au moins 15 % à celui des variétés traditionnelles (voir cet article en anglais). Le gouvernement indien est lui aussi intéressé par cette technologie et a déclaré qu’il entamerait des négociations avec le Brésil afin de pouvoir participer d’une manière ou d’une autre à sa mise en œuvre.

L’Union européenne n’est pas autosuffisante sur le plan alimentaire et pourrait ne jamais l’être en ce qui concerne la production de biocarburants. Par conséquent, elle aura besoin d’importer. À l’heure actuelle, le biodiesel est produit à partir d’huile de colza et de bioéthanol provenant du sucre de betterave et ce dans des quantités permettant de couvrir 3 % de ses besoins, d’où l’opportunité pour les pays ACP de pouvoir fournir du bioéthanol et du biodiesel à leurs partenaires commerciaux de longue date. Les pays ACP doivent se montrer agressifs en termes de recherche de technologies nouvelles et utiles pour produire des biocarburants de manière rentable, efficace et durable car ceci pourrait très vite les amener à être autonomes sur le plan énergétique et à approvisionner ou bien à conserver leurs marchés extérieurs.

D’autres pays sont en train d’introduire des règlementations concernant l’ajout d’éthanol dans l’essence pour le secteur des transports. Il est important pour les gouvernements nationaux au sein du groupe ACP de mettre en place la législation nécessaire autorisant la production locale et l’usage des biocarburants (par exemple, l’ajout d’éthanol dans l’essence ouvrira les marchés domestiques pour le bioéthanol et l’usage du biodiesel). Le développement et la mise en œuvre de politiques en faveur de la promotion de la bioénergie sont primordiaux afin de garantir le succès de l’industrie des biocarburants (Janssen, 2002). Ce type de législation a été le moteur de la croissance et de l’expansion rapides de l’industrie du bioéthanol au Brésil (Amorim, 2005) et c’est ce qui est en train de stimuler l’industrie des États-Unis (Janssen, 2002). En 2005, l’île Maurice a introduit une politique visant l’abandon progressif du charbon en tant que combustible d’appoint pour la production d’électricité afin de le remplacer par des biocarburants solides, et à encourager la production d’éthanol en vue de réduire la demande d’essence. Cela a contribué à la prospérité du secteur.

Dans les pays ACP, les biocarburants sont déjà produits localement par les agro-industries autochtones qui utilisent pomme de terre, maïs, manioc, agrumes, banane, sucre de canne, balles de riz, eaux usées domestiques, huile de palme, sorgho, jatropha ainsi que toutes sortes de déchets biodégradables. L’avantage est que l’argent dépensé dans les combustibles importés continuera de circuler au sein de l’économie nationale. La production de biocarburants offre des opportunités pour les petites, moyennes et grandes entreprises. La production de combustible pour les transports et la génération d’électricité seront susceptibles d’être pris en charge par un ensemble de petites et moyennes entreprises. Pour ce qui est de l’éthanol, on utilisera un mélange de bagasse, de bois et de biogaz. La production de biogaz peut être assurée par les petites entreprises telles que les fermes, les complexes de bureaux, les immeubles d’habitation, les travailleurs indépendants et les ménages. Les huiles végétales ainsi que les huiles de cuisine usagées peuvent être fermentées afin de produire du biodiesel, un substitut du diesel.

Une production agricole élevée donne lieu à un travail intensif dans de nombreux pays en développement, et de ce fait accroît l’emploi et procure des revenus aux populations rurales. Préserver les moyens de subsistance en milieu rural est une question d’importance capitale. La production de plantes de culture pour les biocarburants promet une efficacité et une durabilité améliorées dans la façon dont la terre est utilisée puisque les terres marginales peuvent servir à faire pousser ces plantes, comme c’est le cas en Inde avec le jatropha, une plante qui donne des noix à forte teneur en huile, lesquelles sont utilisées pour la production de biodiesel (voir le site en anglais consacré au Jatropha http://www.jatrophabiodiesel.org/). Un encadrement strict de ces projets doit être opéré afin d’atteindre une récolte optimale ainsi qu’une productivité élevée étant donné que certains facteurs agronomiques tels que l’augmentation rapide du prix des engrais peuvent influer négativement sur leur application correcte. De la même façon, le ramassage des récoltes et la gestion de l’eau disponible sont également cruciaux si l’on veut obtenir une production maximale. L‘enlèvement des résidus agricoles peut aussi influer négativement sur la structure des sols et favoriser l’érosion tout en causant des dommages à l’écosystème. Par conséquent, des stratégies de gestion des résidus de culture doivent être mises en œuvre à des fins de développement durable (Lal, 2006).

Le défi pour les pays ACP consiste à trouver des ressources afin de passer à une production de biocarburants à grande échelle, en acquérant la meilleure technologie et les meilleurs procédés disponibles. Une technologie de pointe permettant de maximiser les bénéfices par rapport aux coûts sera nécessaire sachant qu’il s’agit peut-être là d’un projet intensif de grande ampleur. Les pays ACP n’ont pas les moyens de financer de tels projets. Le gouvernement brésilien préconise ainsi des partenariats pour la production de biocarburants entre les pays développés et en développement, qui peuvent constituer un pas en avant vers l’atténuation de la pauvreté et vers le développement rural ainsi que la réduction des gaz à effet de serre. Durant le mois de février 2007, le partenariat entre les gouvernements jamaïcain et brésilien s’est intensifié grâce à la signature de plusieurs accords pour une assistance technique à la production de bioéthanol. Le Guyana a signé un accord similaire avec le Brésil (voir l’article en anglais diffusé sur cette page de Spore.

Les États-Unis sont en train de faire équipe avec le Brésil afin de mettre en place des programmes pilotes concernant l’éthanol dans les pays d’Amérique latine ainsi qu’aux Caraïbes. Quatre autres pays, dont Saint-Kitts-et-Nevis (membre ACP), sont sur la liste des candidats principaux retenus par la Banque interaméricaine de développement (voir http://www.miamiherald.com/579/story/59837.html) (EN). Tandis que de plus en plus de pays s’engagent dans la production et l’exportation subséquente de biocarburants afin de couvrir la demande provenant des pays développés, le besoin de standardisation devient urgent. Le Brésil et les États-Unis sont responsables de 70 % de la production mondiale d’éthanol et, à ce jour, ces deux pays travaillent ensemble pour établir des normes communes concernant l’éthanol en définissant des niveaux d’impuretés et de résidus solides. Le bioéthanol est obtenu à partir d’amidon, de sucre, de biodiesel issu de diverses variétés d’huiles végétales et, de ce fait, il est important que des règles soient élaborées pour obtenir leur certification, et cela même si le monde est en attente d’une production de masse d’éthanol à partir de matières cellulosiques. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit aussi établir des règles et des normes concernant les futurs échanges de biocarburants, notamment en ce qui concerne leur classification parmi les biens agricoles, industriels ou environnementaux (voir cet article en anglais de Reuters). Les scientifiques des pays ACP doivent être préparés à conseiller les gouvernements et à participer à ce processus.

Il s’agit d’un grand moment pour les pays ACP et plus particulièrement pour ceux qui produisent du sucre car les perspectives sont ouvertes quant à la production de plantes agroénergétiques et la conversion des déchets agricoles en biocarburants. Un nouveau cycle de prospérité est possible mais il convient de méditer les leçons des systèmes antérieurs. L’industrie sucrière est en train de s’approcher de nouveaux territoires et cela crée pour elle une occasion de se diversifier tout en participant à de nouveaux marchés qui pourront déboucher sur un développement social et rural. En effet, les bénéfices réalisés par les industries des biocarburants s’accumuleront du fait de la hausse de l’emploi et des revenus, générant débouchés, sécurité énergétique, développement des infrastructures, compétences, ressources humaines et formation tandis que de nouveaux emplois seront créés au sein des industries assurant la production d’énergie agricole. Le développement des biocarburants nécessitera une gestion prudente ainsi que le soutien du secteur public (Hazell, 2006). Il est essentiel que les gouvernements mettent en place la législation nécessaire (Jolly et Woods, 2006) afin de réglementer l’usage des biocarburants produits localement (Amorim, 2005). Cela permettra aussi de donner aux investisseurs un sceau d’approbation concernant cette activité. Des partenariats clés sont indispensables et des alliances stratégiques devront être recherchées avec les sociétés productrices d’enzymes, les entreprises de biotechnologie, les grandes sociétés dans le domaine de l’énergie et bien entendu, là où c’est possible, avec le leader mondial, le Brésil, dont le gouvernement est relativement disposé à partager la somme de ses compétences avec les pays en développement.

 

Références

 

Albert-Thenet J. R., Simpson C. O., Rao P. S., Martin Gardner M., 2004. The BAMC fuel cane project. West Indies Sugar Technologist (WIST), La Barbade.

Amorim H. V., Lopes M. L., 2005. Ethanol production in a petroleum dependent world : The Brazilian experience. Sugar Journal, 67 (12) : 11-14.

Autry L. J. C., 2004. The re-engineering of the Mauritian sugar industry. West Indies Sugar Technologist (WIST), La Barbade.

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Brumley S. M., Purnell M. P., Petrasouits L. A., Nielsen L. K., Twine P. H., 2007. Developing the sugarcane biofactory for high valve biomaterials. International Sugar Journal, 109 (1297) : 5-15.

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Edye L. A., Lavarack B. P., Hobson P. A., Blinco J. A, Hodgson J. J., Doherty W. O. S., Bullock G. E., 2004. Ethanol Production by the ZeaChem Process : An element of a sugarcane biorefinery. SPRI Conf. Proc., Atlanta, États-Unis.

Hazell P, von Braun J. Biofuels : A Win-Win Approach That Can Serve the Poor.

Janssen R., Helm P., Grimm P., Grassi G., Coda B., Grassi A., Agterberg A., 2002. A global network on bioenergy – objectives, strategies and first results. International Sugar Journal, 104 (1242) : 274 : 278.

Jolly L., 2006. Will ethanol destabilize the world sugar market » International Sugar Journal, 108 (1295) : 606-617.

Jolly L., Woods J., 2004. A new dawn in mandated fuel ethanol programmes : separating fact from fiction. International Sugar Journal, 106 (1263) : 118-125.

Junginger M., Faaij A., Rosillo-Calle F., Wood J., 2006. The growing role of biofuels – opportunities, challenges and pitfalls. International Sugar Journal, 108 (1295) : 618-628.

Knauf M., Monruzzaman M., 2004. Lignocellulosic biomass processing : A perspective. International Sugar Journal, 106 (1263) : 147-150.

Lal R., 2006. Soil and environment implications of using crop residues as biofuels feedstock. International Sugar Journal, 108 (1287) : 161-167.

Morris M., Waldheim L., Linero F. A. B., Lamonica H. M., 2002. Increased power generation from sugar cane biomass – The results of a Technological and economic evaluation of the benefits of using advanced gasification technology in a typical Brazilian sugar mill. International Sugar Journal, 104 (1242) : 243.

Turn S. Q., Bain R. L., Kinoshita C. M., 2002. Biomass gasification for combined heat and power in the cane sugar industry. International Sugar Journal, 104 (1242) : 268 -273.

Wermer, P. J., 2006. Ethanol and co-products from cellulosic biomass. International Sugar Journal, 108 (1295) : 630-633.

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http://www.barbadosadvocate.com/NewViewNewsleft.cfm’Record=28045
http://spore.cta.int/spore123/spore123_feature.asp

http://www.ictsd.org/weekly/05-06-29/story1.htm

http://www.sucrose.com/n0207.html

http://www.jatrophabiodiesel.org/

Pépin Tchouate, René Massé

Biocarburants : alternatives énergétiques et opportunités pour les plus démunis ? Oui, mais…

« Tout ce qui brille n’est pas or ! » Certains pays en développement disposent certes d’un potentiel pour produire des biocarburants mais pas de la capacité et/ou des ressources nécessaires pour le faire dans le respect de l’environnement et en relevant avec succès le challenge technico-économique d’une filière émergente.

Position de l’organisation Practical Action sur les biocarburants dans les pays en développement, publiée le 16 avril 2007.

Pour l’organisation Practical Action, les critères relatifs à la production de biocarburants devraient être fondés sur les principes du développement durable et ne pas être uniquement guidés par les opportunités de marché ou les contributions éventuelles à l’atténuation des changements climatiques.

Encourager la recherche, faire la preuve des bénéfices potentiels et définir les conditions minimales nécessaires à l’instauration d’une production rentable de biocarburant à petite échelle sont autant d’actions indispensables pour peser sur les changements politiques et promouvoir des mesures qui avantageront et protégeront les plus démunis.

Pépin Tchouate, René Massé

Situation des biocarburants en Afrique de l’ouest

Après un rappel des enjeux environnementaux et énergétiques, l’article fait un tour d’horizon des projets en cours ou à l’étude dans différents pays de l’Ouest africain.

Article de M. Gbosségnon Christophe GANDONOU paru dans la revue GRAIN.

Depuis quelques années, les communautés nationales, les organisations non gouvernementales (ONG), les institutions nationales et internationales ont pris la mesure du danger que constitue l’émission des gaz à effet de serre par les énergies fossiles en particulier les produits pétroliers. Ces gaz sont à l’origine de graves perturbations environnementales conduisant aux changements climatiques observés de plus en plus et qui hypothèquent l’équilibre écologique dans les différentes régions du monde. De plus le coût de plus en plus élevé des hydrocarbures (pétrole et ses dérivés) et la perspective d’un épuisement de cette ressource naturelle énergétique non renouvelable a amené les états à réfléchir au développement de nouvelles sources d’énergie écologiquement propre et économiquement rentable. Parmi ses sources d’énergie renouvelables, les bioénergies en général et les biocarburants en particulier sont celles qui attirent l’attention des responsables politiques compte tenu du fait que la filière carburant est celle qui consomme le plus de produits pétroliers et qui produit le plus de gaz nuisibles à l’environnement et à la santé. Ainsi il est admis que l’utilisation de l’éthanol pur à la place de l’essence permet une réduction de l’émission des gaz à effet de serre de l’ordre de 75% (source IFEN). Au-delà de cet aspect environnemental, les biocarburants contribuent également à la réduction de la dépendance énergétique des pays, une hausse de la production permettant de réduire les importations de pétrole ou ses dérivés. Par ailleurs le développement des biocarburants crée de nouvelles filières agricoles et pourraient offrir de nouveaux créneaux porteurs pour les agriculteurs des pays en voie de développement.

Les pays de l’Afrique de l’Ouest, comme la plupart des pays africains, n’est pas restée en marge de la tendance au développement des biocarburants.

Elaboration de politiques et stratégies nationales en matière de biocarburants

La plupart des pays de la sous-région ouest-africaine ont élaboré ou sont en train d’élaborer des politiques et stratégies nationales en matière de biocarburants.

Le Sénégal, le Ghana et le Nigéria possèdent des stratégies nationales de promotion des biocarburants. Ces stratégies sont basées sur la mise sur pied d’un comité technique chargé de définir les politiques à mettre en œuvre dans ce secteur, de créer un cadre législatif et réglementaire incitatif pour la production et l’utilisation des biocarburants et de développer dans les court et moyen termes des filières bioalcool et biodiesel. Si la stratégie nigériane se base sur la production de bioéthanol à partir du manioc et de la canne à sucre, le Ghana a accentué son projet pilote sur le pourghère avec la société Anuanom Industrial Bio Products Ltd développe un immense projet de culture de Jatropha pour la production de biodiesel, en collaboration avec le secteur public. L’objectif est de développer une plantation de Jatropha sur une superficie d’un million d’hectares (1 000 000 ha).

Au Bénin, dans le cadre du Projet de Fourniture des Services d’Energie (PFSE) de la Direction Générale de l’Energie, il est envisagé, dans la cadre de la composante biomasse du projet, la production locale de bioéthanol et de biodiesel. A cet effet, un programme de Développement des Biocarburants est en cours de préparation au Bénin et vise à produire du biodiesel à partir du ricin (Ricinus communis) et du pourghère (Jatropha curcas) destiné au secteur agricole, aux transports et à la production d’électricité et du bioéthanol comme énergie de cuisson et comme carburant de substitution à l’essence à partir de la pomme d’anacarde.

Au Burkina Faso, au Niger et en Côte d’Ivoire, les gouvernements ont exprimé clairement leur souhait de développer la production des biocarburants. Mais ce sont les opérateurs privés qui se sont lancés les premiers dans le développement de projet visant à produire des biocarburants. Ainsi, au Burkina Faso, les sociétés DAGRIS et SN CITEC ont élaboré un projet de production du biodiesel à partir de l’huile de coton destiné à être incorporé au gazole et/ou pour carburation dans les groupes électrogènes utilisés pour la production d’électricité dans le pays alors qu’en Côte d’Ivoire c’est la société « 21st Century Energy » qui compte investir environ 650 milliards Fcfa sur une période de 5 ans pour produire l’éthanol pour l’exportation sur le marché sous-régional et même international. Cela découlera sur une production de 3,5 milliards de litres de biocarburant par an, en utilisant la canne à sucre et le maïs. Au Niger, c’est le pourghère (Jatropha curcas) qui a attiré l’attention des responsables de la Société IBS Agro Industries qui s’intéresse à la production de biocarburants. Cette société a déjà initié l’expérimentation dans la région de Gaya où il se propose d’aménager 4000 ha pour la culture de cette plante et d’installer une usine pour produire 25000 litres par jour de biocarburant. Dans ce pays, de plus en plus d’opérateurs privés s’intéressent à cette filière.

Au Mali, la culture du Jatropha est déjà assez avancée. Cette plante est très largement utilisée comme haie dans la pays sur environ 10000 kilomètres avec un taux de croissance de 2000 kilomètres par an. C’est la GTZ qui a lancé les activités relatives au Jatropha dans ce pays en 1987 dans le cadre d’un programme de promotion des énergies renouvelables. Le projet Jatropha lui-même a commencé en 1993 et s’est terminé en 1997 ; ce projet ne visait pas particulièrement la production de biocarburants mais plutôt l’utilisation de cette huile comme élément essentiel pour activer un système circulaire combinant des effets écologiques, économiques et de génération de revenus en particulier en faveur des femmes. Ces activités ont permis de montrer que moyennant l’addition d’un filtre à essence, l’huile pure de Jatropha peut faire fonctionner les moteurs de type Lister qui sont utilisés dans les zones rurales pour faire tourner les moulins à grains et les pompes à eau. Certaines études ont même envisagé la substitution du pétrole par l’huile pure de jatropha pour les lampes et les cuisinières.

A côté de la canne à sucre et du manioc, le Nigéria explore également la possibilité d’utilisation de l’arachide, les graines de citrouille, du pourghère (Jatropha curcas) et le palmier à huile pour la production du biodiesel. Mais certaines de ces cultures pourraient contrarier la relève du défi de la sécurité alimentaire.

Un partenariat public-privé commence à s’installer dans le secteur

Dans la plupart des pays, même si l’initiative est prise par les autorités publiques, les sociétés privées et les Organisations Non-Gouvernementales (ONG) sont associées aux stratégies. Dans certains cas, ces privés ou ONG s’intéressent au secteurs des biocarburants indépendamment des décisions publiques. C’est ainsi qu’au Bénin, les ONG- Jeunesse Sans Frontières-Bénin (JSF-Bénin), Africa Cultures et Goupe de Recherches Scientifiques et Techniques sur les Energies Renouvelables (GRSTER-ONG) ont commencé des activités de recherche ou de production sur le pourghère (Jatropha curcas). Au Ghana, c’est la société Anuanom Industrial Bio Products Ltd qui a été associée au développement des biocarburants. En côté d’Ivoire, le gouvernement en donnant son accord de principe à M. David Meyers, président de la société « 21st Century Energy » à travers le ministère de l’Agriculture a consacré l’établissement d’un partenariat secteur public-secteur privé.

Des organisations sous-régionales s’impliquent dans le développement des biocarburants

L’union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a élaboré un Programme Régional Biomasse Energie (PRBE). La mise en œuvre de ce programme devrait contribuer à l’élaboration d’une Politique Energétique Commune (PEC). Dans le cadre de ce programme, un atelier de validation de l’étude sur le développement de la filière Ethanol /Biocarburants dans l’espace UEMOA s’est tenu à Dakar du 20 au 22 novembre 2006. L’UEMOA et le FAGAS (Fonds Africain de Garantie et de Financement) sont impliqués dans la promotion et le développement de la filière Biocarburant en Afrique de l’Ouest.

Déjà une Association Africaine des Producteurs de Biocarburants (AAPB)

Réunis à Dakar, des opérateurs privés ont décidé de coordonner leurs efforts pour promouvoir les biocarburants dans les pays de l’UEMOA. En marge de l’atelier de validation de l’étude sur le développement de la filière Ethanol /Biocarburants dans l’espace UEMOA s’est tenu à Dakar du 20 au 22 novembre 2006, les opérateurs privés qui y participaient ont décidé de créer une association dénommée « Association Africaine des Producteurs de Biocarburants (AAPB) ». Cette association a pour objet de promouvoir la production et la commercialisation des biocarburants en Afrique.

Conclusion

Le développement des biocarburants intéresse la plupart des pays ouest africains. Dans ces pays, les différents programmes de développement de ces carburants sont à leurs débuts ou en cours d’élaboration. Un partenariat secteur public-secteur privé commence à se développer dans plusieurs pays et l’implication d’un organisme de coopération sous-régionale permet d’espérer un développement harmonieux d’un secteur qui présente des intérêts très importants pour le développement socio-économique et la protection de l’environnement dans ces pays.

Cependant, il est important de cibler des cultures qui contribuent à protéger l’environnement et qui n’hypothèquent pas la sécurité alimentaire dans ces pays dont certains sont caractérisés par une production alimentaire insuffisante. A cet effet, le pourghère (Jatropha curcas), le ricin et le pomme d’anacarde apparaissent comme les cultures les plus prometteuses pour la production de biodiesel ou de bioéthanol.

Aujourd’hui, le pourghère (Jatropha curcas) est cultivé au Togo, au Ghana, au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire et au Niger. L’expérimentation a commencé au Bénin.

Pépin Tchouate

Ethiopie : séminaire de haut niveau sur les biocarburants

Ce Séminaire sera organisé pour la première fois par l’Union Africaine, le Brésil et l’ONUDI, du 30 juillet au 1er août 2007, au siège de l’Union Africaine, à Addis-Abeba (Ethiopie).

Objectifs du Séminaire

Le séminaire a pour objectifs principaux de :

  • Informer les décideurs politiques, les opérateurs du secteur privé et les institutions régionales sur le développement des biocarburants et leurs enjeux en Afrique ;
  • Explorer les opportunités des biocarburants en Afrique, tout en assurant un équilibre entre les potentialités, les risques et les choix équitables ;
  • Amener les acteurs du secteur des biocarburants à mettre en place un plan stratégique sur le développement de cette nouvelle source d’énergie en Afrique ; et
  • Faciliter le développement des politiques et stratégies viables de l’industrie des biocarburants en Afrique.

le programme prévisionnel

Les points suivants seront examinés :

- > Pourquoi les biocarburants en Afrique ? Quels enjeux ? Comment ? facteurs, questions essentielles, échanges, risques, tendances mondiales, opportunités et potentialités ;

- > Approvisionnement en produits de départ des biocarburants, questions liées à la sécurité alimentaire et à la stabilité sociale ;

- > Vue d’ensemble des potentialités en biocarburants, défis et développement : expériences des pays et des sous-régions ;

- > L’expérience brésilienne : de la période pro – alcool à nos jours, cadre d’action et de réglementation pour les biocarburants, programme bio-diesel ;

- > Technologies de conversion en bioénergie, bio-éthanol, bio-diesel, biogaz et gazéfication.

Des séances parallèles portant essentiellement sur les questions de politique et réglementation, d’environnement, de finances et investissement, de transfert de technologies, de consommation et commerce.

Deux Tables rondes seront également organisées sur :

  • Les perspectives de création d’un partenariat pour le développement de l’industrie des biocarburants en Afrique ;
  • Les perspectives de l’industrie des biocarburants en Afrique.

Les participants

Les participants attendus à ce séminaire sont :

— Les experts des Etats membres de l’Union Africaine (UA), issus du Gouvernement, du secteur privé, des institutions académiques et de la recherche et des organisations non gouvernementales ;

— Les experts du Brésil et d’autres pays extérieurs à l’Afrique ;

— Les experts des CER et d’Organismes Spécialisés de l’ UA en énergie, transport, agriculture, environnement ; etc.

— Les organisations régionales et internationales du secteur de l’énergie ;

— Les organisations financières régionales et internationales ;

— Les représentants des principaux partenaires du développement dont la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, la Commission Européenne, la GTZ, DFID ; etc.

— Les représentants de l’industrie des biocarburants en Afrique ;

— Les associations des pays producteurs et non producteurs de pétrole en Afrique (APPA & NAOPC) ;

— Les experts représentant les consommateurs d’énergie et le secteur du transport ;

— Les organismes des Nations Unies tels que la CEA, le PNUD, l’ONUDI, la CNUCED et le PNUE ;

— Les chercheurs indépendants et les institutions académiques ;

— La Commission Africaine de l’Énergie (AFREC) ;

— Le Secrétariat du NEPAD ;

— La Commission de l’Union Africaine.

René Massé

Guides techniques du ResCER sur les énergies renouvelables

Le ResCER est le site francophone sur les énergies renouvelables du ministères des ressources naturelles canadien. Le ResCER diffuse une grande quantité d’informations générales sur les énergies renouvelables : bioénergie, énergie du sol, énergie hydroélectrique, énergie solaire, énergie éolienne. Elles sont disponibles ici Pour en savoir plus voir l’article consacré au ResCER

Le ResCER est le site francophone sur les énergies renouvelables du ministères des ressources naturelles canadien.

Le ResCER diffuse une grande quantité d’informations générales sur les énergies renouvelables : bioénergie, énergie du sol, énergie hydroélectrique, énergie solaire, énergie éolienne.

Elles sont disponibles ici


Pour en savoir plus voir l’article consacré au ResCER

Jérome Levet, René Massé

Mozambique : élaboration d’une politique pour promouvoir les biocarburants

Une entreprise américaine a été contractée pour élaborer une stratégie et une politique de promotion des biocarburants au Mozambique d’ici septembre 2007.

Etape préalable à la mise en œuvre d’un programme de production d’éthanol et de biodiesel au Mozambique.

Une étude sur le potentiel du Mozambique en matière de biocarburants a déjà été conduite par ces consultants américains. Elle avait conclu à la faisabilité de la production de biodiesel à partir de plantations de jatropha, de ricin, d’huile de palme, ainsi que de noix de coco, et d’éthanol à partir de la canne à sucre, du maïs et du manioc. Le Mozambique peut produire plus de 21 millions de litres d’éthanol, 40 millions de litres de biodiesel, ce qui exigerait l’utilisation de plus de 5 millions d’hectares de terre.

La stratégie définira le(s) produit(s) agricole(s) et le(s) biocarburant(s) que le Mozambique doit promouvoir, en considérant non seulement le potentiel de matière première et les conditions de sa viabilité, mais aussi la qualité du produit fini, sa compétitivité et son marché.

« Si le Mozambique veut être compétitif sur le marché du biocarburant, il doit procéder à une étude stratégique du domaine et définir clairement ce qu’il compte offrir », a indiqué le directeur national chargé des nouvelles énergies et des énergies renouvelable au ministère de l’énergie, M. Antonio Saide.


Source : article de l’Agence de Presse Africaine du 15 juillet 2007.

René Massé

BP et D1 Oils s’associent pour créer D1-BP Fuel Crops Limited, une entreprise de biocarburant au jatropha

BP et le groupe D1 Oils ont annoncé vendredi 29 juin 2007 la création d’une coentreprise dans le but de développer la production de jatropha utilisé pour le biodiesel, et vont investir 160 millions de dollars sur cinq ans dans la nouvelle compagnie.

Les industriels s’intéressent de plus en plus au biocarburants…

Les producteurs de biodiesel D1 Oils apporteront leurs plantations de jatropha, et BP paiera 31,75 millions de livres (48 millions d’euros) à la nouvelle co-entreprise, qui s’appellera D1-BP Fuel Crops Limited.

Elle a l’intention de planter un million d’hectares de jatropha au cours de ses quatre premières années et la production d’huile à transformer en biodiesel devrait commencer en 2008.

Le jatropha est cultivé pour l’huile de ses graines, qui produisent davantage de carburant par hectare que le mais et le soja, ne sont pas comestibles et n’entrent pas obligatoirement en concurrence avec les céréales alimentaires car on peut les cultiver sur des terres de moins bonne qualité.

Cette annonce est la seconde de la semaine en la matière pour BP. Mardi, la compagnie a annoncé qu’elle allait investir dans une coentreprise de 200 millions de livres avec Associated British Foods et DuPont pour construire et faire fonctionner une usine de bioéthanol, que DuPont et BP espèrent convertir en biobutanol, un produit qu’ils ont contribué à élaborer.

René Massé

Développement durable des biocarburants à Madagascar

Compte rendu des travaux d’une table ronde organisée par la BAMEX et WWF le 28 juin 2007 à Antananarivo, Madagascar.

« Développement durable des biocarburants à Madagascar »

Bamex – WWF de Madagascar

Compte rendu de la Table ronde du 28 juin 2007 à Antananarivo

4 pages

Le contexte des biocarburants à Madagascar

BAMEX et le WWF ont décidé de s’associer pour organiser ensemble une table ronde sur le « Développement durable des biocarburants à Madagascar ». Cette table ronde s’inscrit par ailleurs dans les évènements de l’Année des Energies Alternatives proclamée par le gouvernement malgache, et dans la célébration des semaines de l’Environnement.

Le secteur biocarburant est dans sa phase de lancement à Madagascar. Deux filières sont privilégiées par les acteurs privés, le gouvernement et les organismes d’appui : le bioéthanol à partir de canne à sucre, et le biodiesel à partir de jatropha.

Concernant la filière jatropha/biodiésel, on dénombrait fin 2006 trois (3) investisseurs important intervenant dans diverses régions de l’île. Par ailleurs, deux (2) projets d’investissement sont également enregistrés pour l’implantation d’unités de production de bioéthanol avec le soutien de la Banque mondiale. Enfin, un projet de loi sur le biocarburant est à l’étude actuellement en vue promouvoir ce secteur.

Objectifs de la Table ronde

L’engouement pour les biocarburants répond à un espoir de plus d’indépendance énergétique pour le pays et de rentrées fiscales liées aux activités à l’export. Le fait que les biocarburants soient qualifiés « d’énergies renouvelables » occultent cependant la nécessité de veiller à leur durabilité, tant d’un point de vue environnemental que social. Face aux promesses économiques pour le pays et aux perspectives à première vue intéressantes pour sortir la population rurale de la pauvreté, il est essentiel de mettre en place les balises nécessaires pour éviter une dérive, notamment vers une dégradation des équilibres écologiques et vers une fragilité sociale et économique engendrée par une importante activité agricole à la merci du baromètre économique international. Par ailleurs, devant l’évolution du contexte international laissant présager une demande toujours croissante à l’export de biocarburants, à destination de l’Europe notamment et en provenance des pays du sud, le gouvernement devra planifier et fixer des objectifs par rapport à la production de biocarburants dans le pays, permettant à Madagascar de se positionner sur le marché international émergent.

La Table ronde s’est donné pour objectifs :

  • de sensibiliser les acteurs clés sur la définition, l’importance et l’intérêt d’un développement durable des biocarburants pour le pays et pour les investisseurs ; cela signifie des bioénergies contribuant au développement durable de l’économie, au développement social et préservant les équilibres écologiques et environnementaux vitaux ;
  • d’initier les réflexions sur les mesures à envisager pour le développement durable des investissements biocarburants à Madagascar.

Le rapport de la Table ronde

Le rapport de ces travaux détaille la situation actuelle des investissements dans les biocarburants à Madagascar et formule des recommandations pour la mise en place d’une politique et d’un cadre incitatif pour le développement durable des biocarburants. Il précise enfin les éléments à prendre en compte pour le développement des balises environnementales et sociales, tant du point de vue de ses aspects environnementaux que de celui de ses aspects socio-économiques.

Manitra Rakotoarivelo

Rome : des experts évaluent l’impact de la bioénergie sur l’environnement et sur la sécurité alimentaire

En plein débat sur les conséquences possibles de la production à grande échelle de biocarburants, des experts internationaux, spécialistes de l’énergie, du climat et de l’environnement, se sont réuni du 16 au 18 avril 2007 au siège de la FAO à Rome pour évaluer le potentiel global des bioénergies et les effets possibles de ce secteur à forte croissance sur la sécurité alimentaire, et pour proposer une feuille de route pour l’avenir.

“La bioénergie détient un potentiel formidable pour les agriculteurs, en particulier ceux du monde en développement”, indique M. Gustavo Best, Coordonnateur principal pour l’énergie à la FAO. “Mais elle n’est pas sans danger, et nous devons en faire état clairement”.

Des craintes pour la biodiversité

Les biocarburants, actuellement fabriqués à partir de matières premières comme la canne à sucre, l’huile de palme et le maïs, sont appelés à remplacer partiellement les énergies fossiles, promettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en créant de nouveaux emplois et infrastructures dans les zones rurales, en particulier dans les pays en développement.

Mais leurs détracteurs dénoncent :

  • attirent l’attention sur le fait que le bilan énergétique de la production de biocarburants n’est pas toujours positif (on dépense plus d’énergie pour les cultiver et produire les biocarburants qu’ils n’en restituent à l’usage) ;
  • dénoncent la pratique des monocultures qui exigent le défrichage de vastes superficies, qui peuvent causer des dégâts à l’environnement et des pertes de biodiversité ;
  • alertent sur l’opportunité de convertir des cultures vivrières destinées à la consommation humaine ou animale pour la production de carburants pour les véhicules.

Les experts réunis à la FAO ont évaluéle potentiel des biocarburants et tenté d’identifier les moyens de les produire de manière durable et respectueuse de l’environnement et de la sécurité alimentaire.

Un rôle majeur dévolu aux gouvernements

Les gouvernements ont un rôle majeur à remplir en établissant des normes de performance en matière de bioéergie. Les organisations internationales comme la FAO peuvent également jouer un rôle important en offrant un forum neutre ainsi que leur soutien en matière de politique.

“Un engagement international est nécessaire pour garantir à la fois la sécurité alimentaire et l’utilisation durable des ressources naturelles”, selon M. Alexandre Müller, Sous-Directeur général de la FAO responsable du Département de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement.

Selon les experts internationaux ayant participé à la réunion de Rome , la Plateforme internationale de la FAO sur la bioénergie devrait élaborer rapidement des directives à l’adresse des gouvernements et des investisseurs.

Mosaïques

Selon certains experts, la production de biocarburants serait profitable à l’environnement et améliorerait la sécurité alimentaire si les cultures destinées à la production de biocarburants ainsi que de la biomasse étaient l’affaire des petits exploitants qui produiraient ainsi de l’énergie pour eux-mêmes et pour leurs communautés locales ou au titre de leur contribution aux marchés national et international.

Certaines cultures destinées à la production de biocarburants et de fourrage pourraient cohabiter avec des cultures vivrières et d’autres plantes. “Au sein de ces mosaïques champêtres, les espaces pour la culture de plantes destinées à la production de biocarburants procureraient d’autres avantages, notamment comme brise-vents ou pour la réhabilitation de zones dégradées ou encore comme habitat pour la biodiversité et pour d’autres services bénéfiques à l’écosystème.”

Instruments d’analyse

Au cours de la réunion de Rome, les experts ont souligné la nécessité de disposer au plus tôt d’instruments permettant de mieux analyser les effets de la production de bioénergie sur la sécurité alimentaire et l’environnement.

A cet égard, des données et des informations plus précises permettraient aux pays d’évaluer leur potentiel en matière de bioénergie et d’identifier les points noirs.

Selon les experts, les cultures destinées à la production de biocarburants ne devraient pas être cultivées dans des régions confrontées à des défis de taille en matière de sécurité alimentaire et où l’eau et la terre devraient d’abord servir à produire des cultures vivrières.


Sources : cet article reprend les contenus de deux articles diffusés sur le site de la FAO :

Contact :
Christopher Matthews
Relations médias, FAO
Courriel : christopher.matthews@fao.org
(+39) 06 570 53762
(+39) 349 589 3612 (portable)

René Massé

Les biocarburants : une solution sous condition

InfoResources News No 2 / 07 (Mai 2007) publie un article de fonds très intéressant sur les conditions requises pour que les biocarburants aient un impact positif sur l’environnement. En voici des extraits.

Pour que l’environnement et le développement rural puissent bénéficier de la production de biocarburants, il faut absolument que des conditions-cadre adéquates soient mises en place aux niveaux national et international. Des mesures pour une exploitation efficiente et durable des ressources naturelles sont un élément-clé.

« Les biocarburants ont le potentiel d’influer positivement sur l’effet de serre, car ils sont en quelque sorte « CO2 neutres » : les plantes énergétiques lient le CO2 présent dans l’air et le rejettent lors de la combustion. Savoir si les biocarburants ont effectivement un meilleur bilan CO2 que les carburants traditionnels dépend de deux autres facteurs :

  • de l’énergie utilisée pour la culture et le traitement des plantes en question ;
  • de l’usage antérieur des terres où ces plantes sont cultivées.

Si la culture de plantes pour la production de biocarburants se fait au détriment de zones boisées avec l’abattage massif d’arbres, comme c’est le cas actuellement pour les plantations de palmiers à huile en Indonésie, le bilan CO2 est tout de suite nettement plus négatif.

Un autre facteur tout à fait décisif est le besoin supplémentaire en ressources naturelles requis pour la production de biocarburants. À l’heure actuelle, la part des biocarburants sur l’ensemble des cultures est encore faible, mais le potentiel agricole est d’ores et déjà épuisé dans de nombreuses régions. Des pays comme la Chine et l’Inde, qui investissent massivement dans les biocarburants, se heurteront rapidement aux limites imposées par leur besoin en eau. »


Lire l’article en entier sur le site de InfoResources.

Inforessources est financé par le Confédération Suisse et son site se propose d’être « une source d’information en matière de ressources naturelles dans le cadre de la coopération internationale, centrée sur l’agriculture, les forêts et l’environnement ».

René Massé