Côte d’Ivoire : le ministre de l’Energie appelle à la prudence vis à vis de la culture de Jatropha

Le ministre des Mines et de l’énergie, M. Emmanuel-Léon Monnet a appelé au début du mois de juillet 2008 les Ivoiriens à s’engager prudemment dans la production de la Jatropha, une plante considéré
comme un carburant alternatif, face à la flambée du prix du pétrole.

M. Emmanuel-Léon Monnet a révélé que, depuis un certains temps, la télévision nationale sert de canal à de nombreuses personnes ou structures pour des appels à la culture du Jatropha comme
source de bio-carburant. Et cela, alors même que le ministère des mines et de l’énergie n’est pas associé.

Aussi, le ministre des mines appelle-t-il les Ivoiriens à faire attention et à s’engager dans la culture du Jatropha avec la prudence.


Source : un article de Théodore Kouadio, diffusé le 7 juillet 2008 dans Fraternité Matin (Abidjan)

René Massé

Un rapide coup d’œil sur les potentiels bioénergétiques mondiaux d’ici à 2050

Cette étude réalisée en mars 2004 présente une analyse complète des potentiels de production théoriques en matière de bioénergie, en s’appuyant sur les meilleures connaissances disponibles.

« A quickscan of global bio-energy potentials to 2050. An analysis of the regional availability of biomass resources for export in relation to
the underlying factors ».

Auteurs : Edward Smeets, André Faaij, and Iris Lewandowski

Mars 2004

122 pages en anglais

Cette étude identifie les éléments clés permettant de déterminer le potentiel de production de la bioénergie, à savoir : la croissance démographique, la consommation alimentaire par habitant, la demande de bois, les rendements des cultures et l’efficacité de la production dans le système de production animale – et le potentiel pour accroître les récoltes à travers des systèmes de gestion plus intensifs–, la croissance naturelle de la forêt et la production de bois issu des plantations.

Les résultats indiquent que, pour produire de la bioénergie à partir de plantes spécialement prévues pour cet usage, le facteur clé est d’utiliser le même type de système de gestion agricole que celui appliqué aux cultures vivrières. Si un type de gestion agricole est appliqué à l’instar de la meilleure technologie disponible dans les régions industrialisées, le monde sera alors capable de produire suffisamment de nourriture pour répondre à la demande projetée en 2050, ceci en utilisant seulement une fraction des terres agricoles actuelles.

Les régions avec les plus forts potentiels en matière de production bioénergétique sont l’Afrique subsaharienne (entre 0,1 et 0,7 Gha d’excédents de terre, soit un équivalent compris entre 31 et 317 EJy-1 de bioénergie en 2050), les Caraïbes (2 Gha) et l’Amérique latine (entre 0,2 et 0,6 Gha, soit entre 47 et 221 Ejy-1 en 2050).


Source : article publié sur le site du Centre Technique Agricole de Wageningen (CTA) le 27 juillet 2007, avec le document en anglais en libre téléchargement ici.

René Massé

Tanzanie : perspectives pour les biocarburants dérivés du jatropha

Ce document rend compte des recherches récentes menées en Tanzanie sur les perspectives de développement les biocarburants à partir d’une plante oléagineuse dénommée Jatropha curcas.

« Prospects for Jatropha Biofuels in Developing Countries :
An analysis for Tanzania with Strategic Niche Management »

Auteur : Janske van Eijck, Project Leader Biofuels, Diligent Tanzania
et Henny Romijn
Eindhoven Centre for Innovation Studies

22 pages en anglais

Edition du 16/04/2007

Le Jatropha curcas est une plante bien connue pour son potentiel dans la lutte contre l’effet de serre et l’érosion locale des sols. Beaucoup s’accordent aussi à dire, que grâce à elle, il est possible de créer des revenus supplémentaires pour les paysans pauvres et de fournir une source d’énergie majeure tant à l’échelle locale que mondiale. Son huile peut être utilisée dans les moteurs diesel, les lampes à huile et les cuisinières, et même pour faire du savon. Le tourteau de jatropha peut être utilisé pour la production de biogaz ainsi qu’en tant qu’engrais.

Le principal outil d’analyse utilisé est la stratégie de niche de marché (strategic niche management, SNM), une approche nouvelle fondée sur la théorie de l’innovation évolutive. On analyse comment la portée d’une transition énergétique est influencée par des facteurs qui se situent à trois niveaux de la société. Le SNM les identifie de la façon qui suit :
- « paysage », cadre général ;
- le cadre sectoriel ou « régime » ; l

- a « niche » où l’innovation se développe et se répand.

Des processus de niche présentant une certaine valeur ont été repérés dans certains endroits, notamment pour ce qui concerne la culture, mais de nombreux d’obstacles subsistent dans le régime énergétique qui prévaut en Tanzanie.

Le développement des biocarburants à base de jatropha en est encore à ses premiers pas. L’analyse SNM débouche sur plusieurs recommandations en matière de politiques. Les questions relatives à la méthodologie et à l’usage de l’outil SNM sont aussi abordées.


Source : article publié sur le site du Centre Technique Agricole de Wageningen (CTA) le 27 juillet 2007, avec le document en anglais en libre téléchargementici.

René Massé

Afrique : biocarburants et sécurité énergétique en Afrique

Cette présentation montre que les biocarburants sont disponibles en abondance sous diverses formes dans presque toute l’Afrique. Correctement exploités, ceux-ci pourraient jouer un rôle majeur dans l’approvisionnement énergétique des villages.

« Afrique : Biocarburants et sécurité énergétique en Afrique »

Auteur : Heinz Leuenberger

Co-auteur : Norbert Wohlgemuth

Présentation Powerpoint de 15 diapositives en anglais

Date : 16/04/2007

Les biocarburants basés sur les systèmes énergétiques ruraux peuvent non seulement aider à combattre la pauvreté en matière d’énergie mais peuvent aussi contribuer à sa réduction en étant associés à des usages productifs. Les nouvelles technologies telles que la bio-gazéification peuvent accroître l’électrification rurale et servir pour les applications de chauffage à effet mémoire de forme (SME), tandis que les biocarburants liquides tels que le bioéthanol et le diesel peuvent répondre aux besoins croissants des transports.

L’ONUDI (Organisation des Nations unies pour le développement industriel), en collaboration avec ses partenaires et les États membres, peut contribuer à maximiser les bénéfices issus de la filière des biocarburants.


Source : article publié sur le site du Centre Technique Agricole de Wageningen (CTA) le 27 juillet 2007, avec le document en libre téléchargementici.

René Massé

Banque mondiale : Biocarburants : promesses et risques

Cet article est extrait du Rapport sur le développement dans le monde 2008 publié par la Banque mondiale sous le titre : « L’agriculture au service du développement ».

Les biocarburants offrent une source potentielle d’énergie renouvelable et pourraient ouvrir de vastes marchés pour les agriculteurs. Toutefois, peu de programmes de biocarburants sont économiquement viables, et la plupart d’entre eux ont un coût social et environnemental : i) tensions à la hausse sur les prix des produits alimentaires, ii) intensification de la compétition autour des terres et de l’eau, iii) voire déforestation.

Les stratégies nationales en matière de biocarburants doivent être fondées sur une évaluation approfondie des opportunités et des coûts.

Au niveau mondial, la baisse des droits de douane et des subventions dans les pays industrialisés jouera un rôle essentiel pour répartir efficacement la production des biocarburants et garantir des bénéfices sociaux aux petits agriculteurs des pays en développement.

Les biocarburants pourraient devenir d’importants marchés pour l’agriculture, mais non sans risques

Alors que le cours du pétrole est presque à son maximum historique et qu’il existe peu de carburants alternatifs pour le transport, le Brésil, les États membres de l’Union européenne (UE), les États-Unis ainsi que d’autres pays soutiennent activement la production de biocarburants liquides issus de produits agricoles, généralement le maïs ou la canne à sucre pour l’éthanol et différents oléagineux pour le biodiesel. Parmi les principales raisons invoquées pour l’appui des pouvoirs publics aux industries des biocarburants, en croissance rapide, figurent les bénéfices environnementaux et sociaux, notamment la lutte contre le changement climatique et la contribution à la sécurité énergétique. Cependant les effets économiques, environnementaux et sociaux des biocarburants sont largement débattus ; il convient donc de mener une évaluation attentive avant d’accorder des subventions publiques à des programmes de biocarburants de grande ampleur. Ces effets dépendent du type de culture, du processus de production et des changements dans l’utilisation des terres.

La production mondiale de l’éthanol à des fins de carburant avoisinait les 40 milliards de litres en 2006, dont 90 % produits au Brésil et aux États-Unis (figure 1). En outre, environ 6,5 milliards de litres de biodiesel ont été produits en 2006, dont 75 % dans l’Union européenne (figure 1). Le Brésil est le producteur d’éthanol le plus compétitif et avec le plus d’expérience. Il utilise environ la moitié de ses cannes à sucre pour produire de l’éthanol et a rendu son utilisation obligatoire. De nombreux autres pays en développement lancent actuellement des programmes de biocarburant fondés sur la canne à sucre ou sur des plantes riches en huile, telles que le palmier à huile, le jatropha et le pongamia.

Même si les études sur le potentiel économique des biocarburants n’en sont qu’à leurs débuts, les programmes actuels en la matière pourraient, selon certaines estimations, multiplier par cinq la part des biocarburants dans le transport mondial – de 1 % aujourd’hui à environ 6 % en 2020.

Les biocarburants sont-ils économiquement viables et quel est leur effet sur les prix des produits alimentaires ?

Certains États apportent un appui substantiel aux biocarburants, afin qu’ils puissent faire concurrence à l’essence et au diesel conventionnel. Ces aides peuvent prendre la forme d’incitations à la consommation (réduction de la taxe sur le carburant), d’incitations à la production (fiscalité incitative, garanties sur les emprunts et subventions directes) et d’obligation de consommation. Aux États-Unis, plus de 200 mesures d’aides coûtent entre 5,5 et 7,3 milliards de dollars par an, représentant 0,38 à 0,49 dollar par équivalent en éthanol d’un litre d’essence. Même au Brésil, il a fallu jusqu’à récemment un soutien actif de l’État par des subventions directes pour développer une industrie compétitive. En outre, les producteurs de l’Union européenne et des États-Unis reçoivent des aides supplémentaires par le biais de droits de douanes élevés sur l’importation d’éthanol.

La production de biocarburants a poussé à la hausse les prix des matières premières. L’exemple le plus clair est celui du maïs, dont le cours a grimpé de plus de 60 % entre 2005 et 2007, notamment en raison du programme américain sur l’éthanol, qui s’est ajouté à la réduction des stocks dans de grands pays exportateurs. L’offre en matières premières risque de rester tendue à court terme. Toutefois, à moins d’une nouvelle envolée des prix de l’énergie, les cours des matières premières devraient ralentir leur croissance à long terme. Les agriculteurs réagiront en effet à l’élévation des cours en augmentant les surfaces cultivées et l’offre. Parallèlement, la hausse des cours entraînera une baisse de la demande en matières premières, car la production de biocarburant deviendra moins rentable du fait de ces prix élevés.

La hausse des prix agricoles imputable à la demande en biocarburants est désormais au cœur du débat sur un conflit potentiel entre alimentation et carburant. Les céréales nécessaires pour remplir d’éthanol le réservoir d’un 4X4 (240 kg de maïs pour 100 litres d’éthanol) permettraient de nourrir une personne pendant un an ; la concurrence entre alimentation et carburant est donc bien réelle. La hausse du cours des produits agricoles de base peut sérieusement compromettre la situation des populations pauvres, qui sont pour la plupart acheteurs net de ces produits. Cependant, nombre de producteurs pauvres sont, de leur côté, vendeurs net, et bénéficieraient donc de cette hausse.

La technologie des biocarburants pourrait à l’avenir reposer sur des cultures uniquement destinées à la production énergétique et sur des déchets agricoles et forestiers, réduisant ainsi potentiellement les tensions sur les prix agricoles. Toutefois, les technologies de seconde génération permettant de convertir la cellulose issue de ces déchets en sucres, distillés à leur tour pour obtenir de l’éthanol, ou pour produire du gaz dérivé de la biomasse ne sont pas encore viables commercialement, et ne le seront pas avant plusieurs années. En outre, la concurrence entre biocarburants et cultures alimentaires autour des terres et de l’eau risque de demeurer.

Les bénéfices et les risques en termes sociaux, environnementaux et de sécurité énergétique dépendent du contexte national.

La moindre dépendance vis-à-vis des importations de pétrole, qui contribue à la sécurité énergétique, est l’un des principaux arguments en faveur du développement de la production de biocarburants. Les bénéfices environnementaux et sociaux qu’ils présentent sont également fréquemment cités pour encourager les pouvoirs publics à financer les programmes de biocarburants et à prendre des mesures incitatives en la matière. Ces bénéfices dépendent fortement du contexte national, mais souvent moins qu’on ne le pense généralement.

Bénéfices potentiels en termes de sécurité énergétique. En l’état actuel de la technologie, les biocarburants ne peuvent améliorer que marginalement la sécurité énergétique des pays, car la production agricole nationale ne répond qu’à une faible part de la demande en carburants. Le Brésil est une exception avec la production d’éthanol. Selon les projections récentes, 30 % de la production de maïs américaine pourrait être convertie en éthanol d’ici 2010, mais cela ne représenterait qu’à peine 8 % de la consommation d’essence du pays. Les technologies de seconde génération, qui utilisent la biomasse agricole, pourraient apporter une plus grande contribution à la sécurité énergétique.

Bénéfices potentiels pour l’environnement. Les bénéfices pour l’environnement doivent être évalués au cas par cas, car ils dépendent des émissions de gaz à effet de serre associées aux cultures, au processus de production des biocarburants et au transport des biocarburants vers les marchés. Or, selon la Stratégie de l’UE en faveur des biocarburants, publiée en 2006, des modifications dans l’utilisation des sols telles que la déforestation ou l’assèchement de tourbières pour produire, par exemple, de l’huile de palme, peuvent annuler pendant des décennies les avantages en termes de réduction des gaz à effets de serre.

Au Brésil, l’utilisation des sols n’a pas changé puisque que ce sont des terres cultivées qui ont été exploitées ; on estime ainsi que la production brésilienne d’éthanol réduit d’environ 90 % les émissions de gaz à effet de serre. Le biodiesel est également relativement efficace, puisqu’il réduit ces émissions de 50 à 60 %. En revanche, cette réduction n’est que de 10 à 30 % pour l’éthanol produit à partir de maïs aux États-Unis. Dans ce type de cas, pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, il serait sans doute beaucoup plus efficace en termes de coûts d’améliorer le rendement des carburants dans les transports plutôt que de produire des biocarburants.

Bénéfices pour les petits exploitants. Les biocarburants peuvent profiter aux petits exploitants en créant des emplois et en augmentant les revenus ; toutefois, ces bénéfices risquent d’être limités en l’état actuel des technologies. La production d’éthanol recquière la présence d’économies d’échelle assez importantes, ainsi que d’une intégration verticale, du fait de la complexité du processus de production dans les distilleries. De même, la production de canne à sucre s’effectue généralement à grande échelle, même si, au Brésil, des systèmes de type coopératives permettent aux petits exploitants d’y participer dans une certaine mesure. La production de biodiesel à petite échelle pourrait répondre à la demande énergétique locale (par exemple à travers les groupes électrogènes fixes) mais les marchés plus importants nécessiteront une qualité constante qui ne peut être obtenue que par une production à grande échelle.

Il faut définir des politiques publiques en faveur des biocarburants. Jusqu’à présent, la production de biocarburants dans les pays industrialisés s’est développée à la faveur de droits de douanes élevés, associés à de fortes subventions. Pour les pays en développement qui produisent ou pourraient produire efficacement des biocarburants à destination de nouveaux marchés d’exportation rentables, de telles politiques sont coûteuses. En outre, les consommateurs pauvres paient plus cher les produits alimentaires de base, du fait de la hausse des prix des céréales sur les marchés mondiaux, une hausse largement liée aux distorsions créées par les politiques publiques.

Les pays en développement autres que le Brésil peuvent-il miser sur les industries des biocarburants ? Dans le cas des technologies de première génération, il est rare que les conditions économiques favorables soient réunies et que les bénéfices environnementaux et sociaux justifient de fortes subventions. Dans certains cas, comme pour les pays enclavés importateurs de pétrole qui pourraient devenir de bons producteurs de canne à sucre, les coûts de transport élevés pourraient rendre la production de biocarburants viable, même avec les technologies actuelles. Les bénéfices potentiels beaucoup plus élevés des technologies de seconde génération, notamment concernant la production de biodiesel à petite échelle, justifient d’importants efforts de recherche privée et publique.

La difficulté pour les gouvernements des pays en développement consiste à éviter de soutenir la production de biocarburants par des mesures incitatives causant des distorsions susceptibles de faire disparaître d’autres activités plus rentables, et à mettre en place une réglementation et des systèmes de certification réduisant les risques alimentaires et environnementaux liés à la production de biocarburants. Ils doivent donc évaluer attentivement les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux ainsi que les avantages en termes de sécurité énergétique.

Des systèmes de certification permettant de mesurer et d’indiquer les performances environnementales des biocarburants (par exemple, un indice vert des réductions des émissions de gaz à effet de serre) pourraient contribuer à réduire les risques environnementaux associés à la production de biocarburants à grande échelle. Cependant, pour être efficaces, ils nécessitent la participation de tous les grands producteurs et acheteurs, ainsi que la mise en place de solides dispositifs de contrôle.


Source : un article publié sur le site de la Banque mondiale

René Massé

Italie : réunion à la FAO sur la crise alimentaire… où on reparle des biocarburants !

Un sommet de la FAO s’est déroulé à Rome sur la sécurité alimentaire dans le monde du 3 au 5 juin 2008. C’était l’occasion de rechercher un improbable consensus sur la place des biocarburants. Cet article est une revue de presse de la Mission Agrobiosciences.

Manger et conduire grâce à l’agriculture… les biocarburants, cette belle idée qui faisait consensus dans les pays riches, il n’y a pas encore si longtemps, ne cessent de faire controverse tant ils se heurtent aujourd’hui à une question vitale : nourrir le monde.

Les récentes crises alimentaires, désastreuses pour des populations au quatre coins de la planète, mettent crûment en relief ce que l’on ne voulait pas, ou ne pouvait plus voir du côté de l’opinion des pays riches. Obnubilés par la sécurité sanitaire des aliments, nouvelle anxiété des pays riches alors même qu’ils disposent de l’abondance et de procédures de sécurité les plus sophistiquées, la sécurité alimentaire était finalement passée en arrière plan. Ainsi, les problématiques environnementales, autre emblème de nos préoccupations contemporaines, devenaient également une priorité, au point même que l’on prétendait faire en sorte que les pays plus pauvres adoptent pour eux-mêmes ces mêmes impératifs vitaux pour le bien… de la planète. De la nature.

C’était oublier cette autre priorité, constante celle-là : l’homme. Sa survie passe d’abord par la nourriture. Avec ces crises, nous assistons à une sorte de « réveil des consciences » note le directeur générale de l’association « Action contre la Faim » dans le « NouvelObs.com », par le fait que revienne dans l’actualité « l’idée qu’une grande partie de la population mondiale consacre à l’alimentation une grande part de son budget quotidien ». Il ajoute qu’il y a seulement six mois, un plaidoyer contre la faim dans le monde, avec appels de fonds… aurait sans doute été impossible.

Saisis à froid ce rappel au réel, les biocarburants passent d’un seul coup de la figure angélique qui les incarnait à celle d’un démon planétaire. Ils ne sont pas, loin de là, les seuls responsables de cette crise désastreuse, on les accuse de participer pour un tiers à l’augmentation des prix agricoles… Sur ce point, rapporte « 20 Minutes.fr » le secrétaire générale de l’Onu préconise « plus de recherches et d’analyse » afin de mesurer plus précisément leur impact sur la crise alimentaire. Rappelons quand même ces propos du numéro 2 du FMI, du 8 mai dernier, reproduit par « Nouvelobs.com » et qui précise que sur certaines matières premières, l’impact est fort « le développement des biocarburants serait responsable à 70% de la hausse récente du prix du maïs et à 40% de celle du prix du soja ».

Reste ceci : les biocarburants sont devenus pour l’opinion, avec les spéculations sur les matières premières et les subventions à l’exportation, l’un des emblèmes de ce désastre. C’est ainsi. « Le Monde.fr », rappelle que les propos des acteurs du sommet de la FAO à Rome, et alors même que le secrétaire général de l’Onu souhaite également un « plus grand degré de consensus » sur les biocarburants, dessinent plutôt le contours des dissensus en jeu… L’agence « Reuters » rapportait le même jour, que le secrétaire américain à l’agriculture avait dès le début de ce sommet « exprimé son doute, quand à la conclusion d’un accord » au sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire qui se tient à Rome du 3 au 5 juin 2008 ».

Egalement ardent défenseur de sa production de bioéthanol, le Brésil, par la voix de son président, affirme, que les biocarburants « ne sont pas les bandits qui menacent la sécurité alimentaire des nations les plus pauvres », en rappelant que la totalité de l’éthanol est produite sur seulement 1% des 340 millions d’hectares agricoles. Pas du tout convaincu, le président de l’Egypte, pays qui a également connu de fortes émeutes de la faim, estime lui (Le Monde.fr 3 Juin) qu’il faut « freiner la production de biocarburants », en lançant un appel pour « un dialogue urgent entre importateurs et exportateurs de produits alimentaires et énergétiques ».

Pendant que des « petits pays » condamnent l’utilisation des terres arables pour les biocarburants, une nation se distingue : le Congo-Brazaville qui se dit prêt à discuter avec des investisseurs étrangers à cette condition : qu’ils achètent aussi la production locale pour leurs usines.


Source : Revue de presse (Nouvelobs.com. Le Monde.fr. 20minutes.fr. Reuters) de la Mission Agrobiosciences publiée le 5 juin 2008 sur son site sous le titre : « Crise alimentaire/FAO : Biocarburants de la figure angélique à celle de démon planétaire ? ».

René Massé

Biocarburants et développement rural : les paysans de Foundiougne (Sénégal) investissent

Création de la société SOPREEF Le 27 juin 2008 a eu lieu à Kaolack la création de la société SOPREEF (Société pour la Promotion de l’accès à l’Energie et à l’Eau dans le département de Foundiougne). Cette société, dont la mission est de coordonner un investissement dans 30 pôles de développement et d’organiser à l’échelle du département une filière de production de biocarburants à partir de plantations de Jatropha, constituera le moteur du programme ‘Energie Eau Solidarité Foundiougne’. Les fondateurs de SOPREEF (…)

Création de la société SOPREEF

Le 27 juin 2008 a eu lieu à Kaolack la création de la société SOPREEF (Société pour la Promotion de l’accès à l’Energie et à l’Eau dans le département de Foundiougne).

Cette société, dont la mission est de coordonner un investissement dans 30 pôles de développement et d’organiser à l’échelle du département une filière de production de biocarburants à partir de plantations de Jatropha, constituera le moteur du programme ‘Energie Eau Solidarité Foundiougne’.

Les fondateurs de SOPREEF sont la société Performances et la Fédération des Groupements de Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF). Il envisagent un élargissement du capital de la société à d’autres partenaires, déjà identifiés, en décembre 2008 et en juin 2009.

Convention d’associés

La convention signée ce même jour entre les associés de SOPREEF constitue un cadre de référence important pour le développement de cette société. Elle les oblige notamment à :

  • Etablir et respecter un équilibre dans la représentation au sein du conseil d’administration de SOPREEF des différents groupes d’intérêts concernés par la mise en oeuvre du programme EESF.
  • Veiller à ce que l’investissement qu’ils vont soutenir s’intègre dans les stratégies locales de développement élaborées par les communautés rurales et respecte l’environnement social, économique et écologique dans lequel il se déploiera.

La signature de cette convention constituera un préalable à l’entrée de tout nouvel associé au capital de SOPREEF.

Le contenu de cette convention a été étudié en détail par les producteurs partenaires du programme EESF au cours d’une réunion qui s’est tenue avec Performances le 27 juin 2008 au restaurant ‘Blue Bird’ de Kaolack. L’objectif des groupements représentés est de planter 290 ha de Tabanani pour l’hivernage 2008, soit environ 70% des intentions de plantation actuelles :

  • Abdoulaye Faye, président du groupement de Felane (110 ha)
  • Lamine Diatta, président du groupement de Guague Cherif (20 ha)
  • Mbaye Diouf, président du groupement de Bambougar (60 ha)
  • Mamadou Thioub, président du groupement de Keur Serigne Bamba (50 ha)
  • Bassirou Ndiaye, président du groupement de Ndorong Serère (45 ha)

Lancement du programme EESF

Après 8 mois d’investissement de la société Performances, promoteur de ce programme Energie Eau Solidarité Foundiougne, les conditions sont maintenant créées pour le lancement du programme EESF.

  • Le cadre de gestion du programme (EESF) est mis en place et bénéficie d’un appui financier de la Fondation Veolia pour ses 6 premiers mois d’activité.
  • Une convention cadre définit les partenariats stratégiques sur lesquels s’appuiera le programme EESF ; elle a été officiellement validée par l’Agence Sénéglaise d’Electrification Rurale (ASER), le Programme Régional Energie Pauvreté (PREP), le Programme Eau Potable et Assainissement pour le Millénaire (PEPAM), le Conseil Régional de Fatick (CRF), le programme AREED de l’ONG ENDA Tiers Monde.
  • Des semences de Jatropha Curcas (Tabanani) ont été distribuées auprès de 10 groupements de producteurs pour la plantation d’environ 400 ha dans une vingtaine de villages.

Enfin, une première pluie significative tombée le 30 juin 2008 marque le début de la campagne agricole 2008 dans le département de Foundiougne, et le démarrage opérationnel du volet ‘biocarburant’ du programme EESF.

Bruno Legendre

Culture du Jatropha

Introduction Le programme Eau Energie Solidarité Foundiougne (EESF) se propose de développer en partenariat avec des collectivités locales et des organisations de producteurs une filière locale de production de biocarburants à partir de Jatropha. L’étendue de ce programme, qui vise 3000 ha de plantations réparties sur 6 communautés rurales du département de Foundiougne, impose un accompagnement technique rapproché des producteurs. Note agronomique L’objectif de la note agronomique ci-jointe est de (…)

Introduction

Le programme Eau Energie Solidarité Foundiougne (EESF) se propose de développer en partenariat avec des collectivités locales et des organisations de producteurs une filière locale de production de biocarburants à partir de Jatropha.

L’étendue de ce programme, qui vise 3000 ha de plantations réparties sur 6 communautés rurales du département de Foundiougne, impose un accompagnement technique rapproché des producteurs.

Note agronomique

L’objectif de la note agronomique ci-jointe est de faire une synthèse des connaissances actuelles concernant la culture de Jatropha et d’identifier les contributions que le programme EESF pourra y apporter.

Elle aborde les points suivants :

  • Caractéristiques biologiques de la plante
  • Variabilité génétique et choix des semences utilisées par le programme
  • Mise en place des plantations
  • Besoins en eau et maîtrise de l’eau
  • Entretien des plantations
  • Qualités agronomiques du Jatropha (restauration des sols, protection de l’environnement et des cultures, utilisation du tourteau)
  • Risques environnementaux associés au développement du Jatropha
  • Parasites du Jatropha

Le Programme EESF

Les ressources humaines mobilisées pour la mise en œuvre du programme Energie Eau Solidarité Foundiougne lui permettront d’assurer un suivi agronomique du développement de la culture du Jatropha dans la région ciblée.

  • Le promoteur du programme, qui en définit les orientations stratégiques, est agronome
  • Le programme prévoit le recrutement d’un agronome à temps plein
  • Un des cofondateurs d’ASADER (Association ‘Savoirs pour le Développement Rural’, qui accompagne la mise en œuvre du programme EESF), est président de l’association des entomologues africains
  • Un partenariat stratégique avec la société SODEFITEX (spécialisée dans l’exploitation du coton) prévoit l’implication de son département Bamtaare (chargé de la coordination de toutes les opérations de développement rural : formation, communication, financement, diversification des activités…) dans l’accompagnement technique des agriculteurs.

Le programme EESF comprend une importante composante collecte et analyse de données, qui permettra une meilleure connaissance des possibilités de développement de la culture du Jatropha dans le département de Foundiougne. Ainsi :

  • En septembre/octobre 2008, le programme constituera son stock de semences pour la campagne 2009 à partir de la production locale endémique. Chaque lot de semence sera caractérisé par son origine, le poids de 1000 grains, le ratio graines/coques, la teneur en huile, la composition de l’huile (on sait que chez certaines espèces l’huile extraite présente une plus faible teneur en acides polyinsaturés, ce qui produit un carburant de meilleure qualité)
  • Les plantations (l’objectif est de semer 400 ha en 2008) feront l’objet d’un suivi continu. Un échantillon représentatif de parcelles sera caractérisé (localisation, analyses de sols, pluviométrie) et des données sur le développement des plants y seront périodiquement collectées (taux de germination, taux de survie, croissance des plants, floraison, production de graines…)
  • Un suivi environnemental sera mis parallèlement en place, prenant en compte l’évolution de la végétation dans les parcelles plantées, ainsi que de l’état des sols, l’identification de parasites…

Toute information collectée dans le cadre du projet EESF fera l’objet de publications largement diffusées sur internet, contribuant ainsi à l’amélioration des connaissances au niveau global.

Bruno Legendre

Essais comparatifs de deux moteurs diesels, l’un alimenté à l’huile de palme et l’autre, au gasoil

Ce document a été réalisé en juin 2006 par Gilles Deschepper et réactualisé depuis. Il s’agit d’un rapport d’essais comparatifs de deux moteurs diesel identiques alimentés, l’un avec du gasoil et l’autre, avec de l’huile de palme.

L’auteur de l’étude a fait fonctionner en parallèle les deux moteurs pendant 150 heures durant lesquelles il a effectué une série de mesures afin d’obtenir une comparaison continue de leurs fonctionnements.

Même si des tests plus longs (500 à 1 000 heures) doivent être menés pour confirmer les premiers résultats, l’étude montre que l’emploi de l’huile de palme comme carburant ne pose aucun problème majeur pour le moteur choisi (FIELDMARSHALL FM-II).

Pour en savoir plus sur la méthode suivie et les résultats obtenus, le rapport complet est à télécharger ci-dessous :

Jérome Levet, René Massé

Niger : 2ème marché des énergies renouvelables au Sahel et en Afrique de l’Ouest

Le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) organise le deuxième Marché des énergies renouvelables au Sahel et en Afrique de l’Ouest (MERS-AO) à Niamey, du 26 au 30 mai 2008

Organisé en collaboration avec le gouvernement du Niger et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’objectif du MERS-AO est de promouvoir des solutions durables aux difficultés de diffusion et d’utilisation des énergies renouvelables dans la sous-région.

Le MERS-AO regroupera les principaux acteurs concernés par le développement d’un marché sur les énergies renouvelables au Sahel et en Afrique de l’Ouest ; des opérateurs privés (entreprises, installateurs, producteurs de services, importateurs) spécialisés dans les filières photovoltaïque, éolienne et biomasse.

Une exposition d’équipements de valorisation des énergies renouvelables se tiendra au Palais des congrès de Niamey.

Deux ateliers thématiques se tiendront également sur l’accès aux services énergétiques : quelle place pour les énergies renouvelables ? Les biocombustibles : quels enjeux et quelle place pour la sous-région ?

René Massé