Christopher Cleaver, ingénieur mécanicien, fait un compte rendu à GVEP International depuis le marché de la ville de Ranen, au Kenya, où il conduit une étude sur les briquettes.
DANIEL AYIEKO ODONGO est bien assis avec à son côté un seau plein de briquettes. Ce combustible énergétique qui a contribué à l’émergence sociale de cet ancien vendeur de CDs, permet également à d’autres d’accéder à un carburant moins cher, et à long terme cela pourra conduire à la réduction de la déforestation du Kenya.
Nous avons passé une semaine ensemble dans la ville de Ranen, pour étudier comment Daniel et d’autres artisans produisent ce carburant. Nous avons visité ses clients et ses fournisseurs et nous avons essayé de comprendre comment les populations locales utilisent l’énergie dans leur vie quotidienne.
Le marché de Ranen est au coeur d’une ceinture verte de terre fertile (appelée poumon agricole du Kenya), proche du Lac Victoria. Les populations locales utilisent plusieurs sources d’énergie pour la cuisine et le chauffage ; celles habitant les milieux ruraux utilisent pour la plupart du bois collectés dans la forêt ; celles travaillant dans les marchés ont tendance à utiliser du charbon (dérivé du bois collecté), et du pétrole.
Mais Daniel sait que tout ceci a un coût écologique. « tu vois, l’environnement au Kenya n’est pas terrible ; or il est très important pour les Kenyans ; c’est pourquoi nous recherchons cette nouvelle méthode de cuisson.
Les briquettes sont fabriquées à partir de déchets agricoles et forestiers compactés en stock de matériau combustible. Daniel a commencé par la collecte de débris de charbons, trop fins pour être utilisés par les consommateurs (mais faisant partie de 10-20% du charbon total vendu). Il transforme ces débris en combustible moins cher.
« Nous avons appris à faire cela à la main. Nous avons commencé avec assez peu d’argent car nous ne pouvions pas attendre avant de pouvoir acheter les presses. »
Le débris de charbon est tout simplement mélangé à de l’argile locale, moulé en boules et séché au soleil pendant 3 jours.
Le produit final fait la joie des consommateurs qui n’en peuvent plus de supporter les prix galopants du charbon. David Odindi, qui gère un petit hôtel en ville constate que « cela ne produit pas de fumée, n’est pas cher et ne dégage aucune odeur ».
Les ventes n’ont pas tardé à augmenter. « La première fois que j’étais au marché au mois de juin, avec un sac à moitié rempli, j’en suis revenu avec le quart. Les clients les jaugeaient et se demandaient ce que c’était. Je ne fus pas découragé, puis lorsque les clients ont commencé à comprendre leur utilité, les ventes ont augmenté. Maintenant lorsque je vais au marché avec deux sacs, je vends tout le contenu.
Pour Daniel, l’effet déclencheur a eu lieu à l’issue d’une session d’initiation en gestion d’entreprise : « auparavant, mon affaire était gérée de manière empirique : nous vendions et consommions les revenus au jour le jour. Mais par la suite j’ai compris que l’entreprise et moi étions deux choses différentes ; ce qui veut dire que je peux respecter mon entreprise autant sinon plus que moi-même. »
La production de Daniel est aujourd’hui au-delà d’une tonne de briquettes par semaine. Et il gagne autant d’argent qu’un enseignant (jusqu’à 300 dollars par mois), sans travailler désormais au jour le jour.
Aujourd’hui il y a trois autres fabricants de briquettes en ville, tous formés dans le cadre du Programme DEEP de GVEP International en Afrique de l’Est. Leur seul souci à présent est de trouver assez de débris de charbon : maintenant qu’il y a une concurrence, nous sommes obligés d’aller jusqu’à Awendo pour chercher des débris de charbon. »
Daniel reconnaît que sur le long terme, ils ne peuvent plus compter uniquement sur la production de charbon, une activité qui a causé tant de déforestation au Kenya. Mais cela est maintenant réglementé par le gouvernement. « Le charbon va finir par manquer ; nous envisageons à terme d’utiliser de la bagasse (déchets de canne à sucre). Nous pourrons fabriquer manuellement cela localement après l’avoir carbonisé ».
« Nous avons eu l’occasion de visiter une usine proche qui fabrique du sucre South Nyanza et nous avons constaté que la quantité de bagasse qui s’empile chaque jour est considérable. Cela pourrait être utile à au mois 500 000 personnes. » Daniel et d’autres partenaires ont l’intention d’investir en équipements afin d’augmenter leur production. Mais maintenant la course est de savoir qui va être le premier à transformer cela en produit utile.
Daniel qui gagnait sa vie en vendant des CDs a déjà vu ses revenus augmenter considérablement et constate un vrai changement dans sa vie : « les gens viennent vers nous parce qu’ils ont vu ce que nous avons fait. Maintenant ils ont remarqué les changements survenus dans nos vies à l’issue de notre formation dans le cadre du programme DEEP Afrique de l’Est ; et nous le savons intérieurement aussi. »
Pour plus de renseignements sur le programme DEEP, visitez la page- projet sur le site du GVEP International : http://www.gvepinternational.org/project/53/
Laure Ego, GVEP