Du 10 au 18 décembre 2009 s’est tenu à Copenhague, au Danemark, un rassemblement international sans précédent. Son objectif : mettre toutes les nations sur la voie de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au terme de cette rencontre, l’Accord de Copenhague laisse un goût d’inachevé… En attendant, le protocole de Kyoto reste le seul instrument légal contre le réchauffement, mais ne concerne qu’un tiers à peine des émissions mondiales.
119 dirigeants du monde entier ont assisté à la réunion, le plus grand rassemblement de chefs d’Etat et de gouvernement de l’histoire de l’ONU. Le défi consiste désormais à transformer l’Accord de Copenhague en un accord politique mesurable et vérifiable.
Les enjeux de Copenhague
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
Le protocole de Kyoto visant à limiter le réchauffement climatique prend fin en 2012. Les signataires se sont engagés dans des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le sommet de Copenhague devait fixer des objectifs pour les échéances 2020 et 2050.
Intégrer les pays en développement dans des objectifs de réduction d’émissions
Pour qu’une action ait des effets planétaires, il est crucial que la Chine, mais aussi l’Inde et le continent africain, acceptent des objectifs contraignants. Or, dans les décennies à venir, ces pays engageront d’importants programmes de développement économiques, synonymes de consommation accrue d’énergie. La Chine refuse tout contrôle de ses émissions par une organisation internationale et n’accepte de s’engager que sur la réduction de l’intensité carbone. Pour concilier développement économique et réduction des émissions, il faut aider ces pays à financer le passage aux technologies propres. Une aide évaluée à 100 milliards de dollars par an…
Convaincre les États-Unis de rejoindre le mouvement
L’Amérique d’Obama est plus sensible au sujet que celle de Bush. Mais la population et les lobbies de l’industrie américaine contestent par avance tout engagement contraignant de réduction des gaz à effet de serre aux États-Unis. Le débat entre le président et le Sénat est houleux.
L’Accord de Copenhague
La conférence onusienne de Copenhague s’est achevée par un accord politique de trois pages visant à limiter l’élévation de la température, la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre et mettant en place l’abondance de fonds pour les pays en développement. On en retiendra les points suivants :
1. L’Accord de Copenhague reconnaît le point de vue scientifique appelant à contenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2 degrés.
Mais pas d’accord sur l’objectif de diviser par deux les émissions mondiales de CO2 en 2050 ;
Et pas d’accord pour la mise en place d’une organisation internationale pour contrôler les efforts des pays.
2. Afin d’atteindre cet objectif, l’accord précise que les pays industrialisés s’engagent à mettre en œuvre, individuellement ou conjointement, des objectifs quantifiés de réductions d’émissions à partir de 2020. Les pays industrialisés (dits annexe 1) et les pays émergents devront indiquer avant le 31 janvier 2010 leurs objectifs en matière de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2020.
Parmi les pays industrialisés, les USA n’ont pas laissé prévoir d’évolution au delà de ce qui a déjà été annoncé : -4% en 2020 (base 1990).
l’Europe va devoir décider si elle maintient une position commune. Elle s’est déjà engagée à faire -20% en 2020 par rapport à 1990, et -30% si ses partenaires font des efforts proportionnels.
Les engagements que prendront les pays émergents ne seront pas contraignants et seront contrôlés seulement au niveau national.
La Chine avait indiqué avant Copenhague qu’elle s’efforcerait d’améliorer l’efficacité énergétique de sa croissance.
Un certain nombre de pays en développement, y compris les principales économies émergentes, ont accepté de communiquer leurs efforts pour limiter les émissions de gaz à effet de serre tous les deux ans et devront également préciser leurs annonces de contributions volontaires avant le 31 Janvier 2010.
Ces mesures de réduction bénéficiant d’un appui international technique et financier devront être consignées dans un registre.
Les chefs d’Etat ont demandé une révision de cet accord en 2015, afin de permettre un examen de l’objectif à long terme visant à limiter l’élévation de la température moyenne mondiale à 1,5 degré.
3. Financement des pays pauvres
Copenhague a confirmé l’estimation à 100 milliards de dollars par an le besoin en financement des pays en développement à l’horizon 2020.
A court terme, un engagement collectif a été obtenu sur un Fonds alimenté par les pays développés au cours des trois prochaines années à hauteur de 30 milliards de dollars US. Ainsi, 10 milliards de dollars vont être disponibles en 2010, 2011 et 2012. Un groupe de travail de haut niveau sera créé pour étudier ces questions financières.
Pour les financements à long terme, les pays développés ont accepté de soutenir conjointement un objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour répondre aux besoins des pays en développement.
Transferts de technologie
Un mécanisme est établi pour accélérer les transferts technologiques.
Prochains rendez-vous
Le prochain rendes-vous est fixé à Bonn, Allemagne, du 31 mai à 11 juin 2010. Elle aura pour objet la préparation de la prochaine assemblée annuelle des Nations unies sur les changements climatiques qui aura lieu vers la fin de 2010 à Mexico.
Un réexamen global de l’accord de Copenhague est prévu en 2015.
Sources : un article de Agathe Remoué publié le 24 novembre 2009 sur le site de l’Usine Nouvelle ; un article publié le 21 décembre 2009 sur le site L’Expansion et un article publié le 21 décembre 2009 sur le site du Ministère français de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer.
René Massé