Archives de la catégorie : Actualité

L’OCDE dénonce vivement la stratégie de l’Union européenne en faveur des biocarburants

La Commission européenne a adopté en février 2006 une Stratégie pour promouvoir les biocarburants avec pour objectif de couvrir 10% des besoins du secteur des transports en 2020 (voir document ci-dessous). Une étude de l’OCDE présentée en septembre 2007 avance que cette politique causera une pénurie alimentaire et provoquera la destruction d’habitats naturels sans véritable impact sur les changements climatiques.

Même avec le meilleur scénario, les biocarburants ne permettraient pas de réduire de plus de 3% des émissions de CO2 d’ici 2050, et donc ne permettraient pratiquement pas de réduire les consommations de produits pétroliers.

Cette étude a été présentée aux ministres et experts des gouvernements des 30 pays membres de l’OCDE les 11 et 12 septembre 2007. Elle avance des arguments très défavorables aux biocarburants, parmi lesquels :

  • Le faible bénéfice environnemental serait obtenu à un coût excessif, car il faudra subventionner les biocarburants pour les rendre compétitifs avec les produits pétroliers. L’étude s’appuie sur l’exemple des Etats Unis où l’État débourse annuellement 7 milliards de US$, soit de l’ordre de 500 US$ par tonne de CO2 économisée pour dire qu’en Europe, la facture sera encore plus élevée…
  • Subventionner et garantir les prix des biocarburants pourrait inciter les propriétaires terriens à convertir leurs cultures alimentaires en cultures énergétiques, ce qui aurait un effet sur le prix des produits alimentaires ;
  • Tant que les ressources naturelles ne seront pas valorisée à leur juste prix, les forêts, pâturages, les marécages, et autres écosystèmes naturels risquent d’être transformés en zones de cultures énergétiques.

L’OCDE recommande d’utiliser plutôt les subventions pour la recherche de biocarburants de seconde génération.


Pour informations complémentaires :

  • Voicila page pour lire l’article en entier (en anglais).

René Massé

L’huile de palme et la bioénergie

Comment valoriser durablement une filière huile de palme, en combinant ses différents usages ? Cet article, en anglais, analyse cette question ; il a été publié dans la revue néerlandaise BUS.

Auteurs : Jan Van Dam et Wolter Elbersen

9 pages

Date de publication : novembre 2004

L’article proposé en téléchargement ci-dessous analyse un concept de développement durable de la filière huile de palme, basé sur une certification de la production de la biomasse résiduelle. Il montre que l’utilisation combinée de l’huile et la valorisation énergétique des sous-produits contribuent à un développement de la filière qui est socialement équitable, économiquement viable et environnementalement bénéfique.

Pépin Tchouate

Le Salon International des Energies Renouvelables ENERGAIA

ENERGAIA se déroulera du 6 au 8 décembre 2007 à Montpellier (France).

Energaia est une initiative lancée par la Région Languedoc Roussillon avec, entre autres, un partenariat avec l’ARE (Assemblée des Régions d’Europe qui regroupe 255 régions dans 32 pays) qui organisera une journée spécifique sur le thème « Efficacité énergétique et énergies renouvelables : des atouts majeurs pour des régions compétitives ».

A noter également que l’ensemble des Fédérations européennes des professionnels du secteur des énergies renouvelables participera au Cycle de Conférences (EREC, EUREC, EGEC, ESTIF, EPIA, ESHA, EWEA, AEBIOM, EUBIA) et que les réseaux et professionnels français seront également représentés (EFFINERGIE, DERBI, ENERPLAN, FFB, CAPEB…).

Enfin, une conférence spécifique sera organisée, centrée sur les régions de l’espace euro méditerranéen, avec notamment la participation de l’association MEDENER.

ENERGAIA, qui devrait être reconduit chaque année, a pour ambition d’être une plate-forme internationale d’échanges entre industriels, autorités publiques et tous les acteurs des secteurs des énergies renouvelables et du bâtiment, notamment ceux des 27 pays de l’Union européenne ainsi que des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée.

Pour tout complément d’information, merci de visiter le site du Salon : www.energaia-expo.com vous y trouverez le projet de programme des conférences (également disponible ci-dessous) qui concerneront, pour cette première édition, le secteur du bâtiment, les enjeux et les perspectives des énergies renouvelables dans les régions d’Europe (usages thermiques et applications électriques). A noter que différents projets européens profiteront également du cadre offert par ENERGAIA pour tenir leur réunion plénière.

Pour ce qui concerne le salon, plus de 200 exposants français et étrangers ont déjà confirmé leur participation. L’ADEME y tiendra également un stand.

Enfin, un Forum International d’Affaires (FIA) a été mis en place par Septimanie Export sous couvert de la Région Languedoc Roussillon.

Pour information, la participation au salon est gratuite et les frais d’inscription aux conférences sont de 50 €.

René Massé

Séminaire francophone sur la finance carbone à l’attention des institutions financières africaines francophones

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement organise conjointement avec la Banque Mondiale un séminaire les 15 et 16 novembre 2007 (dates à confirmer) à Dakar sur la finance carbone et le mécanisme de développement propre (MDP).

Ce séminaire de formation est destiné aux institutions financières d’Afrique francophone.

En 2006, le marché carbone a doublé en valeur : il est estimé en valeur à 22 milliards de US$ et les prévisions de croissance pour 2007 sont d’au moins 50%. Malgré cette rapide croissance des transactions, les pays sub-sahariens n’ont guère profité de ces financements.

Concernant les pays francophones d’Afrique, le manque de sensibilisation combiné à des spécificités du secteur financier (coûts de transaction prohibitifs, et risques) a jusque là empêché un changement d’échelle dans les transactions carbone finance.

Cette formation de trois journées est destinée à des institutions bancaires et de finances. Elle vise à fournir aux participants une meilleure compréhension des nuances et des opportunités du marché carbone global.


Si des personnes souhaitent intervenir dans le cadre de ce séminaire sur la base de leur expertise en finance carbone et/ou MDP, merci de contacter : Mme. Francoise d’Estais, Administrateur de programme PNUE

PNUE – Programme des Nations Unies pour l’Environnement

Division Technologie, Industrie et Economie

Service Energies Renouvelables et Financement

15, rue de Milan 75441 Paris Cedex 09

Courriel : francoise.destais@unep.fr

René Massé

La Lettre des Economistes de l’AFD est consacrée à l’efficacité énergétique

La lettre des économistes de l’AFD : l’efficacité énergétique, la hausse du prix des hydrocarbures et l’ampleur vraisemblable des changements climatiques font de la maîtrise de l’énergie une priorité absolue. Cette Lettre étudie plusieurs dimensions des problématiques d’efficacité énergétique, de ses fondements théoriques à ses applications pratiques, en s’inspirant de l’expérience opérationnelle de l’AFD (réhabilitation thermique de bâtiments, biocarburants…).

Numéro 17 de La Lettre des Economistes de juin 2007
http://www.afd.fr/jahia/Jahia/home/publications/Lettre-des-economistes

Depuis les années 70, le monde a connu plusieurs crises de l’énergie. Jusque là, à l’énergie chère a toujours succédé une énergie peu chère, faisant oublier les nécessité d’un effort. La crise actuelle de l’énergie conduira t-elle à une prise de conscience plus durable des problèmes de long terme de l’humanité ?

Aujourd’hui, la situation est différente : on connait mieux les ressources géologiques de la planète. Surtout, avec le décollage économique de grands pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres pays émergents, on évalue mieux les prévisions de croissance de la demande d’énergie.

Mais la différence majeure est celle du lien entre l’énergie et le changement climatique. L’incidence sur l’environnement global des consommations croissantes d’énergie est une réalité qui fournit un argument non réversible en faveur d’une évolution en profondeur des modes de consommations énergétiques.

Cette Lettre de 12 pages analyse plusieurs dimensions de cette problématique, avec des articles sur :

  • La relance et la globalisation de la maîtrise de l’énergie, par M. Christian de Gromard, Chef de projets énergie dans la division Environnement et Equipement de l’AFD ;
  • La réhabilitation thermique des bâtiments en Chine, par M. Ji Qi, élève ingénieur à l’Ecole nationale supérieure des Mines de Paris ;
  • Chine : exemple d’un programme de recherche EDF-ADEME sur les mécanismes financiers de la réhabilitation énergétique dans l’immobilier à Wuhan (Hubei), par M. Nils Devenois, économiste au département de la Recherche de l’AFD ;
  • Les biocarburants : bilans et perspectives pour l’Afrique, par M. Jordi Rodriguez Samaniego, élève ingénieur à l’Ecole nationale supérieure des Ponts et Chaussées.

Voici la page du site de l’AFD où vous pourrez vous inscrire gracieusement à cette Lettre numérique.

René Massé

Dans quelle mesure les biocarburants sont-ils une source d’énergie durable ?

Un point documenté sur le débat qui agite le monde du biocarburant : ces nouveaux carburants présentent-ils une opportunité exceptionnelle ou limitée ?

Auteur : Bart de de Steenhuijsen Piters

À l’exception du Niger, du Cameroun et de Trinité-et-Tobago, tous les pays ACP dépendent de combustibles pétroliers importés pour subvenir à leurs besoins énergétiques. Les prix du marché mondial des combustibles fossiles sont imprévisibles et en proie à une augmentation continue dans un futur proche. Les biocarburants peuvent-ils offrir une alternative à long terme en utilisant des énergies renouvelables localement produites à un coût relativement constant ? Quels en sont les gains aux niveaux « micro » et « macro » et quelles sont les contraintes et les effets négatifs que l’on peut redouter avec la production de biocarburants à grande échelle ? Les biocarburants peuvent-ils être produits sur une base durable et quels seraient les prérequis pour atteindre un tel objectif ?

Les biocarburants sont des produits qui peuvent être transformés en combustibles liquides afin de servir pour les transports ainsi que pour le chauffage. Le bioéthanol et le biodiesel constituent deux des formes les plus communes de biocarburants. Outre celles-ci, on citera le bioéthanol, le biodiméthyléther ainsi que le biogaz. Le bioéthanol est produit à partir de plantes de culture telles que la canne à sucre, le maïs, la betterave, le blé et le sorgho. Une nouvelle génération de bioéthanol « lignocellulosique » englobe également un éventail de produits forestiers tels que les taillis à courte rotation et les herbacées à valeur énergétique. Le biodiesel est obtenu à partir de graines telles que colza, tournesol, soja, palme, noix de coco ou jatropha. Les nouvelles technologies du biodiesel permettent de synthétiser le diesel combustible à partir du bois et de la paille, vers l’étape de gazéification (Annie Dufey, IIED, 2007).

La production à grande échelle de biocarburants débuta dès 1970 au Brésil, où l’industrie du sucre connut un grand essor malgré de sérieuses distorsions de marché dues aux régimes de subvention appliqués dans les économies occidentales. La transformation du sucre en bioéthanol avait plusieurs fins, comme la substitution de combustibles fossiles d’importation ou bien la réduction du flux des échanges avec l’étranger en passant par la protection du marché domestique du sucre. C’est seulement récemment que les biocarburants ont commencé à recevoir l’attention mondiale. Les raisons de cet intérêt général résident dans le potentiel dont disposent les biocarburants pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la dépendance à l’égard des carburants d’origine fossile tout en offrant une parade aux prix élevés du pétrole en 2005 et en 2006. Les biocarburants et les industries de ce secteur peuvent créer des opportunités de revenus pour les agriculteurs locaux et pourraient même influer sur les prix du marché des denrées agricoles pour lesquelles la demande augmente, notamment le sucre, le maïs et le soja.

Les échanges en crédits de carbone commencent à avoir un impact positif sur l’économie des industries du secteur des biocarburants.

Rudy Rabbinge, professeur en développement durable et sécurité alimentaire à l’université de Wageningen, terminait sa présentation en date du 18 décembre 2006, lors du Koninklijke Landbouwkundige Vereniging, en affirmant que les plantes de culture actuellement utilisées pour les biocarburants n’étaient pas des sources d’énergie suffisantes et qu’elles nécessitaient de vastes surfaces de terres arables, qui ne seront pas disponibles pour d’autres fins telles que la production alimentaire. Il plaida vivement en faveur du développement de plantes de culture C4 (arbres et producteurs de biomasse) qui sont de meilleurs convertisseurs d’énergie, tout en défendant une production limitée de plantes telles que le jatropha dans les pays en développement ainsi qu’une valorisation des déchets.

D’autres détracteurs de la promotion mondiale de la production des biocarburants font également référence aux vastes espaces qui seraient requis pour mettre en place des économies fondées sur la production biologique. La biomasse produit en moyenne 20 000 kWh par hectare, l’énergie éolienne 150 000 kWh et l’énergie solaire 400 000 kWh (Vollenbroek, 2006). Peut-on promouvoir la production massive des biocarburants si l’on prend en compte la croissance démographique, l’augmentation rapide de la consommation humaine ainsi que notre souci de préserver la biodiversité et les ressources naturelles ?

Plusieurs auteurs ont indiqué que les plantes de culture destinées à la production de biocarburants avaient besoin d’intrants agricoles tels que les engrais industriels qui nécessitent des énergies fossiles pour leur production ainsi que pour leur transport. Cela affecterait de façon négative la contribution brute des biocarburants à la réduction du dioxyde de carbone atmosphérique.

On estime qu’un litre de biocarburant représente 0,2 à 1,3 litre d’équivalent-pétrole, selon les cas (Katan et al., 2006). Ces estimations se réfèrent principalement aux systèmes de production intensifs présents en Europe ainsi qu’aux États-Unis. Les systèmes de production dans les pays ACP sont généralement moins intensifs en termes d’usage d’intrants. Les plantes de culture destinées à la production de biocarburants dans les pays ACP consomment généralement moins d’engrais industriels et dépendent davantage des nutriments disponibles dans le sol. Cela pose immédiatement des questions relatives à la durabilité de la production des biocarburants : l’extraction des nutriments présents dans le sol afin de produire des combustibles conduira-t-elle à l’épuisement des ressources naturelles ?

Le nouvel intérêt mondial pour les biocarburants s’est déjà manifesté par l’expansion rapide des marchés internationaux des biocarburants. Un nombre croissant de pays industrialisés et en développement ont instauré des politiques visant à augmenter la part des biocarburants dans les programmes énergétiques. Avec l’entrée en vigueur récente du protocole de Kyoto et la mise en place à l’échelle mondiale d’objectifs nationaux pour les biocarburants, on estime que d’ici les vingt prochaines années la production des biocarburants aura quadruplé et qu’elle représentera environ 10 % des carburants mondiaux pour moteurs (Agence internationale de l’énergie, 2004). Au sein de l’Union européenne, il est clair que la priorité est donnée au développement de plantes de culture C4 ainsi qu’à l’utilisation des déchets agro-industriels. À cet effet, des investissements publics et privés sont effectués en vue du développement technologique. Cette orientation n’est pas encore observée dans les pays ACP.

Dans les pays ACP et plus particulièrement en Afrique subsaharienne, les nouvelles initiatives tendent à se concentrer sur la production de biodiesel à base de plantes à graines oléagineuses. Plante autrefois négligée, le jatropha compte parmi les espèces les plus prometteuses. Dans un article datant du 19 février 2007, paru dans l’hebdomadaire Newsweek, le jatropha était présent comme « la Cendrillon du monde végétal : jetez une graine dans le plus pauvre des sols de la planète et vous obtiendrez un buisson susceptible de durer une cinquantaine d’années ». D’après Newsweek, des sociétés norvégiennes, indiennes et britanniques sont en compétition pour acheter ou bien louer d’immenses parcelles de terre africaines pour la plantation de jatropha. L’entreprise britannique D1 Oils a fait l’acquisition de 20 000 ha au Malawi et 15 000 ha en Zambie. La société indienne IKF Tech a, quant à elle, sollicité des baux gouvernementaux pour un total de 150 000 ha de terre au Swaziland, au Mozambique et en Afrique du Sud. Worldwide Bio Refineries, société britannique, possède 40 000 ha mis en jachère pour sa production au Niger, les plantations étant prévues pour le mois de mai. Des pays tels que le Mali et le Mozambique ont créé des groupes spéciaux pour la promotion du jatropha.

L’opinion publique concernant l’usage de l’huile de palme en tant que biocarburant devient de plus en plus critique compte tenu des preuves apportées que les forêts tropicales sont mises en péril par la création de plantations de palmier. Les premières affirmations selon lesquelles la production de biocarburants a relancé le prix à la consommation du maïs, affectant ainsi la sécurité alimentaire des ménages pauvres en milieu urbain, sont parues dans les journaux. Comment la création de plantations de jatropha à grande échelle affectera-t-elle les petits exploitants et les gardiens de bétail en Afrique subsaharienne ? Dans quelle mesure peut-on parler de systèmes de production de biodiesel « verts » ? Le jatropha ne devrait-il pas être dans une plus grande mesure intégré aux systèmes d’exploitation déjà existants afin de réaliser des effets d’échelle à travers l’engagement de centaines de milliers de petits exploitants ?

À l’issue de tous ces débats et rapports de recherche, une chose est claire : les biocarburants servent plusieurs fins et encore bien plus d’intérêts. Un débat sur l’avenir des biocarburants aboutit à une confrontation d’idéologies et de courants de pensée qui sont généralement opposés. Il convient d’admettre que la réalisation de bénéfices environnementaux, économiques et sociaux grâce aux biocarburants n’est pas acquise. Les compromis doivent être entendus clairement par chacune des parties prenantes. Les initiatives pragmatiques privées semblent mériter l’attention d’un point de vue économique et pourraient cependant déboucher sur des conséquences négatives pour la société ainsi que pour l’environnement. Comme le remarque Annie Dufey, de l’IIED (2007), les pays en développement doivent saisir les opportunités et apprécier les coûts du marché des biocarburants en identifiant ceux qui sont les plus adaptés pour atteindre leurs objectifs de développement durable. L’échelle de production des biocarburants a son importance pour pouvoir réaliser des économies d’échelle. Mais les modèles à grande échelle présentent le risque d’évincer les petits producteurs ainsi que de perdre les bénéfices du développement durable qui sont associés. Par ailleurs, il semblerait que l’Union européenne ait opté pour une politique intérieure d’investissements technologiques qui limite l’utilisation des ressources foncières tandis que, dans les pays ACP, les sociétés privées sont prêtes à transformer de vastes superficies de terres apparemment nues en cultures pour les biocarburants. L’harmonisation des politiques sur les biocarburants à l’échelle mondiale ainsi que l’optimisation des investissements publics et privés dans l’intérêt du développement durable sont une urgente nécessité.

Bart de Steenhuijsen Piters (PhD), responsable du développement économique durable, Institut royal des tropiques (KIT), département Development, Policy and Practice

Références

Dufey A., 2007. International trade in biofuels : Good for development ? And good for environment ? Institut international pour l’environnement et le développement.

IEA, 2004. Biofuels for Transport : An International Perspective. Agence internationale de l’énergie, Paris.

Katan M., Rabbinge R., van Swaaij W., 2006. Toekomst voor biodiesel is illusie ; Problemen met biodiesel. Financieel Dagblad, 6 juillet 2006.

Palmer K., 2007. The Cinderella Plant. Newsweek, 19 février 2007.

Rabbinge R., 2006. Bieten, Bintjes of Brandhout : Wereldlezing Biofuel. Koninklijke Landbouwkundige Vereniging, Wageningen, 18 décembre 2006.

Vollenbroek F., 2006. Geen grenzen aan de groei ; “Bio-based Economy” een doodlopende weg. Milieu, mai 2006.

Pépin Tchouate

Burkina Faso : enjeux et perspectives des biocarburants pour l’Afrique

Conférence internationale organisée à Ouagadougou, du 27 au 29 novembre 2007 par le CIRAD et 2iE, dans le cadre du projet BEPITA.

Objectif

L’objectif principal est de fournir aux gouvernements et aux décideurs, une évaluation objective du potentiel des biocarburants en Afrique. Il s’agira sur la base de facteurs techniques, agronomiques, économiques et sociaux, de mettre en évidence les opportunités et leurs impacts, avantages et inconvénients, tant au plan environnemental que socio-économique. L’évaluation sera réalisée sur la base d’études de cas et de situations existantes, par des panels d’experts sélectionnés de haut niveau, qui s’attacheront à :

  • Mettre en évidence les bénéfices potentiels et les impacts environnementaux des biocarburants
  • Apporter des éléments de décision sur les différentes options technologiques nécessaires à la mise en place de politiques cohérentes et novatrices dans ce secteur en Afrique.

Le programme

Le programme prévoit :

  • Trois sessions plénières :
    • État de la production des biocarburants : aspects technologiques et économiques ;
    • Défis et risques des biocarburants pour l’Afrique ;
    • Biocarburants : aspects institutionnels et politiques.
  • Et huit tables rondes, destinées à élaborer des recommandations et des conseils sur les biocarburants liquides dans le contexte des pays en développement.

Pour plus d’informations

Voir le programme proposé sur le site dédié ou dans le fichier ci-dessous.

Contact avec les organisateurs par courriel : biofuel-ouaga2007@fasonet.bf

René Massé

A puissance égale, les barrages sont-ils plus polluants que les centrales à charbon

Cet article de Jim Giles paru dans Nature le 29 novembre 2006, relate le débat scientifique qui dure depuis une dizaine d’années sur la question de savoir quel est l’impact de la biomasse contenue dans les retenues artificielles d’eau sur l’environnement global ? Des données qui pourraient remettre en question les atouts verts de l’hydroélectricité.

Des chercheurs viennent de découvrir que les barrages libèrent des quantités très importantes de gaz à effet de serre. L’énergie hydraulique n’est donc pas si propre que ça.

Dans les années 1980, environ 2 500 km2 de forêt amazonienne ont été inondés pour alimenter en électricité la ville de Manaus, au Brésil. Le projet avait semblé à l’époque un choix intelligent, s’inscrivant dans la logique du développement durable. On sacrifiait certes une étendue importante de forêt pluviale, mais le Brésil accédait ainsi à une source d’énergie non polluante. Le pays a consenti plusieurs fois à ce type de compromis : plus de 80% de son électricité est produite par des centrales hydrauliques.

Toutefois, il se pourrait que les barrages ne soient pas aussi verts et propres qu’on le pensait. Certaines découvertes récentes fournissent une conclusion dérangeante : l’impact des barrages sur le réchauffement planétaire serait souvent plus important que celui des centrales à combustibles fossiles de puissance équivalente. Si ce fait est avéré, les stratégies énergétiques actuelles, en particulier dans les pays en voie de développement, vont devoir être repensées.

Le problème réside dans la biomasse contenue dans les lacs artificiels. Lorsque les terrains sont inondés, de grandes quantités de matière organique se retrouvent coincées sous les flots. La biomasse est ensuite constamment renouvelée par de nouveaux apports. En zone tropicale, dans l’eau tiède des bassins de retenue, cette matière se décompose en émettant du méthane et du dioxyde de carbone, deux gaz à effet de serre. Le plus préoccupant est le méthane, qui a un impact sur le réchauffement climatique plus de vingt fois supérieur à celui du CO2 sur une période de cent ans.

En ce qui concerne le barrage de Balbina, tous les spécialistes ou presque s’accordent désormais à dire qu’une centrale à combustible fossile aurait émis moins de gaz à effet de serre. Mais, à partir de là, les avis divergent. Dans le premier camp se trouve Philip Fearnside, écologue à l’Institut national de recherche d’Amazonie, à Manaus. Dans le cadre de son travail, qui se fonde principalement sur des calculs théoriques, il s’est intéressé à l’eau qui coule des barrages. Dans la plupart des cas, l’eau relâchée est celle qui se trouve à plusieurs mètres en dessous de la surface, et le liquide subit donc un brusque changement de pression. D’après le chercheur, ce changement provoque une émission de méthane, un peu comme le CO2 s’échappe en sifflant d’une bouteille de boisson gazeuse lorsqu’on l’ouvre. Ses dernières études montrent qu’un barrage type en zone tropicale émettra pendant les dix premières années de son fonctionnement quatre fois plus de dioxyde de carbone qu’une centrale à combustible fossile de puissance équivalente. Dans l’autre camp se trouvent Luiz Pinguelli Rosa et ses collègues de l’université fédérale de Rio de Janeiro, qui accusent Philip Fearnside d’exagérer les quantités de gaz à effet de serre émises par les lacs de retenue. Ils lui reprochent en particulier d’avoir extrapolé à partir de mesures prises au barrage de Petit-Saut, en Guyane française, dans les années qui ont immédiatement suivi sa mise en eau, c’est-à-dire au moment où la quantité de biomasse submergée était la plus importante.

Un renversement pour les pays en voie de développement

Les informations sur les barrages tropicaux étant rares, cette discussion, qui dure déjà depuis dix ans, s’est envenimée sans approcher de la moindre conclusion. Les organisations écologistes mettent en doute l’impartialité du travail de Luiz Pinguelli Rosa, financé en partie par l’industrie hydraulique. Rosa nie catégoriquement que ses recherches soient influencées d’une façon quelconque, et accuse à son tour Fearnside de chercher à montrer qu’il y a un problème avec les barrages.

Un colloque organisé à Paris par l’UNESCO n’a pas mis fin à leur querelle, mais les chercheurs auront au moins pu examiner les dernières données disponibles sur la question, dont les résultats d’une étude sur les émissions de méthane provenant de sites en aval de trois barrages tropicaux réalisée par Frédéric Guérin et ses collègues du Laboratoire d’aérologie de Toulouse, publiée le 14 novembre. Les chercheurs français ont découvert que la quantité de méthane qui s’accumule dans les lacs de retenue est telle que les émissions en aval, rarement prises en compte dans les estimations sur l’impact environnemental d’un barrage, représentent entre un dixième et un tiers de la totalité des gaz émis. Selon une autre étude récente, les seules émissions en aval du barrage de Balbina ont le même potentiel d’effet de serre que 6% de tous les combustibles fossiles consommés par São Paulo, une ville qui compte plus de 11 millions d’habitants. L’impact global des barrages pourrait être important même en faisant abstraction de leurs émissions en aval. Danny Cullenward, expert en politique énergétique à l’université Stanford, a effectué des calculs préliminaires à partir des chiffres donnés par Fearnside.

Il insiste sur le fait qu’un plus grand nombre de données est nécessaire, mais selon ses estimations les barrages libéreraient entre 95 millions et 122 millions de tonnes de méthane par an. Si ses calculs sont bons, toutes les estimations portant sur les émissions mondiales de méthane (qui habituellement n’incluent pas les émissions des barrages) doivent être augmentées de 20%.

Beaucoup sont d’avis que l’on en sait déjà assez pour agir sans plus attendre. Les gigantesques projets de barrages envisagés dans les zones tropicales, comme la centrale hydraulique d’une valeur de 5 milliards de dollars sur le fleuve Congo, en inquiètent plus d’un. Un autre grand sujet de préoccupation est le mécanisme de développement propre [un mécanisme d’investissement inclus dans le protocole de Kyoto], qui permet aux pays développés de financer des projets d’énergie propre dans les pays en voie de développement en échange de crédits d’émissions de gaz à effet de serre. Certains scientifiques et associations de défense de l’environnement souhaitent une révision de cette mesure. Mais, si les informations manquent, les choses ont peu de chances de changer. Conscients de cela, les chercheurs qui se sont rendus au colloque de l’UNESCO ont débattu des priorités à établir et de la meilleure façon de travailler ensemble. Des progrès plus importants seront peut-être réalisés à partir de 2008, si le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat [GIEC, l’organisme international qui fédère les travaux des spécialistes du réchauffement climatique] décide d’élaborer un rapport spécial sur le sujet.


Source : Nature

Auteur de l’article : Jim Giles

Titre original de l’article : « Methane quashes green credentials of hydropower »

Traduction : Courrier International

Jérome Levet

Les pays riches ne respectent pas Kyoto

Article de Pierre Melquiot paru dans le journal en ligne « actualites-news-environnement », le 19 mai 2007

Le « Little Green Data Book 2007 » [1]
, 8ème édition de ce guide de référence publié par la Banque mondiale, avertit de la hausse des émissions de dioxyde de carbone. Selon lui, les émissions de gaz carbonique (CO2) sont en hausse de 16 % par rapport à 1990, les pays riches ne suivent donc pas les engagements de Kyoto. Les combustibles fossiles sont les principales sources d’émissions dans les pays riches et les économies émergentes. La déforestation et l’évolution de l’utilisation des sols sont des forces motrices du monde en développement.

Les émissions de dioxyde de carbone (CO2), cause principale du réchauffement de la planète attribuable aux activités humaines, continuent d’augmenter, la planète produisant aujourd’hui 16 % de CO2 de plus qu’en 1990, selon le Little Green Data Book 2007, sorti aujourd’hui à l’occasion de la 15e session de la commission du développement durable des Nations Unies (CSD-15), dont les délibérations portent sur l’énergie et le changement climatique.

Selon l’édition 2007 de cette publication annuelle de la Banque mondiale, les émissions actuelles émanant des combustibles fossiles et des cimenteries (les données globales les plus récentes concernent l’année 2003) proviennent à part égale des pays industrialisés et des pays en voie de développement. En 1960, les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ne représentaient qu’un tiers des émissions mondiales.

Selon ce guide, les émissions ont enregistré une hausse plus rapide dans les pays les plus pauvres, notamment en Asie orientale et en Asie du Sud. Mais la tendance à la hausse caractérise également les pays à revenu élevé. Les États-Unis et le Japon ont enregistré des hausses très importantes d’émissions de CO2 : respectivement 20 et 15 % entre 1990 et 2003. Les émissions des pays de l’Union monétaire européenne ont augmenté de 3 %. Les pays riches sont globalement largement à la traîne par rapport aux engagements de Kyoto qui établissaient une réduction moyenne, d’ici 2012, de 5,2 % comparativement aux niveaux de 1990. La seule exception provient des pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale (ECA) dans lesquels les émissions ont baissé en raison de la récession des années 1990.

Toujours selon ce guide, la Chine et l’Inde se classent parmi les principaux émetteurs pour les pays en voie de développement. Les émission de dioxyde de carbone en Chine ont augmenté de 1 700 millions de tonnes entre 1990 et 2003 (+ 73 %), et de 700 millions de tonnes en Inde (+ 88 %). Tout en contribuant fortement au total mondial, les émissions de Chine et d’Inde sont très faibles en données par habitant. Un Chinois moyen n’émet que 16 % de ce qu’émet un citoyen américain moyen et un Indien moyen en émet 6 %.

Les émissions de dioxyde de carbone proviennent principalement de la combustion de combustibles fossiles et de la fabrication de ciment. Le Little Green Data Book 2007 indique que ceci est spécialement vrai pour les pays industrialisés et les économies à croissance rapide comme la Chine et l’Inde. Le rapport montre que les combustibles fossiles (c’est-à-dire le pétrole, le gaz naturel ou le charbon) sont employés pour générer 66 % de l’électricité à l’échelle mondiale. Au Moyen-Orient, la part des combustibles fossiles dans la production d’électricité est de 93 % alors qu’en Asie orientale et dans la région Pacifique – Asie du Sud, elle est de 82 %. À l’autre extrémité du spectre se trouvent l’Amérique Latine et les Caraïbes, avec 38 % de l’électricité produite à partir de combustibles fossiles.

« La politique énergétique jouera un rôle crucial dans la détermination des émissions à venir, » explique Warren Evans, directeur de l’environnement à la Banque mondiale. « Les technologies sont déjà disponibles pour réduire les émissions dans le secteur de l’énergie. Elles intègrent l’utilisation de centrales à charbon ultra-efficaces, l’emploi de gaz naturel et d’énergies renouvelables de pointe. »

Dans les pays en développement, les émissions de gaz à effet de serre proviennent principalement de l’agriculture et de l’évolution de l’utilisation des sols, comme la déforestation. Un récent rapport intitulé “Indonesia and Climate Change” (l’Indonésie et le changement climatique) publié par la Banque mondiale et le gouvernement britannique indique, par exemple, que la déforestation place l’Indonésie au troisième rang mondial des plus grands émetteurs après les États-Unis et la Chine. (“Indonesia and Climate Change”, un document de travail du DFID et de la Banque mondiale sur l’état et les politiques actuels, mars 2007)

« L’évolution de l’utilisation des sols, la foresterie et l’agriculture représentent en moyenne plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre des pays en développement, comparativement aux 10 % des pays industrialisés, » ajoute Evans. « Pour qu’un accord sur le changement climatique post-Kyoto fonctionne, les nations développées et en voie de développement devraient prendre en compte les avantages d’une déforestation évitée et créer les mécanismes financiers nécessaires au transfert des ressources qui protègent efficacement leurs forêts. »

Prenant la parole lors du lancement de la publication, Mark Radka, chef du service énergie du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a indiqué que le Little Green Data Book « souligne le besoin d’inverser la tendance alarmiste de croissance constante des émissions de gaz à effet de serre. Fort heureusement, il semble que nous assistions à une prise de conscience accrue du problème et d’une volonté croissante d’agir. En fournissant une telle mine de renseignements, le Little Green Data Book ne peut que favoriser la stimulation d’un tel intérêt. »

Jacqueline Cote, conseillère principale du service Advocacy & Partnerships (Promotion & partenariats) du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable a expliqué lors de la sortie du guide que « le Little Green Data Book 2007 confirme le besoin de changements rapides et radicaux dans le système énergétique mondial. De telles données favorisent non seulement la compréhension mutuelle entre les participants commerciaux et non commerciaux, mais soutiennent l’engagement commercial progressif de partenariats avec les gouvernements pour développer et mettre en place des mesures associées à l’énergie qui sont étalonnées par rapport aux triples objectifs de compétitivité, sécurité énergétique et environnement. »

Par ailleurs, l a déforestation et l’évolution de l’utilisation des sols sont des forces motrices du monde en développement. Le Little Green Data Book 2007 montre que la déforestation est essentiellement une caractéristique des pays les plus pauvres. Entre 1990 et 2005, près de 45 000 kilomètres carrés de forêts ont été dévastés dans les pays à faible revenu (correspondant à un taux annuel de déforestation de 0,5 %) et 38 000 kilomètres carrés dans les pays à revenu intermédiaire (taux annuel de déforestation de 0,16 %).

Selon Kirk Hamilton, économiste sénior en environnement de la Banque mondiale, et auteur principal du guide ,« la déforestation est non seulement une cause d’augmentation des émissions de dioxyde de carbone mais c’est en soi une conséquence de la pauvreté.Les forêts tropicales diminuent à une vitesse alarmante en raison du besoin de nourriture et des demandes en bois d’œuvre, énergie, minéraux et autres ressources. Les forêts abritent au moins la moitié de la totalité des formes vivantes sur terre et la biodiversité de la planète est sérieusement affectée au fur et à mesure que la déforestation se poursuit. »

Hamilton conclut : « Il existe une reconnaissance croissante que la gestion forestière est essentielle au développement durable, particulièrement quand l’économie locale ou nationale se fonde directement sur l’emploi des ressources forestières. De plus, les écosystèmes forestiers ont des impacts majeurs sur le sol, l’eau et la productivité marine côtière sur de très grandes zones. Ils ont également une influence significative sur le cycle mondial du carbone qui joue un rôle essentiel dans le contrôle climatique à l’échelle locale et planétaire. »

La réduction de la déforestation nécessite en autre la fourniture d’un accès à l’électricité pour les communautés locales. En Afrique subsaharienne, la consommation électrique par habitant est de 550 kWh, soit sept fois moins que la moyenne des pays à revenu élevé où la consommation électrique se monte à 3 454 kWh par habitant. Un meilleur accès à l’électricité signifie, à son tour, une moindre dépendance aux combustibles traditionnels. Actuellement, les combustibles ligneux sont toujours la source principale d’énergie pour environ 2 milliards de personnes dans les pays pauvres. Les biocombustibles solides sont associés aux problèmes respiratoires provoqués par la fumée intérieure. La plupart des victimes de ces problèmes sont des nourissons, des enfants et des femmes dans les familles pauvres de la campagne. Les infections respiratoires aiguës chez les enfants et les maladies pulmonaires chroniques chez les femmes sont monnaie courante.

Selon le guide, en Afrique subsaharienne, 56 % de l’utilisation totale d’énergie provient de biomasse traditionnelle. Si l’on effectue un classement des pays dans le monde, les 20 premiers sont tous des pays d’Afrique, à l’exception du Népal (quatrième pays dans la liste), de Haïti (onzième) et de Myanmar (douzième).

Pierre Melquiot pour le journal en ligne actualites-news-environnement.


Pour de plus amples informations, voir le site internet de la Banque mondiale(EN).

Jérome Levet