lundi 9 novembre 2009

Biocarburants : le PNUE prône des méthodes de production "durable"

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement a estimé le 16 octobre 2009 que les politiques d’incitation à l’utilisation des agrocarburants devront « être revues » et les objectifs de production « réajustés à des niveaux qui puissent être atteints de manière durable ».

« Il ne faut considérer les biocarburants ni comme la panacée, ni comme un paria mais comme toutes les technologies, ils constituent à la fois une chance et un défi », a déclaré dans un communiqué le directeur du PNUE, en présentant le premier rapport publié par les d’experts du Groupe international pour la gestion durable des ressources, créé sous l’égide du Programme des Nations unies. Car la question des agrocarburants fait débat : ceux de première génération (éthanol produit à partir du sucre de canne ou du maïs, biodiesel issu du soja, huile de palme ou de colza) sont accusés de concurrencer les cultures d’alimentation pour un bilan énergétique mitigé.

Si le rapport rappelle qu’environ « 8 à 34% des terres cultivables seraient nécessaires, avec les technologies actuelles de première génération, pour fournir 10% de la demande de carburants dans les transports », il souligne également que la contribution des agrocarburants à la lutte contre l’effet de serre dépend de la façon dont ils sont produits. Ainsi, selon le PNUE, la production et l’utilisation de biodiesel de palmiers à huile cultivés sur des tourbières tropicales peut multiplier par 20 les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux combustibles fossiles alors que les émissions pourraient être limitées si « les palmiers à huile ou le soja sont cultivés sur une terre abandonnée ou dégradée », explique-t-il.

Limiter les impacts des agrocarburants

Selon le PNUE, un agrocarburant aura donc « un impact limité » sur le climat, s’il est produit à partir de cultures de résidus ou de déchets. Ainsi, l’éthanol produit à partir du sucre de canne au Brésil, et utilisant en partie des déchets fibreux, appelés bagasse, est considéré « comme ayant un effet positif sur le climat ». L’éthanol issu du traitement du maïs peut être 60% plus économe en émissions de CO2 que l’essence, ou 5% plus producteur de ces émissions, en fonction de l’efficacité des méthodes de production.

Selon le rapport, le biodiesel produit à partir de l’huile de palme pourrait également réduire de 80% les émissions de GES comparé à l’essence. Mais le même procédé peut multiplier par 8 les émissions de gaz à effet de serre, toujours comparé à l’essence, s’il a fallu détruire une forêt tropicale pour produire cette huile de palme, et par 20 s’agissant d’une tourbière. Parmi les agrocarburants pouvant réduire les émissions de GES, le rapport cite également le biogaz, l’éthanol de deuxième génération ou encore le jatropha, s’il est cultivé dans des terres dégradées. Les experts proposent également de renforcer les recherches sur les agrocarburants de deuxième ou troisième génération comme les algues marines. Ils recommandent également, à partir d’une évaluation du cycle de vie « de tenir compte des aspects environnementaux plus larges comme les émissions de gaz à effet de serre liées aux engrais, à l’impact sur l’eau et les implications sur l’utilisation des terres ».

Plus de 4 milliards de dollars US ont été investis dans la capacité de production d’agrocarburants en 2007.


Source : un article de R. Boughriet sur Actu-environnement

Xavier Dufail

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