Les bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale et l’AFD s’engagent à investir dans le secteur de l’énergie pour aider l’état sénégalais à le redresser.
La mission conjointe qui a séjourné à Dakar du 15 avril au 1er mai 2008 a permis de consolider leurs engagements dans le processus de restructuration de la SENELEC. C’est ce qui ressort du mémorandum qui a sanctionné les travaux de la mission.
La Banque mondiale envisage un appui budgétaire de 80 millions dollars (40 milliards de FCfa) à l’Etat du Sénégal. Un montant qui servira à la réforme du secteur et particulièrement à la recapitalisation en cours de la Senelec. En même temps, l’Afd envisage une contribution similaire d’un montant de 30 millions d’Euros (environ 20 milliards de FCfa), sous la forme d’un prêt souverain à l’Etat du Sénégal.
Dans la même dynamique, l’Afd, étudie également la possibilité d’intervention en subvention à hauteur d’un million d’Euros en accompagnement de la réforme du sous-secteur de l’électricité, mais aussi en prêt non souverain auprès de la Senelec afin de restructurer une partie de sa dette de court terme.
D’ores et déjà, tandis que l’examen de l’appui budgétaire IDA par le Conseil d’administration de la Banque mondiale est prévu pour ce 19 juin, les points d’affectation de la subvention en question de l’Afd sont aujourd’hui identifiés et sont relatifs au financement de certaines composantes du programme de maîtrise de la demande énergétique, mais aussi le financement d’études, ou d’une expertise technique pour la mise en œuvre de la réforme institutionnelle de la Sénélec. Dans ce contexte, la restructuration financière de la Senelec semble recueillir toute l’attention des parties, qui se sont particulièrement penchées sur le modèle financier qui devra prendre en compte les états financiers provisoires 2007 de la Senelec dans les projections financières. Projections déclinées sur la base d’hypothèses dont celles qui ont été retenues et validées avec les autorités sénégalaises partent d’abord d’un prix du baril au 1er janvier 2008 à 104 dollars soit une inflation de 3% par an.
Le mal nécessaire
Sous le rapport fait à l’égard du cours du baril sur le plan international, les projections visant à réussir la restructuration de Sénélec prévoient également :
- Une augmentation tarifaire de 17%, envisagée à partir du mois d’août 2008 ;
- Un Revenu Maximum Autorisé (RMA) 2008 post-révision exceptionnelle qui serait évalué en supposant que les revenus perçus par Sénélec (ventes) sur la période août-décembre 2008 (postérieurement à l’augmentation tarifaire) permettront de couvrir le RMA de cette période (calculé au prorata du nombre de mois concerné) ;
- Un programme d’investissement revu : différé de l’investissement Kounoune/Patte d’oie/Hann ;
- Le recouvrement des créances sur les clients : 90 jours sur l’ensemble de la période d’analyse ;
- Un ratio de couverture de la dette (DSCR) que le scénario 1 fixe à 1,3 en 2009, 1,4 en 2010, puis 1,5 contre 1,2 en 2009, 1,3 en 2010, puis 1,4 pour le scénario 2.
Tout en reconnaissant les efforts déjà engagés par le gouvernement pour la recapitalisation de l’entreprise (65 milliards FCfa), les bailleurs de fonds considèrent que le scénario 1 est « plus à même d’assurer une restructuration financière pérenne de la Sénelec ». Cependant, les bailleurs de fonds prennent acte du scénario 2 privilégié par le gouvernement sénégalais et qui correspond à un besoin de recapitalisation minimal de 109 milliards de FCfa dont 102 milliards de FCfa devraient être réalisés fin 2008 et 07 milliards de FCfa en 2009. Ce scénario conduirait en 2009 à un ratio de couverture de la dette de 1.1.
De plus, rappelle-t-on, le gouvernement a décidé de lancer un appel à l’épargne publique dès 2009 en conformité avec l’évolution institutionnelle de la Senelec, sous forme d’augmentation de capital.
La problématique
En application des textes, une révision exceptionnelle de la formule de révision tarifaire est en cours par la Commission de régulation du secteur de l’électricité(Crse). Elle devrait être mise en application en même temps que la nouvelle grille tarifaire en août 2008. En fonction de cette révision exceptionnelle et de la valeur du RMA à la Senelec, le scénario 2 évoqué plus haut pourrait être réactualisé et permettre d’arrêter les besoins finaux de recapitalisation, de compensation et d’ajustement tarifaires définitifs.
Il est rappelé que l’actuelle grille tarifaire de la Senelec a relevé un certain nombre d’insuffisances et cela a conduit à une étude tarifaire réalisée en 2005, dont les conclusions ont été rendues en fin août 2007. Celles-ci ont abouti à la nécessité d’une nouvelle grille tarifaire visant à la préservation des clients à faibles revenus, à l’incitation aux économies d’énergie et à la maîtrise de la demande d’électricité. L’objectif est, selon le memorandum, de la « mettre en parallèle avec l’augmentation du tarif moyen de manière à minimiser l’impact sur les foyers à faibles revenus ».
Tout cela est à mettre en adéquation avec un plan de réduction des coûts de la Senelec qui devrait permettre à l’entreprise des gains de l’ordre de 12 milliards de FCfa environ, pour un investissement minimum. Les bailleurs dont la mission en question aurait particulièrement relevé le travail de concertation entre toutes les parties qui aurait prévalu tout au long de ce processus, auraient démarré une réflexion avec Senelec de manière à définir un certain nombre d’indicateurs de suivi des résultats de ce plan de réduction des coûts de Senelec.
Source : un article de Moustapha THIANDOUM publié le mercredi 11 juin 2008 par Sudonline
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