L’étude de faisabilité rapportée par le Bulletin SNV Bénin de décembre 2008 démontre que la production de biogaz est possible au niveau des communes étudiées. Mais au préalable, certaines pratiques socioculturels devront évoluer et les ménages d’agro-éleveurs devront mener des activités économiques afin de pouvoir faire face aux coûts d’installation des digesteurs.
Etude de la faisabilité technique
Trois éléments ont été choisis pour apprécier la faisabilité technique de la production du biogaz :
la disponibilité et de l’accessibilité des déjections,
la disponibilité permanente et l’accessibilité de l’eau, et
la disponibilité des équipements pour la construction des digesteurs.
Concernant la disponibilité des déjections, l’étude révèle : i) l’importance de l’élevage bovin dans les ménages des 8 communes ciblées, et surtout dans celles de Savalou, Gogounou, Banikoara, Nikki et Kalalé, et ii) l’importance de l’élevage porcin dans les communes de Ouidah, et de Zè. La pratique de la transhumance des bovins dans le Nord pourrait constituer un handicap pour le développement de biodigesteurs, tandis que la culture attelée serait un atout. Dans le sud, les ménages agro-éleveurs enquêtés s’adonnent à un élevage de type moderne concernant le porc et la volaille. Ainsi, de façon générale, les déjections, matières premières de la production de biogaz, sont disponibles au niveau des communes étudiées.
Concernant la disponibilité de l’eau, l’étude a pu constater l’existence d’une source d’eau permanente non loin des ménages (inférieur à 1 km).
En ce qui concerne la disponibilité des équipements pour la construction des digesteurs, l’étude renseigne que non seulement ces équipements existent dans les collectivités locales mais aussi que des artisans locaux (maçon, soudeur, fondeur, plombier…) sont disponibles.
La faisabilité technique prouvée, l’étude s’est intéressée aux faisabilités socioculturelle, économique et environnementale.
Etude de la faisabilité socio-économique et environnementale
La cohésion sociale et la solidarité constatée au niveau des ménages d’agro-éleveurs notamment dans les communes de Nikki, Kalalé et Gogounou et, dans une moindre mesure, à Savalou, constituent un point fort en faveur de la faisabilité sociale du projet.
Au niveau culturel, l’utilisation du biogaz est d’autant mieux acceptée que la manipulation des déjections n’est pas nouvelle dans les familles rurales.
Par contre, au niveau de la faisabilité économique, les indicateurs ne sont pas bons. Les revenus des ménages sont encore faibles (250.000 FCFA par an). Pourtant, au vu des dépenses en énergie pour la cuisson et l’éclairage, le biogaz pourrait être une opportunité. Mais les familles ne disposent pas de la trésorerie nécessaire à l’investissement initial.
Au niveau de la faisabilité environnementale, l’étude révèle que la substitution d’énergies traditionnelles par du biogaz serait un bon moyen de faire face aux problèmes environnementaux. C’est par exemple, la réduction de la pression sur le couvert végétal puisque les ménages utilisent le bois-énergie. De même, la récupération des déjections reste une solution à la pollution sanitaire et ainsi, constitue un moyen de réduction des maladies hydriques. Les substrats du digesteur étant des fertilisants pour le sol, la production du biogaz est aussi un moyen de fabriquer des engrais organiques. Ce qui permet de réduire les risques de pollution et surtout ceux de l’utilisation des engrais chimiques très forte dans les communes où la production du coton est dominante notamment à Banikoara, Nikki ou Kalalé. En plus, parce qu’il brûle sans fumée, le biogaz est un moyen de réduction de la pollution de l’air, et des gaz à effet de serre.
Finalement, l’étude aura permis de montrer toute la pertinence de la faisabilité du biogaz dans tous ses aspects. Pour mieux apprécier les spécificités de chaque localité, le document de l’étude présente pour chaque commune, un tableau présentant les atouts et faiblesses.
La phase de la faisabilité étant terminée, il reste que les acteurs et institutions potentielles identifiées dans le cadre de l’étude, se donnent la main pour passer à l’action tant la matière première est disponible et le contexte bien favorable.
Les recommandations de l’étude
Après l’analyse et l’interprétation des résultats d’étude, les recommandations suivantes ont été formulées :
1. Conduire une expérience pilote sur le biogaz domestique avant l’étape de vulgarisation dans certains ménages des communes de Gogounou, Nikki, Savalou, Abomey-Calavi, Banikoara, et Kalalé. En effet, les ménages à choisir auront au moins 5 têtes de bovin, qui passent la nuit en enclos ou au moins 400 têtes de volailles en aviculture moderne vivant en claustration. Leur revenu annuel doit être supérieur à 250.000 F CFA ;
2. Choisir le type de digesteur qui convient aux ménages : en effet, il existe deux types de digesteurs (continu et discontinu) et plusieurs modèles (chinois, indien, …) ; or dans les analyses en annexe, c’est le modèle chinois (digesteur à dôme fixe), plus facile et moins coûteux, qui est proposé ;
3. Impliquer les acteurs potentiels dans la mise en œuvre du programme de production de biogaz domestique. La liste éventuelle de ces acteurs est présentée dans le document de SNV ;
4. Faire un plaidoyer à l’endroit des autorités communales pour la prise en compte de la production du biogaz domestique dans leur plan de développement communal ;
5. Elaborer un programme de sensibilisation et de formation du marché viable (ménages agro-éleveurs, les artisans locaux, les prestataires de service en matière de biogaz domestique, les acteurs potentiels, etc.), pour présenter les objectifs, les activités, les résultats du programme de production du biogaz domestique ;
6. Faire un plaidoyer auprès de l’Etat et/ou des Partenaires techniques et financiers pour que soient accordés des crédits sur la base de fonds de garantie et subventions aux ménages éligibles ayant manifesté l’intérêt ;
7. Renforcer les programmes d’eau et d’assainissement au sein des communes ;
8. Doter le secteur de l’énergie d’un cadre juridique et règlementaire aux fins d’une meilleure gestion du biogaz domestique ;
9. Susciter l’adhésion des communes, de l’Etat et/ou des Partenaires techniques et financiers pour la facilitation de l’accès au crédit en vue de la promotion du biogaz domestique ;
10. Penser à l’implantation des digesteurs dans une logique de production intégrée pour la valorisation des résidus de production du biogaz ;
11. Faire une étude sur la faisabilité organisationnelle du biogaz domestique au Bénin afin de choisir le Entreprises qui seront leaders dans le domaine.
Source : un article relatant l’étude de la SNV « Le biogaz au Bénin, c’est possible ! » publié le 13 octobre 2009 sur le siteLe Municipal.