Cette énergie renouvelable, expérimentée dans trois régions du Cameroun, recèle d’énormes avantages pour les populations à faibles revenus.
Éleveur de porcs dans la localité de Santa dans la région du Nord-Ouest, Godfrey Nkwenti parle de sa rencontre avec le biogaz comme d’une manne tombée tout droit du ciel. En effet, avant d’intégrer la phase pilote d’un programme pour le développement du biogaz au Cameroun, une initiative du ministère de l’Énergie et de l’Eau, appuyée par le service néerlandais de développement (Snv) ; ce paysan camerounais confesse qu’il dépensait chaque mois la somme de 8500 FCFA pour acquérir une bouteille de gaz domestique de 12 kg. En période de vaches maigres, le gaz était remplacé par le bois de chauffe, soit une dépense moyenne de 3000 FCFA par mois, sans compter les frais médicaux, la fumée générée par le bois exposant l’épouse et les enfants de Godfrey Nkwenti à certaines affections.
Mais depuis deux mois, l’éleveur de porcs de Santa a fait le deuil de ces tracasseries. Grâce au programme pour le développement du biogaz domestique au Cameroun, ce dernier s’est fait construire un bio-digesteur, un dispositif permettant de transformer les matières fécales humaines et animales en gaz domestique. « Je me suis fait construire un bio-digesteur de 6m3. Pour cela, j’ai déboursé la somme de 100.000 FCFA. Les responsables du programme m’ont donné une plaque à gaz, 10 sacs de ciment, deux tuyaux pour canaliser le gaz produit par le bio-digesteur jusqu’à la cuisine, et ils ont payé les techniciens pour construire le bio-digesteur », raconte Godfrey Nkwenti. Ce dernier rapporte cependant que pour achever les travaux, il a dépensé au total la somme de 310.000 FCFA, puisqu’il fallait compléter le matériel de construction tel que prévu par le programme.
Activités
« Depuis deux mois, je n’achète plus ni gaz, ni bois de chauffe, et mes enfant n’ont plus mal aux yeux. Maintenant, mon épouse peut revenir des champs et apprêter le repas en 20 minutes. Donc, le bio-digesteur nous permet d’économiser de l’argent (achat gaz et frais médicaux), de gagner en temps pour la cuisson des repas », raconte M. Nkwenti. Pour ce faire, ce dernier doit simplement alimenter chaque matin son bio-digesteur avec 36 litres d’eau et 36 litres de matières fécales animales ou humaines. « Ceux qui ont construit le dispositif ont prévu un Wc qui alimente directement le bio-digesteur. Pour les animaux, je fais moi-même le ramassage tous les matins dans ma porcherie », explique Godfrey Nkwenti, le sourire en coin, tout en expliquant qu’en plus de fournir du gaz aux ménages, le bio-digesteur peut également booster les activités pastorales, puisque son fonctionnement est étroitement lié à l’existence des déchets des animaux, qui sont d’ailleurs plus efficace que ceux des hommes, précise un expert du programme.
Cette mutation du feu de bois ou du gaz domestique plus onéreux au biogaz relativement bon marché, 23 familles l’ont vécue l’année dernière dans les régions du Nord-Ouest, du Nord et de l’Extrême Nord, qui ont été choisies pour lancer cette expérience pilote « parce que ce sont des zones où on pratique l’élevage. Donc, les matières premières qui sont l’eau et les déchets des animaux et humains y sont disponibles », précisent les responsables du projet. Lesquels indiquent par ailleurs que pour minimiser les coûts de construction, il est possible pour plusieurs familles de mettre leurs revenus ensemble pour s’offrir un seul bio-digesteur. Dans ce cas, apprend-on, toutes les canalisations partiront de ce dispositif unique pour les différentes cuisines. Au regard des avantages socio-économiques que procure le biogaz, le programme sus mentionné prévoit la construction de 3000 bio-digesteurs dans les zones pilotes au cours des cinq prochaines années.
Un article du 19 janvier 2010 de Quotidien Mutations