Des foyers dans des régions reculées du Pérou ont été approvisionnés en eau et en électricité grâce à des roues hydrauliques équipées d’aimants permanents.
« Nous savons tous que les roues sont anciennes » commence par dire Miguel Hadzich, coordinateur du Centre d’Aide Rurale de l’Université Pontificale Catholique du Pérou. « Ce que nous essayons de faire est de combiner une technologie ancienne avec une moderne afin de produire de l’électricité. »
Hadzich est le chef de projet d’une initiative visant à développer des roues hydrauliques à écoulement libre, qui peuvent à la fois pomper de l’eau et produire de l’énergie. Le projet est une des 26 propositions lauréates du Concours d’Innovation Energétique IDEAS 2009, une compétition organisée et sponsorisée par GVEP International, la banque Inter-américaine de Développement (IDB), la Coopération allemande GTZ, et le gouvernement sud-coréen.
La roue peut avoir été inventée bien avant le Christ, mais maintenant l’équipe à l’Université Catholique de Lima utilise une technologie moderne pour en faire un générateur à aimant permanent. « Il est composé de deux plaques magnétiques, dont l’une à l’extérieur tourne mais pas l’autre située à l’intérieur. Ce mouvement génère de l’électricité et les aimants empêchent tout frottement, il n’y a donc pas d’usure », explique Hadzich.
En outre, des courroies, poulies et des chaînes ont été utilisées pour améliorer le système de transmission hydraulique des roues à eau. Cela contribue à augmenter la vitesse des roues, qui sont généralement installées dans les rivières et les canaux avec un débit d’eau lent.
Le système de transmission est le même que celui utilisé par des milliers de motos-taxis dans le pays. Il est facile et peu coûteux à réparer. « Ce ne doit pas être une machine sophistiquée parce que les personnes que nous formons dans chaque collectivité doivent être en mesure de la fabriquer, la vendre et la réparer si quelque chose casse », dit Hadzich.
Dix mois après le début du projet, quatre des huit roues prévues ont été installées. Trois opèrent dans les villes de Cachimayo, Huiro et Langui dans la région de Cusco, et la quatrième se trouve à Jaen, à Cajamarca.
Les quatre roues produisent déjà de l’électricité, entrainant une série de changements positifs dans la vie des familles locales. Non seulement ils ont maintenant la lumière, mais « ils peuvent également regarder la télévision et charger les téléphones mobiles, ce qui leur permet de rester en contact avec de la famille vivant très loin dans d’autres parties du pays », dit Hadzich.
Le projet, comme les autres propositions gagnantes du concours IDEAS, vise à favoriser les petites entreprises. « L’idée est la suivante : dans chaque endroit où nous installons une roue il y a une personne qui a été formée pour reproduire la machine et la vendre dans toute la région. »
Un de ces micro-entrepreneurs est Christopher Valdez, un « agriculteur novateur » qui a participé à une formation Yayachiqs (un programme qui permet aux hommes des Andes à apprendre par l’expérience) il y a quelques années. Il a ajouté un piston à la roue hydraulique produisant de l’énergie, permettant à cette même machine maintenant de pomper de l’eau à domicile à une certaine altitude.
Aux yeux de Hadzich, Cristóbal est un « entrepreneur de terrain », une personne qui a à peine fréquenté l’école et qui ne peut pas effectuer des calculs mathématiques compliqués, mais qui peut néanmoins construire une roue hydraulique pour un client sans aucune difficulté.
Les types de roue développés par le projet pour les zones côtières et montagneuses sont maintenant testés sur le terrain. Au cours des derniers mois, Hadzich et son équipe ont été contraints de résoudre des problèmes qu’ils n’avaient pas rencontrés dans le laboratoire ou prévus dans leurs calculs. Les conditions en laboratoire sont optimales, avec un débit d’eau constant et une eau propre, mais « quand vous allez sur le terrain, c’est l’inverse qui se passe », explique Hadzich avec un sourire. « Le flux d’eau arrive avec des branches, le ciel est nuageux et un imprévu se produit. » Travailler sur le terrain est une situation où vous apprenez en permanence.
Le prochain défi, laissé en dernier car « un peu plus difficile », sont les roues à installer dans la jungle, où les conditions sont totalement différentes, présentant à la fois des avantages et des inconvénients. Le débit de la rivière dans la jungle est constant, ce qui est un avantage, mais en retour il est lent. Pour produire de l’électricité dans cet environnement, des roues plus grandes devront être installées sur des radeaux flottants.
« Peu importe les conditions, et malgré tous les problèmes qui surgissent en chemin », affirme Hadzich, « l’idée est que cette roue, comme celles créées au cours des derniers milliers d’années, va durer. La technologie que nous avons maintenant devrait fonctionner sans problème. »
Regardez la vidéo avec l’interview de Miguel Hadizch – Avec l’aimable autorisation du Global Post sur lesite de GVEP International