Chine : première bénéficiaire des crédits carbone, crée la surprise dans le classement

Le marché international de projets « verts » permet aux industries des pays du Nord d' »effacer » une partie de leurs émissions de gaz à effet de serre en investissant dans des projets « propres » au Sud. « Il y a deux ans, les acteurs économiques chinois ignoraient complètement l’existence de cet outil », reconnaît Wang Xiaoli, directeur du centre d’aide au montage de projets MDP de la province du Yunnan. « Aujourd’hui, ils se demandent tous avec inquiétude quel sera son format post-Kyoto ». Car, la Chine, premier émetteur mondial de CO2, est aujourd’hui, de très loin, le premier utilisateur de ces « Mécanismes de développement propre » (MDP) : elle représente plus d’un tiers des quelque 1.900 projets enregistrés auprès de l’ONU, loin devant l’Inde et le Brésil, et fournit près de 60% de l’offre mondiale de crédits carbone.

Produire de l’électricité grâce à des éoliennes, des petits barrages ou du biogaz issu d’une décharge : dans la province du Yunnan (sud-ouest), comme dans le reste de la Chine, les crédits carbone ont contribué à l’éclosion d’une myriade de projets « verts ».

Les financements MDP ont permis l’éclosion d’une myriade de projets énergie renouvelable en Chine

Les quelque 6 millions d’habitants de Kunming, capitale de la province, génèrent chaque jour 3.500 tonnes d’ordures ménagères, réparties dans deux décharges. Sur l’une d’elle, dans l’attente de la réalisation d’une usine d’incinération, une unité de méthanisation qui permet de produire de l’électricité a vu le jour. Cette unité, dont la construction a coûté 15 millions de yuans (1,5 M EUR), doit permettre d’éviter chaque année l’émission dans l’atmosphère de 64.000 tonnes équivalent CO2. Ces réductions sont traduites en autant de crédit carbone, qu’une entreprise italienne s’est engagée à racheter. « Sans le mécanisme de développement propre, ce projet n’aurait jamais vu le jour », assure Ban Qinli, dirigeant de Kunming Huanye Project Development Co, la société privée qui a monté ce projet.

Pour la seule province du Yunnan, une vingtaine de projets, majoritairement hydrauliques, ont déjà été approuvés par l’ONU, près de 200 autres sont en attente.

L’engouement est réel, mais la Chine, dont les réserves de change dépassent 2.000 milliards de dollars, est-elle vraiment le pays qui a le plus besoin des MDP – et de la manne financière qu’ils représentent – pour assurer sa transition vers une économie moins « carbonée » ?

« Le mécanisme reste bien sûr à améliorer, mais il fonctionne : les règles du jeu sont les mêmes pour tout le monde et l’exemple chinois peut être utile à d’autres pays », estime Yan Tang, chargée de projet au sein de l’Agence française de développement (AFD), qui soutient, par des prêts, des projets MDP en Chine tels qu’une ferme éolienne à Dali, dans le Yunnan également.

L’un des objectifs des négociations climat en cours pour préparer la réunion de Copenhague est de réformer ce marché international de projets afin notamment qu’il ne soit plus réservé aux seuls grands pays émergents : moins de 2% des projets enregistrés à ce jour par l’ONU sont situés sur le continent africain.

La Chine, qui, grâce à un encadrement poussé des pouvoirs publics, a réussi, avec une redoutable efficacité à tirer profit de ce mécanisme de flexibilité, y porte une attention particulière.

La Chine se classe seconde au classement Greenpeace des 11 principaux dirigeants en matière de lutte contre le changement climatique

Le 5 novembre 2009, à moins de 40 jours de la conférence internationale de Copenhague (Danemark) qui doit aboutir à un nouveau traité post-Kyoto, l’organisation environnementale Greenpeace a publié le 5 novembre un classement des 11 principaux dirigeants* en matière de lutte contre le changement climatique.

Le président chinois Hu Jintao  »crée la surprise », selon Greenpeace et décroche la deuxième place (5,9/10) derrière le Premier ministre de Tuvalu, Apisai Ielemia (8,7/10), menacé par la montée des eaux.  »La Chine fait de gros efforts en faveur de Copenhague. Au cours des dernières années, Pékin a développé de manière spectaculaire les énergies renouvelables », fait valoir Greenpeace Il est suivi  »de peu » par le Premier ministre indien Manmohan Singh (5,3/10) et du président brésilien Lula (5/10).  »Les pays en développement font nettement plus d’efforts pour tenter de résoudre cette crise, tandis que les pays industrialisés semblent passer plus de temps à expliquer qu’on a peu de chances d’obtenir un bon accord que de travailler en ce sens  », a déclaré dans un communiqué Ailun Yang, de Greenpeace Chine.


Sources : un articles publié le 6 novembre 2009 sur le site de Romandie News, et un article de Rachida Boughriet publié le 5 novembre 2009 sur le site Actu-Environnement.

René Massé

Botswana : la BAD alloue 153 millions d’euros et la Banque mondiale 136,4 millions de dollars EU à un projet de production et de transport de l’électricité

Le conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de la Banque afri­caine de dé­ve­lop­pe­ment (BAD) a oc­troyé au Bots­wa­na, pays à re­ve­nu in­ter­mé­diaire de tranche su­pé­rieure, un prêt de 153 mil­lions d’euros des­ti­né à fi­nan­cer la cen­trale élec­trique Mo­ru­pule B et l’in­fra­struc­ture de trans­port d’élec­tri­ci­té en ap­point. Aux cotés de la BAD qui apporte 15% du financement total, les autres bailleurs sont ICBC Stan­dard Bank (59 %), le gou­ver­ne­ment du Bots­wa­na (15 %), et la Banque mon­diale (11 %).

Le pro­jet porte sur la construc­tion d’une cen­trale à char­bon de 600 MW (4 x 150MW) et des in­fra­struc­tures de trans­port d’élec­tri­ci­té y af­fé­rentes. Le site de la cen­trale Mo­ru­pule B, conti­gu à la cen­trale Mo­ru­pule A, sera connec­tée au ré­seau na­tio­nal d’éner­gie par deux nou­velles lignes de trans­port d’élec­tri­ci­té.

Le Bots­wa­na comptait prin­ci­pa­le­ment sur les im­por­ta­tions pour sa­tis­faire sa de­mande crois­sante d’élec­tri­ci­té qui a at­teint un ni­veau re­cord de 500 MW en 2008 et de­vrait être d’en­vi­ron 600 MW en 2012.

En effet, en 2008, 80% de l’élec­tri­ci­té dis­tri­buée au Bots­wa­na était im­por­tée des pays voi­sins, es­sen­tiel­le­ment de l’Afrique du Sud, les 20% res­tants « étaient pro­duits par la seule cen­trale élec­trique du pays, Mo­ru­pule A, vieille de 25 ans ». Or, en rai­son de la crise éner­gé­tique aiguë qui sévit dans la ré­gion, les pays voi­sins ré­duisent ra­pi­de­ment les ex­por­ta­tions vers le Bots­wa­na, et le pays a été contraint de re­cou­rir au dé­les­tage de­puis 2008.

At­teindre l’au­to­suf­fi­sance en ma­tière de pro­duc­tion d’éner­gie est donc le pre­mier ob­jec­tif pour­sui­vi par le pro­jet : il s’agit de « parer au ra­pide dé­clin des im­por­ta­tions et sou­te­nir la crois­sance éco­no­mique et la ré­duc­tion de la pau­vre­té ». Avec ce projet, les im­por­ta­tions vont diminuer progressivement les pro­chaines an­nées et de­vraient être com­plè­te­ment sup­pri­mées à l’ho­ri­zon 2013.

Le pro­jet ap­puie­ra également la stra­té­gie du gou­ver­ne­ment vi­sant à faire pas­ser les taux d’accès des mé­nages de 47% à 80% d’ici à 2016 et at­teindre l’ob­jec­tif na­tio­nal de “sé­cu­ri­té éner­gé­tique”.

D’un coût glo­bal de 1,4 mil­liards de dol­lars, le projet sera bé­né­fique à toute la ré­gion, car il va per­mettre au Bots­wa­na de de­ve­nir un ex­por­ta­teur net d’élec­tri­ci­té à l’ho­ri­zon 2014.

Le Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale a approuvé le 29 octobre 2009 :

- Un prêt à échéance de 30 ans, avec un différé d’amortissement de 4 ans, et
- Une Garantie partielle de crédit équivalent de 242,7 millions de dollars EU, à échéance de 20 ans, avec un différé d’amortissement de 15 ans.

Pour plus d’information sur le projet :

Contacter François Gouahinga

Tel : +1 202 473-0696

Courriel : fgouahinga@worldbank.org

Ou visiter cette page de présentation (en anglais) de ce projet sur le site de la Banque mondiale.


Sources : l’article publié le 29 octobre 2009 sur cette page du site de la Banque mondiale et un article publié le 31 octobre 2009 sur le site Afrique Avenir.

René Massé

Maroc : Le Fonds pour les Technologies Propres finance le plan pour le développement des projets à faible teneur en carbone

Le Comité exécutif du Fonds pour les Technologies Propres (FTP) a adopté, mardi 27 octobre 2009 au siège de la Banque Mondiale à Washington, le Plan d’investissement présenté par le Maroc pour le développement à grande échelle des projets à faible teneur en carbone.
L’enveloppe accordée au Maroc s’élève à 150 millions de dollars.

Accordé à des conditions concessionnelles, cette enveloppe vise à soutenir le Fonds de Développement de l’Energie (FDE) mis en place par le gouvernement marocain pour développer plus particulièrement les énergies renouvelables et les programmes d’efficacité énergétique.

Ce nouveau Fonds pour les technologies propres (encore dénommé Fonds d’investissements climatiques) de 5,2 milliards de dollars, est géré par la Banque mondiale et administré par le biais du Groupe de la Banque mondiale et par d’autres banques multilatérales de développement. Les gouvernements d’Australie, de France, d’Allemagne, du Japon, d’Espagne, de Suède, du Royaume-Uni et des États-Unis ont pris des engagements en faveur de ce fonds ou y ont contribué.

Ce fonds constitue une mesure provisoire visant à fournir des financements concessionnels (à faible taux d’intérêt) pour accélérer les négociations en cours sur les technologies à faibles émissions de carbone dans le cadre d’un nouvel accord mondial sur le changement climatique.

A travers ce Fonds, le FTP apportera un appui financier, particulièrement pour la production de l’électricité, le transport de phosphate par pipeline et le transport urbain à Casablanca.

Ce programme s’inscrit dans le cadre de la politique du gouvernement visant à assurer la préservation et la protection de l’environnement. Dans ce cadre et en application des Directives Royales, une charte nationale de l’environnement et de développement durable, permettant la sauvegarde des espaces, des réserves et des ressources naturelles dans le cadre du processus de développement durable, est en cours de préparation par le gouvernement, précise le ministère.


Source : un article de Thoma le Mer publié le 28 octobre 2009 sur le site Biladi.

René Massé