Tunisie : règles pour la nouvelle ligne de crédit destinée aux projets énergétiques

Les règles d’application de la ligne de crédit de 40 millions d’euros, accordée par l’AFD et l’Union européenne, ont été précisées en mars.

Le lancement d’une nouvelle ligne de crédit pour le financement des projets relevant du secteur énergétique a fait objet d’une rencontre d’information et de sensibilisation, organisée, le 12 mars 2009, à Tunis.

Baptisée « Programme d’appui à la ligne de maîtrise de l’énergie » (ALME), cette nouvelle ligne, que l’Agence française de développement a accordé à la Tunisie et que l’Union européenne a bonifiée par un don, représente une enveloppe globale de l’ordre de 40 millions d’euros.

Ouvert auprès de trois banques (BIAT, BT et UBCI), ledit programme, destiné au financement des projets de dépollution et de maîtrise de l’énergie, est accompagné d’une subvention octroyée aux deux agences techniques concernées, à savoir l’ANME (Agence nationale de maîtrise de l’énergie) pour le volet maîtrise de l’énergie.

A cette occasion, M. Imed Thabet, chef du projet « ALME » au sein de l’ANME, a indiqué qu’aux termes de cette ligne, toute entreprise désirant adhérer au processus de maîtrise de l’énergie, à travers la mise en place d’un projet d’efficacité énergétique (contrat-programme, cogénération…) ou encore d’un projet d’énergie renouvelable (installations de solaires photovoltaïques ou collectives, valorisation des déchets…) peut bénéficier d’un prêt, dont le montant ne peut pas dépasser les 5 millions d’euros, soit environ 9 millions de dinars. Ce prêt, dont la durée de remboursement varie entre 5 et 12 ans avec une durée de grâce allant jusqu’à 3 ans, est appuyé par un taux d’intérêt bonifié qui ne dépasse pas les 5%. A noter que le bénéficiaire est appelé à contribuer à cet investissement avec un autofinancement d’un minimum de 15% du coût du projet.


Source : Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Énergie de Tunisie.

Xavier Dufail

Égypte : du biogaz à partir de déchets pour les quartiers pauvres

En Égypte, quelques habitants des quartiers pauvres de la capitale ont adopté un système qui permet de produire du gaz de cuisine à partir d’ordures ménagères, et donc de faire des économies tout en préservant l’environnement.

2 kilos de déchets = 2 deux heures de gaz par jour

« Vous prenez du thé ? » Depuis deux semaines, Hanna et sa femme Sabakh, qui habitent Manshiet Nasser, un quartier de chiffonniers au Caire, servent un thé préparé avec du gaz « maison » à leurs invités. Le mince tuyau en plastique qui alimente la cuisinière court de leur appartement jusqu’au toit de l’immeuble, où il vient se ficher dans un cylindre noir haut de deux mètres. « Là je mets les ordures organiques de la maison », explique Hanna en désignant un large tube qui entre dans la machine. « Et par cet autre tube, on évacue une partie des déchets, qui servent d’engrais », dit-il en faisant admirer ses plantes grasses. Le système produit un gaz totalement naturel et gratuit, sans ajouter de CO2 à l’air du Caire, la ville la plus polluée d’Afrique, d’après les rapports des Nations Unies.

C’est un ingénieur américain, Thomas Henry Culhane, diplômé d’Harvard en anthropologie biologique, qui a eu l’idée d’introduire cette invention indienne en Egypte. A la tête de l’association Solar Cities, il a d’abord installé une trentaine de panneaux solaires sur les toits du Caire pour chauffer l’eau. Puis ce « chercheur » de l’écologie, qui a vécu cinq ans dans la capitale égyptienne, a découvert un système individuel de production de biogaz sur YouTube.

2 kilos de déchets = 2 deux heures de gaz par jour

« Je suis parti en Inde pour rencontrer le concepteur, le Dr. Anand Karve. Il m’a dit : « il faut penser comme le ventre d’une vache » ! », raconte-t-il. Le système est en effet calqué sur l’appareil digestif d’un ruminant : nourries par les déchets organiques, les bactéries se développent et produisent du méthane (70%) et du CO2 (30%). « Le méthane est un gaz vingt fois plus polluant que le CO2 pour l’atmosphère. Mais quand on le brûle, comme ici pour faire la cuisine, il n’y a plus de pollution », précise Omar Nagi, un jeune ingénieur égyptien qui participe au projet.

Dans un premier temps, on remplit le réservoir de fumier. « Après deux à quatre semaines, selon la température extérieure, une colonie de bactéries apparaît et l’on a plus qu’à ajouter chaque jour des ordures organiques », explique Thomas Culhane. Pour deux kilos de déchets, le foyer dispose de deux heures de gaz par jour. Pour l’instant, cinq familles ont accepté de tenter l’expérience au Caire, et l’objectif est d’étendre le système à une centaine de foyers avant de lancer le projet à la campagne. « Plusieurs milliers de familles rurales, qui n’ont pas accès à d’autres sources d’énergie, ont adopté le système en Inde », rappelle Omar Nagi.

« Avec le biogaz, on achète deux fois moins d’emboubas »

Au Caire, le système vient remplacer les « emboubas », c’est-à-dire les bouteilles de gaz que les Égyptiens achètent à des vendeurs ambulants à vélo et en charrette. Une petite bouteille de gaz dure environ trois semaines et coûte 8 livres (1,40 euro), grâce aux subventions massives du gouvernement. Pays producteur de gaz, l’Egypte n’a aucun problème d’approvisionnement, ce qui rend la concurrence difficile pour tout système alternatif.

« Avec le biogaz, on achète deux fois moins d’emboubas », se réjouit néanmoins Hussein Souleiman, un retraité, père de quatre enfants, qui expérimente le système dans le quartier historique de Darb Al Ahmar. Il rappelle aussi que l’utilisation des bonbonnes n’est pas sans danger. « Il y a un mois, l’immeuble d’en face a brûlé pendant 24 heures après l’explosion d’une bouteille de gaz », raconte-t-il en montrant les charpentes carbonisées du vieux bâtiment.

« Nous pouvons construire le système nous-mêmes »

Malgré ces risques, les voisins d’Hussein ne sont pas encore convaincus par le nouveau système. Premier problème, tous ne disposent pas d’un toit pour entreposer la machine. « Certains pensent aussi que c’est sale de garder les ordures comme cela. Moi je leur dis que ce système peut nous aider à rendre le quartier plus propre, alors que nos poubelles attirent les chats et les rats », plaide Hussein. Mais leur réticence est surtout financière.

L’appareil coûte plus de 1000 livres (177 euros), ce qui représente environ trois fois le revenu mensuel des habitants du quartier. Les premières familles équipées n’ont presque rien payé, leur utilisation du biogaz ayant une valeur expérimentale. Mais les suivants devront mettre la main à la poche. « Nous recherchons des subventions et nous réfléchissons à un système de prêts », rassure Omar Nagi. Même si les futurs propriétaires ne paient qu’un tiers du prix total, soit 300 livres (53 euros), le biogaz ne deviendra moins cher que les bonbonnes qu’au bout de deux ans et demi. « Nous pouvons construire le système nous-mêmes », assure de son côté Hussein, qui bricole déjà des panneaux solaires pour ses amis.


Source : Un article de Nina Hubinet sur RFI.fr.

Xavier Dufail

Geeref : Global Energy Efficiency and Renewable Energy Fund

Créé en mars 2008 par l’Union européenne, le Geeref (Global Energy Efficiency and Renewable Energy Fund) est le premier fonds mondial pour la promotion de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

Alors que les pays en développement souffrent d’un manque de capital-risque – garantie importante pour les prêteurs –, il offre des possibilités de partage des risques et de cofinanement sur des projets inférieurs à 10 millions d’euros, souvent ignorés par les investisseurs commerciaux et les institutions financières internationales.

Un Fonds de Fonds

Ce « fond de fonds » vise un partenariat public-privé. Il stimule la création de sous-fonds régionaux adaptés aux conditions et aux besoins de chaque zone.

Le Geeref investit donc indirectement, à travers ces fonds régionaux ou en coopération avec des fonds préexistants. Sa participation varie de 25 à 50 % pour des projets à risque moyen et jusqu’à 15 % pour des projets à faible risque.

Première phase d’investissement

Fin 2008, le fonds mondial a entamé sa première phase d’investissements : 22 millions d’euros injectés dans des petites entreprises d’Asie et d’Afrique subsaharienne qui présentent des projets d’énergie renouvelable, comme l’éolien, le petit hydroélectrique, la biomasse ou la récupération du méthane.

110 millions d’Euros à investir sur cinq ans

Sur cinq ans, 110 millions d’euros seront investis et de nouvelles régions visées telles que le Pacifique, l’Amérique latine, l’Afrique du Nord ou encore l’Europe de l’Est. Parmi les pays européens engagés dans le Geeref, l’Allemagne, leader en matière d’énergies alternatives, et la Norvège font figure de modèle. « Les problèmes d’accès à l’énergie sont un obstacle majeur dans les régions qui ont déjà du mal à attirer les capitaux. Ce fonds permettra de mobiliser les investissements privés et deviendra une véritable source de développement », avait expliqué le commissaire européen chargé de l’Environnement, Louis Michel, lors de l’inauguration du Geeref à Bruxelles.

Le développement de ce type d’initiatives permettra non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, mais garantira par ailleurs un approvisionnement aux populations qui n’ont pas accès à des sources d’énergies fiables.


Source : un article de Manuelle Tilly publié le 4 juin 2009 sur le site Commerce International.

René Massé

République démocratique du Congo et Congo : mieux gérer la ressource bois-énergie face à une urbanisation galopante

Le projet Makala, qui vient de débuter en RDC sera coordonné par le Cirad. Destiné à mieux gérer le bois-énergie face à une urbanisation croissante, il interviendra suivant deux axes principaux : replanter en savane et redonner une valeur écologique et économique aux forêts dégradées.

Le projet, financé à hauteur de 3 millions d’euros, sera mis en œuvre sur une durée de quatre années. Il regroupe quatre acteurs européens et six acteurs nationaux ou régionaux.

La forêt tropicale ne suit plus la vitesse des prélèvements

L’Afrique tropicale luxuriante où les ressources ligneuses se régénèrent à vitesse grand V : l’image est aujourd’hui dépassée tant ces ressources sont exploitées. En Afrique centrale, le bois énergie représente 80 % de l’ensemble des prélèvements de bois des écosystèmes forestiers et assure l’essentiel des besoins en énergie domestique. Ces prélèvements constituent aujourd’hui une cause majeure de la dégradation des forêts, en particulier dans les zones périurbaines. Pour Jean-Noël Marien, chercheur au Cirad, « avec l’urbanisation croissante, on a dépassé un seuil de dégradation notamment en zones périurbaines où la principale source d’énergie est le bois ». A Kinshasa, notamment, la population a doublé en l’espace d’une génération pour atteindre aujourd’hui huit millions d’habitants. C’est autant de personnes qui utilisent le bois extrait des forêts.

« Il est nécessaire de pouvoir continuer à approvisionner les villes en bois-énergie »

Comment approvisionner les populations tout en limitant l’impact environnemental sur les forêts ? C’est la question à laquelle devra répondre le projet européen Makala, qui vient de débuter. Makala signifie « braise » en langue lingala. Le projet sera mené en République démocratique du Congo et en République du Congo. Le bois y représente 85 % de la ressource en énergie domestique. L’objectif est de contribuer à mieux gérer la ressource. « Il est nécessaire de pouvoir continuer à approvisionner les villes en bois-énergie car, dans la plupart des villes, c’est le seul mode de cuisson utilisé, précise Jean-Noël Marien. Mais il est aussi possible de diminuer les impacts négatifs sur l’environnement tels que la déforestation ou la dégradation des écosystèmes. »

Les chercheurs commenceront par analyser les flux de bois énergie (charbon, bois de feu) transportées afin de savoir d’où vient le bois et en quelles quantités. A Kinshasa, par exemple, le charbon de bois peut être extrait à 300 ou 400 km de distance de la ville. Comment est-il transporté ? Quelle quantité en consomment les ménages ? Quel est l’impact de ce transport sur l’environnement ?

A la suite de cet état des lieux, les chercheurs prévoient d’agir dans deux directions. Dans les zones de savane, il s’agira de replanter, notamment des acacias. « L’acacia est une essence plébiscitée et déjà utilisée par les populations car il s’agit d’un bois de feux efficace et qui croît rapidement », explique Jean-Noël Marien. Pour ce qui est des espaces de forêts très dégradées, l’idée est de leur redonner une valeur écologique et économique. Ceci se fera en réinstallant les espèces forestières traditionnelles locales particulièrement bien appréciées pour le bois énergie. Quelques fruitiers seront également réintroduits afin d’offrir une possibilité de diversifier les revenus.

La sécurisation du foncier : un problème fondamental

Toutes les activités de terrain se feront au travers des associations locales, ce qui devrait permettre de travailler sur la sécurisation du foncier. « C’est un problème fondamental qui bloque les initiatives de développement rural, observe Jean-Noël Marien. Il y a conflit entre le pouvoir traditionnel au sein des villages ou des clans, dépositaires traditionnels du foncier, et l’Etat, propriétaire officiel et qui fonctionne par titres de propriétés. » Une meilleure sécurisation du foncier permettra de garantir aux producteurs leur investissement à long terme. Cela passera par un travail de mise en relation entre les autorités coutumières et les représentants de l’Etat. Les chercheurs espèrent que des règles assez simples pourront en émerger.

Enfin, il s’agira d’améliorer la transformation du bois en charbon et d’augmenter le rendement énergétique. Cette approche technologique n’ira pas sans intégrer une dimension d’appropriation culturelle et sociale des populations.

Contact :

Jean-Noël Marien, Courriel : jean-noel.marien@cirad.fr

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Source : un article publié le jeudi 04 juin 2009 sur le site de l’unité de recherche Ressources forestières et politiques publiques du CIRAD.

René Massé

France : 60% du budget d’aide au développement sera attribué à l’Afrique subsaharienne

Le gouvernement français prévoit d’affecter 0,44% du PIB à l’aide au développement en 2009, une enveloppe qui représentait 7,6 milliards d’euros en 2008 (0,39% du PIB). 60% sera destiné à l’Afrique subsaharienne et il réfléchit à des sources alternatives de financement, comme les revenus de la mise aux enchères des quotas de C02 après 2012.

Le Premier ministre, François Fillon, a présidé vendredi un comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid) qui visait notamment à arrêter les modalités d’une aide « plus efficace ». « La solidarité vis-à-vis de l’Afrique reste au cœur des priorités françaises », précise un communiqué de Matignon.

La Cicid a établi une liste de 14 pays prioritaires qui recevront 50% de l’aide. Parmi eux le Bénin, le Niger, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Sénégal, le Tchad.

L’aide française sera désormais axée sur cinq domaines prioritaires : santé, éducation, développement durable et climat, agriculture, soutien à la croissance. L’énergie trouvera sa place dans le volet « développement durable et climat ».

« La France continuera d’intervenir dans d’autres pays avec qui elle entretient des relations privilégiées ou traversant des crises sous des formes différenciées : dons, prêts bonifiés ou faiblement bonifiés, garanties », précisent les services du Premier ministre.

Pour « clarifier » l’aide sera créé samedi 6 juin 2009 par décret un Conseil d’orientation stratégique (COS), présidé par le secrétaire d’Etat à la Coopération, qui sera chargé de veiller à la politique de financement de l’Agence française de développement (AFD).

François Fillon a annoncé au cours de la réunion que la France affecterait après 2012, comme l’y autorise le paquet énergie-climat européen, une partie du revenu de la mise aux enchères des quotas de CO2 à des actions pour le climat dans les pays les plus pauvres.


Source : un article de Sophie Louet, édité par Yves Clarisse le 5 juin 2009 sur le site de Reuters.

René Massé